Point fort
Statistiquement inévitable, tout avortement doit être pris au sérieux

Outre l’émotion qu’elle suscite, la perte d’un veau né avant terme peut avoir des conséquences financières et sanitaires importantes. Réagir de manière appropriée permet d’éviter des complications.

Statistiquement inévitable, tout avortement doit être pris au sérieux

Chaque éleveur, quasiment sans exception, a été ou sera un jour confronté à un avortement dans son troupeau. Sans compter l’impact émotionnel, les répercussions économiques qui y sont liées ne sont pas négligeables: d’une part à cause de la perte du veau, d’autre part à cause de son influence négative sur la lactation. «L’incidence dépend du stade de gestation, souligne Véronique Schneider, vétérinaire chez Sovet, à Senarclens (VD). Plus cet événement intervient tardivement, plus l’animal aura des difficultés à se mettre en lactation. De plus, lors de la gestation suivante, le risque métabolique au vêlage est d’autant plus élevé que la bête est restée tarie longtemps.» Un suivi gynécologique est ainsi recommandé dans tous les cas, afin de donner les meilleures chances à la vache d’être à nouveau gestante. Ce qui entraîne des frais vétérinaires: «Le risque d’endométrite est élevé et l’on doit souvent procéder à un traitement de matrice.»

Écarter tout risque
On parle d’avortement lorsqu’une vache donne naissance avant terme à un veau, vivant ou mort-né, à partir du 43e jour de gestation; de même si un veau meurt dans les 48 heures après la mise bas. Si le cadre légal définit strictement quand des analyses sont obligatoires et lesquelles sont à mener (voir encadré «Analyse» ci-dessous), il vaut la peine de se poser la question de savoir s’il est judicieux d’intervenir plus tôt ou d’inclure le dépistage d’autres pathogènes. «Lorsque la fertilité globale du troupeau est correcte, un seul avortement ne justifie pas des démarches diagnostiques, note la vétérinaire. Mais si l’on est en outre confronté à des cas de rétention placentaire ou de métrite, ou si les intervalles entre deux inséminations ou saillies sont plus longs que la norme, il vaut la peine d’investiguer.»

Dans la majorité des cas, les examens ne permettent pas de déterminer la cause effective de l’avortement, ce qui peut se révéler frustrant. Les mycotoxines sont par exemple difficiles à mettre en évidence. Néanmoins, exclure certains pathogènes est important, à cause du danger potentiel de contagion pour les êtres humains, ainsi que pour le reste du troupeau. À l’exception des examens officiels pris en charge par les autorités sanitaires vétérinaires, les analyses effectuées dépendent de la motivation de l’éleveur… et de son budget – de la recherche d’un seul agent pathogène, via un échantillon sanguin, à l’autopsie complète de l’avorton. «Une des premières suspicions à exclure est celle de la néosporose, précise Véronique Schneider. En cas d’avortement, il est très important que les éleveurs amènent au clos d’équarrissage non seulement le veau, mais également l’arrière-faix. Car celui-ci représente un risque infectieux important.»

Texte(s): Véronique Curchod
Photo(s): DR