Reportage
Balou fera ses premiers pas officiels au cortège de la Saint-Nicolas

L’âne des Pyrénées, qui succède au fidèle Babalou, mort en 2020, foulera samedi les rues de Fribourg avec le saint patron de la ville. Nous avons suivi son entraînement au Haras national d’Avenches (VD).

Balou fera ses premiers pas officiels au cortège de la Saint-Nicolas

L’atmosphère est détendue en ce début de journée au Haras national d’Avenches (VD). Devant l’enclos des ânes, des chevaux vont et viennent entre les parcs et les écuries avec leurs palefreniers, alors qu’à côté un troupeau prend tranquillement le soleil autour d’un râtelier à foin. Un matin calme pour Balou aussi avant une soirée qui promet d’être animée dans quelques jours, puisque ce samedi 3 décembre, l’étalon de 11 ans fera ses premiers pas officiels au cortège de la traditionnelle Saint-Nicolas. Un bain de foule devant 30’000 personnes durant lequel il portera le patron de Fribourg dans les rues de la ville au son de la fanfare et des fifres.

Monté trois fois par semaine
Avec ses 135 centimètres au garrot, son regard doux et son caractère posé, l’âne des Pyrénées a tout pour conquérir le cœur des Fribourgeois et succéder au fidèle Babalou comme destrier de saint Nicolas. Le jeune équidé avait d’ailleurs accompagné son aîné en 2019 pour humer une première fois l’ambiance de la fête. Mais son apprentissage avait ensuite été chamboulé par deux éditions successivement annulées à cause de la pandémie.

Au Haras national d’Avenches, on se charge donc de préparer au mieux l’animal en vue de ce grand jour. Depuis quelques mois, ce sont les apprenties écuyères Thalia, 16 ans, et Isabelle, 23 ans, qui s’occupent de lui. «Balou est monté deux ou trois fois par semaine. Nous alternons entre balades en extérieur, entraînement au manège et travail au sol», explique Isabelle en brossant l’épaisse robe noire de l’équidé. La jeune femme lui passe ensuite la bride et fixe la selle, avant de se hisser sur son dos sans que Balou ne bronche. À côté, Alf, son compagnon d’écurie, s’impatiente et pousse un braiment insistant. Trop petit pour être monté, il l’accompagnera en promenade à la longe.

 

Arrivée en Suisse en 2018
Après un tour du haras destiné à dégourdir les jambes des équidés, les deux écuyères les emmènent dans le manège intérieur. Docile, Balou enchaîne les voltes, attentif aux consignes de sa cavalière, et exécute bravement l’exercice du plot, en posant fièrement ses deux antérieurs sur l’escabeau en bois. «Ces entraînements servent à l’amener à réfléchir face à différentes situations. Nous essayons également de l’habituer aux gens et à l’animation», expliquent Isabelle et Thalia.

L’âne participe d’ailleurs souvent aux Jeudis du haras, les portes ouvertes de l’institution, où il s’illustre notamment en attelage à quatre avec des chevaux. Né en France le 5 janvier 2011, Balou a rejoint Avenches en 2018. Alf et lui sont les deux seuls ânes sur les 78 équidés que compte l’institution. Et quatre ans après son arrivée en Suisse, l’étalon semble avoir trouvé sa place de mascotte. «Il est hyperbrave et coopératif, avec un caractère facile, tout le monde l’adore ici», confirment ses deux soigneuses.

Deux inséparables
Récemment, les deux apprenties ont accueilli l’étudiant du collège Saint-Michel élu pour coiffer saint Nicolas de sa mitre cette année. «Il est venu ici afin de rencontrer Balou et faire une petite balade avec lui, car il n’était jamais monté à cheval», racontent Isabelle et Thalia. Samedi, ce sont elles qui guideront le saint patron et sa monture dans les rues fribourgeoises. Pour cette première édition, l’âne des Pyrénées sera accompagné d’Alf. «C’est son soutien émotionnel et tous les deux sont vraiment inséparables. Balou sera rassuré de l’avoir à ses côtés.»

Car si l’étalon possède toutes les qualités d’un valeureux destrier, il se montre encore un peu craintif par moments. Mais pas de quoi inquiéter les écuyères pour autant. «Le pire qui puisse arriver pendant le cortège, c’est qu’il décide de s’arrêter», expliquent les jeunes femmes. Dans ce cas, elles ne compteront pas sur les terribles pères fouettards pour le faire repartir, mais plutôt sur les friandises qui garniront leurs poches. Parce que, oui, l’âne de saint Nicolas méritera bien aussi quelques biscômes ce jour-là.

+ d’infos Le cortège de la Saint-Nicolas aura lieu en ville de Fribourg, ce samedi 3 décembre à 17 h.

Texte(s): Aurélie Jaquet
Photo(s): Pierre-Yves Massot

Depuis 1906

Organisé chaque premier samedi de décembre, le cortège de la Saint-Nicolas est un rendez-vous incontournable des Fribourgeois depuis plus d’un siècle. En 1906, des élèves du collège Saint-Michel décidèrent en effet de faire revivre cette ancienne tradition médiévale en préparant en secret une farce pour la fête du célèbre patron de la ville. Depuis, saint Nicolas est incarné chaque année par un étudiant de cet établissement secondaire, qui revêt à cette occasion la chasuble et la barbe blanche de l’évêque de Myre et traverse la ville à dos d’âne, escorté des pères fouettards, afin de distribuer des biscômes aux enfants. Le cortège commence vers 17 h, dès la tombée de la nuit, partant du collège Saint-Michel pour rejoindre la cathédrale Saint-Nicolas, où le patron de la ville proclame son traditionnel discours à la foule du haut de son balcon.

+ d’infos www.st-nicolas.ch