Il n’est désormais plus forcément nécessaire de se déplacer pour se rendre chez le toiletteur ou le vétérinaire. Des professionnels proposent ce service à domicile. Zoom sur une tendance en pleine croissance.
Devant le Grand Chalet, à Rossinière (VD), un camping-car est parqué. Mais pas de vacances à l’horizon pour les propriétaires de cette célèbre propriété: le véhicule a été entièrement transformé en salon de toilettage itinérant par Katharina Burnand. Cette dernière sillonne ainsi, depuis deux ans, la région à la demande, pour refaire une beauté aux chats et aux chiens qui ont besoin d’une tonte ou d’une coupe. Aujourd’hui, le caniche Barbidule a droit à un démêlage de son pelage. «Comme je suis très occupée, ce service me permet de gagner du temps», s’enthousiasme sa propriétaire, Harumi Klossowska. Personnes à mobilité réduite, clientèle chic de Gstaad (BE) ou hommes d’affaires en manque de disponibilités: les personnes qui font appel au Salon Cabotine sont pour le moins variées.
Visite vétérinaire à la maison
«Dans les régions périphériques comme le Pays-d’Enhaut, il est contraignant de devoir faire de longs trajets jusqu’en plaine pour toiletter son animal, puis d’attendre pendant la durée du soin, fait remarquer la toiletteuse. Les demandes ont explosé ces derniers temps, sans que je sache si elles sont liées à la pandémie ou simplement à l’ouverture récente de mon salon.» Si Katharina Burnand se déplace à domicile – pour autant qu’une place de parc permette d’accueillir son véhicule –, elle propose aussi des points fixes de rendez-vous une fois par semaine dans divers villages.
Une séance d’acupuncture, un massage par un physiothérapeute ou le rappel annuel des vaccinations: les soins à domicile ne s’arrêtent pas au toilettage. De plus en plus de vétérinaires proposent également leurs services, que cela soit en médecine allopathique ou complémentaire. «Ces dernières années, nous avons constaté une augmentation constante du nombre de praticiens itinérants, signale Giovanni Peduto, vétérinaire cantonal vaudois. Ceux-ci ont plus que doublé en moins de dix ans.» L’explication de ce phénomène est notamment à rechercher dans l’évolution de la société, ainsi que de la profession. D’une part, le service à domicile répond à une demande du détenteur qui ne veut ou ne peut pas déplacer son animal au cabinet, d’autre part, il coïncide également avec le développement des médecines alternatives. En parallèle des vétérinaires qui se consacrent uniquement aux visites à domicile, des cabinets commencent également à proposer davantage ce service complémentaire. «Cela nous permet, entre autres, de continuer à suivre nos patients, même lorsque leurs maîtres deviennent moins mobiles pour raison d’âge ou de maladie», explique Valérie Grin, du centre vétérinaire Animed, à Lausanne. L’euthanasie est notamment un des actes que nombre de propriétaires souhaitent réaliser à la maison.
S’assurer des compétences
Les offres de garde à domicile se sont aussi développées ces dernières années, avec une professionnalisation de ce service. La société Pattes de velours est active dans ce domaine depuis dix-sept ans. Sa créatrice, Nelly Lorenzo, constate une évolution du métier: «Désormais, faire appel à un professionnel pour nourrir ses chats ou effectuer une promenade avec son chien est rentré dans les mœurs. De plus en plus de maîtres préfèrent me contacter pour que je m’occupe de leur compagnon pendant les vacances plutôt que de le confier à un voisin ou à un étudiant. Ils ont parfois fait de mauvaises expériences et désirent s’assurer des compétences de la personne qui prendra soin de leur animal.» Les demandes spécifiques, notamment le suivi médical de chats qui nécessitent un traitement journalier, sont également en forte hausse. «J’observe néanmoins que beaucoup de propriétaires ont été touchés financièrement par la pandémie et ne peuvent plus se permettre un tel service, au tarif pourtant raisonnable», regrette Nelly Lorenzo.
Questions à...
Catherine Tschanen, vétérinaire de Mobivet
Qu’offre en plus un service vétérinaire à domicile ?
Dans la majorité des cas, connaître l’environnement où vit l’animal permet de poser un diagnostic plus précis qui prend en compte ce paramètre-là. Cela aide également à adapter le traitement en fonction du contexte et des capacités des gens. L’aspect relationnel est aussi important: je peux prendre plus de temps avec chaque patient qu’en cabinet.
Quelles prestations peuvent-elles être assurées?
Je propose la majorité de celles offertes en cabinet, du détartrage à la castration en passant par les vaccins et le traitement de troubles gastro-intestinaux, pour ne citer que ces exemples. Seules les chirurgies complexes et les examens complémentaires, qui nécessitent un équipement tel un appareil de radiographie, ne peuvent pas être effectués à domicile.
Qui fait appel à vos services ?
La clientèle est très variée et compte majoritairement des personnes qui n’ont pas le temps de se déplacer en raison de leur travail. Les éleveurs apprécient également de ne pas devoir amener toute une portée à un cabinet. Du côté des patients, l’immense majorité est composée de chats, pour qui le transfert en voiture représente un stress important. Les chiens de grande taille, difficiles à transporter, représentent l’autre part de ma patientèle.
Pour quel coût?
En médecine vétérinaire, les prix ne sont pas régulés, afin de répondre aux exigences de la Commission de la concurrence. Il en va de même pour les autres services, comme le toilettage ou le gardiennage d’animaux à domicile. Il est donc important de se renseigner au préalable sur les conditions qui sont proposées. Certains professionnels fixent un défraiement pour le déplacement, complété par un forfait au kilomètre. D’autres déterminent un prix identique dans un rayon donné. Il faut compter en général un peu moins de 100 francs de surtaxe pour une visite à domicile effectuée par un vétérinaire; le coût est moins important pour les toiletteurs et les gardiens.