berne, Grasbourg

En remontant la Singine et le temps

Un pont couvert centenaire, des ruines médiévales, d’antiques greniers, une chapelle creusée dans la falaise: cette boucle autour de la rivière marquant la limite entre Berne et Fribourg invite à voyager dans l’histoire.

Construit par les Zähringen aux alentours du XIIe siècle, cédé aux Habsbourg, puis aux Savoie, le château fort de Grasbourg (BE) fut abandonné dès le XVIe siècle. Les travaux de réfection de ce bunker de moellons perché en haut d’une vire rocheuse surmontant la rivière Singine ne devaient pas être très commodes à entreprendre… De cet ouvrage, le plus grand du genre en terres bernoises, ne reste donc que des ruines, but prisé d’excursion et de pique-nique pour les familles. On les atteint en une grosse demi-heure depuis le pont couvert de Sodbach, notre point de départ (voir carte).

Peu après Grasbourg, on repasse côté ouest de la rivière par un autre pont couvert, celui de Harris. On quittera cette enclave bernoise en terres fribourgeoises au hameau de Wallismatt. La campagne vallonnée parsemée de forêts donne l’impression trompeuse de n’avoir guère changé depuis des siècles. C’est encore plus le cas à Selgiswil (FR), avec sa chapelle et ses greniers tricentenaires (et plutôt branlants). De là, le chemin trace au milieu des champs avant de plonger dans le bois de Magdalena, et sa chapelle creusée dans la molasse en 1707. Le retour à Sodbach emprunte un tronçon joliment empierré de la voie de Saint-Jacques-de-Compostelle.

étapes

Le pont de Sodbach

Depuis 1979, cet ouvrage construit en 1867 ne laisse plus passer que les cyclistes et les piétons. L’idée de couvrir les ouvrages d’art, née en Europe au XIIe siècle, visait à les protéger des intempéries. La Suisse fut l’une des premières régions du continent à recourir à cette technique, et se distingue encore de nos jours par son nombre impressionnant de ponts couverts en bois. Celui-ci marque la frontière entre Berne et Fribourg.

Des ruines à maintenir 

Difficile, de nos jours, d’imaginer à quoi ressemblait le château de Grasbourg au temps de son austère splendeur… Un panneau qui accueille le visiteur sur le site en donne une représentation; il en existe par ailleurs une maquette au Musée historique de Berne. Abandonnée depuis le XVIe siècle, la forteresse a fait l’objet de travaux de maintenance dans les années 1980 et 1990. Des mesures d’assainissement vont en outre être entreprises dès ce printemps.

Témoins du passé

Lorsque la pimpante chapelle de Selgiswil a été construite, vers la fin du XIXe siècle, les deux greniers de bois encore visibles dans ce hameau singinois étaient déjà vénérables (plus que centenaires). La présence de ces témoins du passé à l’architecture très typique, avec leurs pieuses dédicaces en allemand, est quasi miraculeuse: il y a un an, ici même, une ferme en voie de rénovation (heureusement inhabitée) était entièrement détruite par les flammes.

Une chapelle troglodyte

Le bois de Magdalena réserve une surprise de taille (si l’on ose dire): une étonnante petite église creusée à même la molasse au XVIIIe siècle, aux murs recouverts de mousse verte entourant les bancs destinés aux fidèles. Le site accueille de nouveau des services depuis les années 1980, après une période d’oubli d’un demi-siècle. Les paroissiens de Heitenried y accèdent par un sentier escarpé, à l’appel de sa petite cloche encastrée dans la paroi.

Sur la Via Jacobi

Notre balade du jour emprunte à deux reprises le tracé de la Via Jacobi – autrement dit le tronçon helvétique du chemin de Saint-Jacques-de Compostelle: tout au début, le long de la Singine, et sur son dernier segment, de Heitenried à Sodbach. L’empierrage particulier le signale au promeneur (attention à ne pas se tordre les chevilles…), de même que la signalétique propre à cette voie, qui traverse la Suisse depuis le lac de Constance jusqu’à Genève.

Texte(s): Blaise Guignard
Photo(s): Blaise Guignard

infos pratiques

Y aller

En transports publics: de la place de la Gare à Fribourg, bus TPF ligne 181 direction Heitenried Sodbach (31 minutes).

En voiture: autoroute A12 sortie 8 Fribourg-Nord, puis direction Tavel, Saint-Antoni, Niedermonten, Heitenried. Parking gratuit à Sodbach au point de départ/arrivée.

Le parcours

Environ 10 km pour 360 m de dénivelé positif; sentiers mixtes nécessitant de bonnes chaussures. Orientation plutôt facile. Compter 2 h 45 à 3 h avec les pauses.

 

Se restaurer

Restaurant Sodbach, 1714 Heitenried, tél. 026 495 22 22, www.sodbach.ch

 

Se renseigner
Carte nationale de la Suisse, feuille n° 1186 Schwarzenburg .