jura, Franches-montagnes

Balade vivifiante entre les sapins

Sur les hauteurs jurassiennes, la neige donne un aspect féerique aux forêts de conifères. Un cadre idéal pour qui cherche un peu de calme avant la ruée vers les pistes de ski.

La forêt nous attend aux portes du village de Lajoux. On quitte ce dernier en suivant le sentier pédestre qui passe devant l’église et le terrain de football (deux religions locales) avant de bifurquer vers le nord. On chemine ensuite à travers champs sur une bonne couche de neige légère. La nature est bien silencieuse, mais quelques rares oiseaux se trahissent en faisant tomber la neige des rameaux surchargés. Les arbres se font de moins en moins clairsemés, et après un petit étang, on entre pour de bon dans la forêt. À environ 900 mètres d’altitude, les conditions sont idéales pour les sapins, pins et épicéas qui tapissent une bonne partie des Franches-Montagnes. Point de mélèzes dans la région. Tous ces conifères ont donc gardé leurs aiguilles bien en place pour la saison d’hiver. Ce vert sombre amène un peu de couleurs dans un paysage qui serait autrement monochrome, mais le soleil poussif du mois de décembre peine à traverser les épaisses frondaisons. On se demande s’il va falloir sortir la lampe frontale (à 14 h) quand on retrouve la clairière. Le sentier rejoint alors une route secondaire qui mène au village de Saulcy. On en ressort aussitôt par un chemin de campagne qui descend en pente douce vers le Nivreux.
Ce lieu-dit a son roi; un grand sapin blanc de 40 mètres de haut, dont une branche massive s’est redressée pour le coiffer d’une seconde couronne. Tel un vieux sage, il règne sur la petite vallée, tranquillement installé à l’ombre. Ses branches tordues et son tronc craquelé trahissent un âge avancé. Il n’est pas impossible que le vieux roi laisse bientôt la place à un des épicéas qui l’entourent.

Le pin sylvestre est tenace
On laisse là ces intrigues pour descendre vers l’étang de Bollement. On doit cette petite étendue d’eau à une ancienne retenue sur le Tabeillon, le cours d’eau qui file dans la combe. Un moulin y a tourné jusque dans les années 1950. La nature a ensuite profité de ce milieu humide pour se développer et l’endroit est aujourd’hui classé comme réserve naturelle. Une couche de glace commence à grignoter les berges.
On remonte vers le nord en passant devant la gare de Bollement, puis sous les voies des Chemins de fer du Jura. Après une bonne demi-heure dans la forêt, on arrive au village de Saint-Brais. Le tracé longe la route sur quelques centaines de mètres, puis, après le hameau du Chésal, il tourne à gauche en direction de la colline. Un joli sentier monte alors dans la forêt en longeant une falaise de calcaire.
Perché sur son rocher, un magnifique pin sylvestre domine la vallée. Il s’accroche de toutes ses racines sur le fil de l’arête. Ses branches ont été sculptées par les vents puissants qui balaient inlassablement les Franches-Montagnes. Si le sapin du Nivreux était un roi, ce pin est un paria repoussé sur une terre peu accueillante. Essence des extrêmes, le pin sylvestre prospère là où la concurrence dépérit. C’est d’ailleurs sa seule chance de survie, face aux épicéas, hêtres et sapins. Le sentier continue sur une centaine de mètres avant d’arriver au sommet du rocher. Un banc permet de se reposer et d’apprécier la vue. Notre rocher est le dernier ressaut avant que les Franches-Montagnes laissent la place au Doubs. Au nord, le relief se plisse une dernière fois avant les plaines de l’Ajoie. La nuit est tombée et un épais brouillard monte de la vallée. Avec les températures négatives, celui-ci a recouvert de givre la moindre branche alentour. Il est l’heure de redescendre en direction de Saint-Brais, qu’on rejoint en revenant par le même sentier, ou en en suivant un autre, plus petit, qui fait une boucle par le nord.

Texte(s): Vincent Jacquat
Photo(s): Vincent Jacquat/Infographie Pascal Erard

infos pratiques

Y aller

En transports publics
Un car rejoint Lajoux depuis Tramelan. Il est possible d’en descendre aux Genevez ou à Saulcy, puis d’adapter la première partie du parcours. La gare du Bollement est aussi facilement accessible de la vallée de Delémont ou La Chaux-de-Fonds. À Saint-Brais, un bus passe environ une fois par heure dans les deux sens.
En voiture
Pour se rendre à Lajoux, prendre l’autoroute A16 jusqu’à Tavannes. Saint-Brais est situé sur la route cantonale qui traverse les Franches-Montagnes et est facile d’accès. La forêt autour de Bollement est une réserve naturelle et le trafic motorisé y est interdit.

Le parcours

Environ 7 kilomètres et 280 mètres de dénivelé positif. Aucune difficulté particulière, si ce n’est la neige qui arrive tôt et tient jusqu’au printemps. L’itinéraire convient aussi aux raquettes.

Se restaurer

Il y a une ou deux buvettes à Lajoux et Saulcy, mais pour manger quelque chose, mieux vaut aller voir du côté de Montfaucon.

Se renseigner

Le site du canton du Jura a référencé de nombreux arbres «remarquables». Une carte interactive peut être consultée sur www.jura.ch/arbres_remarquables.