valais, St-Martin

Balade hivernale sur les traces des animaux sauvages

Comment différencier les empreintes laissées par une hermine des pas ­délicats d’un écureuil dans la neige? Un sentier didactique, imaginé par le glaciologue Robert Bolognesi à Saint-Martin, nous met sur leur piste.

Sans la neige, il n’aurait pas été possible ne serait-ce que d’imaginer la présence d’animaux le long du bisse de Saint-Martin. Mais il suffit de quelques flocons pour que le promeneur découvre que le sentier sur lequel il se trouve est traversé à la fois par des cerfs, des lièvres, des chevreuils et des renards. Pour révéler la présence de la faune sauvage, le glaciologue Robert Bolognesi, qui a observé les empreintes de centaines d’animaux lors de ses études sur les manteaux neigeux, a imaginé seize panneaux didactiques. Tirés d’un guide publié sur ce thème, ils décrivent très simplement en français, allemand et anglais, comment reconnaître les traces que les bêtes laissent derrière elles.
En accord avec l’Office du tourisme, ce sentier des Traces a été piqueté le long du bisse de Saint-Martin, un tronçon à la fois suffisamment exposé au soleil pour rendre ce minisafari à flanc de coteau agréable en hiver et assez sûr pour permettre aux familles de s’y balader sans risque. Le parcours commence à 1670 mètres d’altitude à Grange-Neuve où l’on peut laisser sa voiture. Le premier panneau sur votre droite nous indique la direction à prendre, les autres suivent rapidement. Après une chute de neige, mieux vaut prendre des raquettes. Dès le départ, on devine que les cerfs sont très présents dans le coin. Leurs itinéraires rectilignes se lisent en un coup d’œil, leurs onglons s’enfonçant profondément dans la neige fraîche.
«Il y a beaucoup d’animaux dans le secteur, fait remarquer Patrice Gaspoz, responsable de l’office du tourisme. Cette région est préservée et a été pionnière dans le développement durable des Alpes.» Ici, il n’y a pas de remontées mécaniques, le calme règne au milieu d’impressionnants mélèzes: le terrain parfait pour la faune, qui s’en donne visiblement à cœur joie. On se rend compte que l’on se trouve dans le royaume des bêtes, leurs traces, laissées jour après jour dans les flocons, nous entourent. Elles sont partout. Pour apercevoir leur pelage, mieux vaut cependant se promener le long du bisse tôt le matin ou en fin de journée, en petit groupe.

Une poursuite addictive
L’étude de leurs empreintes se révèle passionnante, voire addictive. Est-ce celles d’un renard? D’une hermine ou d’une fouine? «La plus reconnaissable est celle du lièvre, en triangle, relève Robert Bolognesi. En les regardant de plus près, on peut même savoir dans quel sens il allait.» Parfois, la topographie rend l’identification compliquée, les bêtes n’hésitant pas à descendre se nourrir pendant la nuit en prenant le chemin le plus court, quelle que soit la pente. C’est rigolo de voir à quel point les écureuils sont actifs, descendant d’un arbre pour grimper dans celui d’en face, n’hésitant pas à parcourir 10 mètres dans la poudreuse dans laquelle ils ne s’enfoncent que légèrement. On en oublierait presque de lever le nez pour profiter du panorama sur Hérémence et, au loin, la Dent-d’Hérens. Ce serait dommage de s’en priver.
Le temps file, l’enquête se poursuit, rendant la marche intéressante aussi bien pour les adultes que les enfants. «En leur faisant découvrir la nature, on la leur fait apprécier, estime Robert Bolognesi. Et on contribue ainsi à la préserver.» Arrivé au Prarion, on quitte le bisse pour monter vers le lieu-dit La Plantation, où de beaux mélèzes ont été plantés jadis, devant servir à reconstruire des chalets en cas d’incendie. Aujourd’hui, le lieu est pourvu de tables de pique-nique. Le retour à Grange-Neuve, sans panneau supplémentaire, se fait par le sentier raquettes. L’hiver prochain, le sentier des Traces, un concept itinérant, sera placé dans un autre village du val d’Hérens.

Texte(s): Céline Duruz
Photo(s): Olivier Maire/Infographie Pascal Erard

infos pratiques

Y aller

En transports publics
Le car postal 386 pour Eison, La Crettaz, relie Sion à Saint-Martin sans changement. Possibilité de prendre
le 388 pour Mayens-de-Nax jusqu’à Fontany ou le 381 jusqu’à Praz-Jean avant de monter dans le 386 pour
le dernier tronçon.
En voiture
Prendre la sortie Sion Est de l’autoroute A9, puis suivre les panneaux pour Bramois, Nax – Saint-Martin.

Le parcours

Cette boucle de 2 km, facile, commence à Grange-Neuve, passe par Prarion et La Plantation. 1 h 30 de marche, dénivelé de 50 m.

Se restaurer

Au centre du village, le Restaurant de la Poste (fermé lundi après-midi et mardi) propose des mets valaisans, www.restaurantlaposte.com

Se renseigner

Offices du tourisme du val d’Hérens: www.valdherens.ch

Notre guide

Robert Bolognesi est glaciologue et directeur de Météorisk, à Sion. Il est l’auteur du livre Identifier les traces d’animaux dans la neige illustré par Maté Mermoud, paru aux Éditions Le vent des cimes (77 pages, 19 fr.).