Décryptage
L’empreinte carbone des animaux est loin d’être négligeable

Chiens, chats et chevaux consomment des ressources naturelles qui ont un effet négatif sur le climat et la biodiversité. Des pistes existent cependant pour alléger leur impact environnemental.

L’empreinte carbone des animaux est loin d’être négligeable

Renoncer aux voyages en avion, abandonner son véhicule ou réduire sa consommation de viande: de plus en plus de personnes optent pour un mode de vie qui permette de diminuer leur empreinte écologique. Mais, du point de vue environnemental, la question des animaux de compagnie mérite également réflexion. «Si l’on considère l’objectif d’émission de 1 tonne de CO2 par habitant et par an d’ici à 2050, leur détention est difficilement justifiable, relève Niels Jungbluth, directeur de la société schaffhousoise ESU-services. Toutefois, cette constatation est valable pour de nombreux loisirs.» Cet expert en écobilan a réalisé une étude qui démontre que les animaux participent de manière significative à l’impact de leur propriétaire sur l’environnement. «Nous avons calculé que les émissions de CO2 émises annuellement par un chien sont équivalentes à un vol de 3291 km, soit un aller-retour Genève-Séville. Celles d’un chat atteignent 1311 km, et celles d’un cheval 8229 km, ce qui correspond aux émissions moyennes d’une voiture en Suisse.» Bien qu’un seul chat ait un impact moindre sur le climat, les 1,6 million d’individus que compte notre pays ont une influence non négligeable. D’autant plus que le nombre d’animaux de compagnie a plutôt tendance à augmenter, notamment en ce qui concerne les chiens, dont les nouvelles acquisitions ont doublé en une année.

Une alimentation raisonnée
Alimentation, logement, déplacements en voiture, sans oublier l’énergie grise nécessaire à la fabrication, au transport et au recyclage d’accessoires de type jouets ou paniers, tout comme la consommation de services tel un toilettage: de nombreux secteurs consomment des ressources. Si renoncer tout simplement à détenir un animal de compagnie est la solution la plus extrême, d’autres pistes existent néanmoins pour réduire son empreinte carbone. «Actuellement, il est important de prendre conscience de cet impact et d’agir en conséquence dans la mesure de ses possibilités, avertit le Schaffhousois, spécialisé dans les analyses de cycles de vie. Il faudrait par exemple renoncer à posséder plusieurs animaux et privilégier un animal de petite taille.»

L’alimentation des carnivores domestiques est certainement le point qui peut le plus facilement être amélioré. Leur donner des sous-produits alimentaires qui ne peuvent être valorisés serait ainsi préférable, car choisir les meilleurs morceaux pour son animal n’est pas forcément le mieux pour la planète. «En les alimentant selon la méthode du BARF, qui privilégie les produits carnés frais, la charge environnementale d’un chien triple», indique Niels Jungbluth. Attention cependant, car une croquette produite industriellement, même si elle utilise des abats, contient beaucoup d’énergie grise.

Dépenses énergétiques à réduire
Le style de vie global a également une influence importante. Est-ce qu’on promène son chien en privilégiant la marche? Ou prend-on plusieurs fois par jour sa voiture pour se rendre dans un coin de forêt? Est-ce qu’on renonce aux voyages lointains pour privilégier des balades à la montagne? Ou, au contraire, achète-t-on un véhicule plus grand pour le transporter? «Il faudrait s’abstenir d’effectuer des trajets en voiture à cause de son animal», souligne l’expert. On peut aussi choisir d’acheter d’occasion certains accessoires. Du côté des chats, la litière, et notamment son élimination, représente une part importante de l’empreinte écologique. Pourtant, si les impacts négatifs sur l’environnement sont assez facilement mesurables, les bénéfices sociaux et psychiques des animaux de compagnie sont, quant à eux, difficiles à quantifier même s’ils sont bien réels.

Texte(s): Véronique Curchod
Photo(s): DR

Un poids certain

  • Les animaux domestiques représentent environ 1,2% de la pollution totale de l’environnement causée par la consommation suisse.
  • L’empreinte carbone d’un cheval représente 40% de la consommation moyenne d’une personne vivant en Suisse, 6% pour un chien, 3% pour un chat.
  • 68% de la charge environnementale d’un chien sont liés à la nourriture, 13% aux trajets en voiture.
  • 55% de la charge environnementale d’un chat est liée à la nourriture, 11% à la litière, 7% à la perte d’énergie due à une chatière.

Questions à...

Chantal Brunner, vétérinaire spécialisée en nutrition à Rennaz (VD)

L’alimentation représentant la part la plus élevée de l’empreinte carbone, pourrait-on réduire celle-ci en ne donnant que des abats?
On peut difficilement nourrir chiens et chats uniquement avec des abats. À l’exception du cœur, qui est comparable à du muscle, ceux-ci contiennent en effet beaucoup de tissus conjonctifs, dont les protéines sont moins digestes. S’ils sont présents en trop grande quantité dans la ration, on sera confronté à des problèmes de digestibilité, avec des flatulences, voire de la diarrhée, ainsi que des carences en certains acides aminés. À l’époque, les chats nourris avec du foie développaient une hypervitaminose A, qui provoquait des néoformations osseuses.

Diminuer tout simplement la proportion de viande dans la ration serait-il une option?
On pourrait l’imaginer surtout pour le chien, mais la tendance actuelle est à l’opposé: les nourritures hyperprotéinées, qui reproduisent l’alimentation du loup, sont en vogue, bien qu’il s’agisse plutôt d’un argument marketing que d’une nécessité pour la santé du chien. Pour le chat, qui est un carnivore strict, il faudrait alors supplémenter en fer, taurine et vitamine D.

Jusqu’à il y a peu, les chats et chiens étaient nourris avec les restes de maison et les souris qu’ils chassaient. N’est-ce pas suffisant?
Une alimentation industrielle plus équilibrée a eu clairement un impact positif sur la santé des animaux, qui ont vu leur espérance de vie augmenter. Quant à se nourrir uniquement de souris, le chat doit être particulièrement habile: 10 à 15 rongeurs par jour sont nécessaires pour couvrir ses besoins.