Des roses jusqu’en haut des arbres
Des roses jusqu’en haut des arbres

Impossible de vous transmettre  le parfum qui emplit mon bureau par la fenêtre ouverte. Pas facile non plus de partager le bourdonnement des milliers d’abeilles qui à la moindre éclaircie s’enivrent sur les fleurs en cascades de nos arbres-rosiers. Mois des roses par excellence, juin répond à ses promesses et je m’attarde plus que jamais au jardin pour m’aiguiser les sens et profiter de leur beauté éphémère. Ici, pas de rosiers plantureux et fragiles, assistés et maladifs, mais des fleurs simples ou à peine double, des corolles blanches surtout, carmin parfois, rose rarement, qui grimpent à l’assaut des vieux arbres fruitiers, des murs, des grilles, des treilles et des toits.

Parmi ces tarzans au parfum délicat, mon cœur balance entre  Rosa helenae, rosier botanique originaire d’Asie, et les bouquets de “Sir Cédric Morris” qui succèdent sous nos fenêtres aux corymbes du sureau noir. Tous deux ont dressé leur nappe blanche pour les pollinisateurs. Tous deux se couvriront l’automne venu de cynorrhodons vermillons et charnus, tenue et menu de fête pour célébrer Noël avec les oiseaux. Il y a aussi Rosa henryi, qui donne une seconde vie au tronc d’un cerisier mort il y a 20 ans, “Violette” qui ponctue de pourpre un prunier sénescent, et bien d’autres dont le nom m’a parfois échappé en même temps que l’étiquette enfouie à leur pied. Ces rosiers géants, lianes ou grimpants, ne sont pas indigènes mais n’en sont pas moins intéressant pour la biodiversité du verger permacole car ils ont gardé le charme rustique des sauvageonnes, fourmillent d’insectes et portent des fruits qui nourrissent du beau monde.  Un étage plus bas, des églantines sauvages (R. glauca, R. arvensis, R. pendulina, R. rubiginosa, R. majalis) et horticoles (R. rugosa, R. “sourire d’orchidée”, R. moyesii, R. mochata, R. multiflora,…) , embuissonnent la prairie,  s’infiltrent dans les haies ou s’appuient contre les clôtures.

«Que mes roses préférées envahissent votre salon»: c’est tout le mal que me souhaitait le rosiériste Alain Tschanz  dans la dédicace de son livre “Roses d’excellence, tout naturellement“, cosigné avec Isabelle Erne. On y est presque. Les plus culottées frappent déjà aux fenêtres du deuxième étage. Elles sont les bienvenues.

 

Texte(s): Aino Adriaens
Photo(s): Aino Adriaens