Reportage
Les pensions pour chiens croulent sous les demandes

Voyages de dernière minute ou grandes vacances: suivant la destination, les propriétaires doivent trouver une solution de garde pour leur canidé l'été. Afin de ne pas galérer, anticiper s’avère indispensable.

Les pensions pour chiens croulent sous les demandes

Destination lointaine, hôtel qui n’accepte pas les animaux ou séjour estival à la mer: parfois, il n’existe pas d’autre alternative que la pension, afin que chien et propriétaire passent des vacances sereines. Pourtant, tous ne trouveront pas une solution. «Quotidiennement, des gens désespérés m’appellent, déplore Nicole Amadori, de Dog Lodge, à Mossel (FR). Et je dois refuser.» En été, les diverses structures étant prises d’assaut, trouver une place en dernière minute est en effet quasiment mission impossible. Du côté d’Animaland, à Ménières (FR), la période de fin juillet à mi-août affiche déjà complet depuis le mois de mars. «L’été, il faudrait probablement une capacité d’accueil globale sur la Romandie trois fois plus élevée, observe Patricia Bonvin, la directrice. Mais pour le reste de l’année, les places disponibles me semblent suffisantes.»

Ce phénomène s’est encore renforcé ces dernières années, avec l’augmentation du nombre de chiens. «Pour notre part, nous avons 20% de pensionnaires en plus à l’année», ajoute Patricia Bonvin. À Palézieux (VD), le constat est similaire. «S’y prendre deux mois à l’avance était suffisant auparavant, désormais il faut prévoir au minimum trois à quatre mois», note Bastien Etter, de la Pension du Renfort. Les nouvelles habitudes, avec l’augmentation des voyages de dernière minute, ne facilitent pas la situation. «Nous avons davantage de courts séjours que par le passé, note Gilles Zeller, du Chenil de la Lorelei, à Bussigny (VD), qui existe depuis près de quarante ans. Les gens partent plus fréquemment, mais moins longtemps, sans planifier.»

Pas si simple de vivre en groupe
D’autres difficultés peuvent survenir, selon le sexe ou la race de son canidé. Mâle non castré, femelle en chaleur ou molosse: certaines pensions n’acceptent pas forcément tous les sujets. L’une d’elle a même fait une croix sur les shar-peï, dont la physionomie est souvent source de conflits avec les autres chiens qui n’arrivent pas à le comprendre.

De la pension familiale «comme à la maison» au chenil plus conséquent avec une soixantaine d’individus, le panel d’offres est large. À chacun de choisir en fonction de ses attentes, de son budget et du tempérament de son animal. Les prix étant libres, il existe de grandes différences d’un endroit à l’autre, selon la région et la structure proposée. Il faut compter en moyenne 30 à 60 francs par jour. «Chez nous, les chiens vivent en famille, sans box, indique Nicole Amadori. Pour que le séjour soit harmonieux, chaque nouveau pensionnaire vient obligatoirement à l’essai.»

Beaucoup de gérants constatent une évolution du comportement des canidés. «Dans 98% des cas, ils sont heureux de venir en pension et d’avoir des interactions avec les autres», se réjouit Patricia Bonvin. En revanche, aujourd’hui, davantage d’individus ne sont plus capables de vivre en groupe. Parce qu’ils sont trop âgés ou en raison de problèmes comportementaux. Certains chiens, qui ont vécu 24h/24 avec leur maître pendant la période du télétravail, ont de la peine à s’adapter et ont parfois développé une angoisse liée à la séparation.

Service personnalisé
Malgré leur succès, les pensions essaient de se démarquer, notamment pour combler les mois hors vacances scolaires. «Nous avons récemment investi dans des couvertures et des dodos particulièrement douillets, explique Bastien Etter. Et nous passons beaucoup de temps l’après-midi pour jouer avec nos pensionnaires. Notre offre de balades en forêt est également très demandée.» La clientèle, qui recherche de plus en plus des pensions familiales, demande en effet un service davantage personnalisé. Pouvoir garder un régime alimentaire identique à celui pratiqué à la maison est souvent souhaité. Le chien peut aussi parfois profiter du séjour pour suivre un cours d’éducation, se refaire une beauté lors d’un toilettage ou même effectuer une remise en forme sportive. Ces services ont un surcoût, que nombre de propriétaires sont prêts à prendre en charge. «Les films, notamment lors de séquences de jeux, que je leur envoie sont aussi très appréciés», se réjouit Nicole Amadori.

Quant à l’animal, après s’être bien amusé avec ses nouveaux copains, il retrouvera certainement avec plaisir son maître. «Comme en colonie de vacances, les chiens sont soumis à de nombreux stimulis olfactifs et visuels, note Gilles Zeller. De retour à la maison, ils sont souvent un peu fatigués.»

Texte(s): Véronique Curchod
Photo(s): Mathieu Rod

Montrer patte blanche

N’ouvre pas une pension pour chiens qui veut. Une formation est obligatoire pour détenir des canidés à titre professionnel, dès cinq places. Une autorisation doit en outre être demandée au service vétérinaire cantonal. Jusqu’à 19 animaux, seul le cursus FSIP (formation spécifique indépendante d’une profession) est exigé: il comprend 40 heures de théorie et trois mois de stage pratique. Dès 20 individus, il est obligatoire d’avoir un CFC de gardien d’animaux. L’enseignement se déroule à Lausanne, à l’EPSIC. Environ 25 apprentis débutent chaque année, mais l’intérêt pour ce cursus est plus grand que les places disponibles. À noter que les pensions sont soumises à des contrôles réguliers du service vétérinaire cantonal.

Questions à...

Vannozza Gauthier, du Centre vétérinaire du Château, Échallens (VD)

Comment choisir une pension?
Les attentes variant selon les propriétaires, il est parfois difficile de conseiller un endroit plutôt qu’un autre. Je recommande donc de se rendre sur place et de demander à visiter les lieux. L’affinité et la confiance en la personne responsable sont un point primordial.

Préconisez-vous d’effectuer un test?
Oui, faire un essai durant 24 h permet de voir que tout se passe bien et d’habituer progressivement son animal. Il est d’ailleurs préférable d’accoutumer son chien dès le plus jeune âge.

Est-ce qu’un tel séjour comporte des risques pour le canidé?
La proximité entre des sujets venant de différents endroits favorise la transmission de maladies infectieuses, comme en garderie. Afin de protéger son animal – et les autres pensionnaires –, il est vivement conseillé d’effectuer le vaccin annuel classique, ainsi que celui contre la toux du chenil. Toute pension sérieuse l’exige d’ailleurs. Il est également recommandé de vermifuger son chien à son retour à la maison.