Reportage
Une maison bâtie entre des villas favorise les liens entre voisins

Une fois par mois, nous vous emmenons à la découverte d’habitats respectueux de l'environnement. Cette semaine, zoom sur un projet de densification douce d’une zone résidentielle, à Trélex (VD).

Une maison bâtie entre des villas favorise les liens entre voisins

Avant, ce n’était qu’un bout de jardin traversé par une haie, qui marquait la frontière entre deux maisons. Il y a six ans, cet espace a vu naître une troisième habitation, qui s’est intercalée entre les parcelles préexistantes, à Trélex (VD). À l’origine du projet, l’architecte et hôte du jour David Prudente, codirecteur du bureau Envar (lire l’encadré), qui s’engage pour une densification douce du bâti en zone villas. «L’idée était d’accueillir davantage d’habitants par surface, tout en offrant une meilleure qualité de vie. Généralement, les quartiers résidentiels sont cloisonnés et laissent peu de place aux relations sociales et au partage d’espaces. Nous voulions les rouvrir afin de favoriser les interactions entre voisins et avec la nature alentour», explique le Nyonnais, qui nous reçoit pour une visite.

Approche urbaine à la campagne
De l’extérieur, la villa minimaliste à la façade en mélèze détonne. Devant le jardin, une butte végétalisée et de grands arbres séparent l’espace de manière fluide avec les propriétés des voisins. «Chacun d’eux, dont les parents de mon épouse Adrienne, ont accepté de nous vendre environ 250 mètres carrés. Ainsi, nous avons pu construire sur un petit terrain, ce qui n’aurait pas été possible partout.» En effet, le règlement de la commune est l’un des rares qui ne contient pas la contrainte d’une surface minimale par maison, souvent de 1000 mètres carrés. «C’est absurde, à l’heure où l’on doit absolument préserver le sol! déplore le spécialiste. Heureusement, cela est peu à peu en train de changer.»

 

Pour conserver l’intimité de chacun malgré la promiscuité, les fenêtres principales ne donnent que du côté ouest, sur le jardin. Une loggia a également été conçue dans le but de créer un espace extérieur semi-fermé. «Il est vrai qu’il faut tout de même bien s’entendre avec ses voisins, confie le Vaudois. Cette forme d’habitat privilégie une approche plus urbaine des relations humaines, tout en restant à la campagne.»

Un lieu de socialisation
Le rapport à la rue s’avère aussi différent, puisque l’autre côté de l’habitation donne sur la voie qui dessert le reste du quartier. «Nous voulions nous réapproprier cet endroit, pour qu’il devienne un espace de jeux et de socialisation, et non pas seulement un passage pour les voitures. Dans ces zones, il y a souvent plus d’infrastructures que de lieux de vie communs», remarque l’architecte. Une fois à l’intérieur, une vaste pièce à vivre avec un haut plafond est joliment décorée de grands tableaux et luminaires. Les couleurs verte et rose sont dominantes, en clin d’œil aux bâtisses patriciennes vaudoises. Un escalier en bois central permet de minimiser les surfaces de couloir, gourmandes en mètres carrés.

Concernant l’énergie, David Prudente aime parler de maison bioclimatique. «Il y a peu de fenêtres, mais elles sont placées au bon endroit, afin de chauffer l’espace et apporter de la lumière naturelle. Grâce à une bonne isolation en fibre de bois, nous allumons très peu le chauffage.» Sur le toit, des panneaux solaires fournissent de l’électricité et font fonctionner la pompe à chaleur. À l’étage, les enfants du couple Elia et Phileas ont une chambre, un bureau, une salle de bains et même une pièce secrète sous les toits pour inviter leurs copains, quand ils ne jouent pas dehors avec leurs cousins ou les voisins. «La vraie durabilité, c’est le lien social, estime le propriétaire. Actuellement, il y a seulement deux habitants de plus de 65 ans en moyenne par villa. Avec le renouvellement de cette population et les actuelles révisions de lois qui encouragent la densification, ces quartiers vont se métamorphoser.»

Texte(s): Lila Erard
Photo(s): Michel Bonvin