Coup de pouce
Pour les Theubet, faire vivre une ferme passe par la coopération locale

Toutes les trois semaines, nous partons à la découverte d’une exploitation de Suisse romande proposant ses produits en vente directe et présente sur notre plateforme de bonnes adresses.

Pour les Theubet, faire vivre une ferme passe par la coopération locale

Aux confins du canton du Jura, à Fahy, commune collée à la frontière française, la ferme Bout-Dessous n’est pourtant pas isolée du tout. «Elle se trouve dans le village, on a des voisins, ce qui est important pour nous, explique tout sourire Valentin Theubet, à la tête de cette exploitation familiale labellisée bio. C’est ce qui nous plaît.» Agronome de formation, il a repris le domaine en 2019, après avoir habité huit ans à Zurich. Pendant deux années, il a œuvré pour l’assurance Suisse Grêle, venant donner un coup de main aux champs dès qu’il le pouvait. «À la fin du gymnase, j’ai hésité à poursuivre mes études dans une école de cinéma ou en agronomie, raconte le trentenaire. J’ai toujours participé aux travaux de la ferme avant de m’y installer pour de bon.»

Bétail et grandes cultures
Après avoir épaulé quelques années son père Bernard, il est désormais aux manettes d’un domaine de 50 hectares, dont la moitié est consacrée aux herbages, le reste étant recouvert de grandes cultures telles que le blé, l’épeautre (labellisé UrDinkel), le colza et les betteraves sucrières bios. Il s’occupe également, à l’extérieur de la localité, d’un troupeau d’une vingtaine de vaches mères limousines et de leurs veaux, vivant en plein air du mois d’avril à octobre. Dix brebis brun-noir du pays, une race robuste que son frère vétérinaire lui a conseillé d’élever, complètent son cheptel. «Ces animaux peuvent avoir jusqu’à trois portées en deux ans», continue ce papa d’une petite fille.

Pour transformer et valoriser leur production, les Theubet ont toujours collaboré étroitement avec les acteurs locaux. Ainsi, leurs agneaux sont préparés par la boucherie Vallat, de Bure. Leur colza est pressé au moulin à huile de Soyhières et leurs farines sont moulues au moulin de Vicques.

Agriculteur engagé
Aimant le contact et surtout l’action, Valentin Theubet a pris part avec dynamisme à la constitution de la coopérative Malticulture visant à la création d’une malterie dans le Jura. Les installations, inaugurées en 2019, permettent aujourd’hui de mettre en valeur l’orge poussant sur l’ensemble de l’arc jurassien, tout en raccourcissant le circuit de fabrication de la bière régionale, du semeur au consommateur. Valentin Theubet a aussi rejoint le projet de commerce participatif baptisé le Marché Saint-Germain à Porrentruy, qui privilégie des produits frais, de saison, du cru et, si possible, exempts d’emballage. «À mon retour de Zurich, j’ai été étonné de voir le dynamisme local, reconnaît-il. Je me suis dit que les démarches que j’y ai vues ainsi que celles remarquées durant mes nombreux voyages pourraient fonctionner ici également.» Pour l’agriculteur, ces actions groupées ont de l’avenir, en faire partie est donc une évidence. Tout comme le concept d’agroforesterie. Il vient de planter 120 arbres fruitiers sur ses parcelles, espérant pouvoir proposer sous peu à ses clients des jus de pomme, poire ou prune, en plus de fruits séchés.

+ D’infos Bout-Dessous 19, 2916 Fahy, www.alafermebio.ch; www.malticulture.ch; www.lemarchesaintgermain.ch

Texte(s): Céline Duruz
Photo(s): Nicolas de Neve

Vente directe de sucre bio du domaine

Valentin Theubet a eu une idée au succès inespéré: vendre dans sa ferme le sucre issu de la culture des betteraves sucrières bios. «C’est un produit agricole et non industriel, mais les consommateurs l’ont un peu oublié, explique-t-il. J’ai demandé à la sucrerie d’Aarberg (BE) si je pouvais en récupérer pour l’écouler de mon côté. Cela a beaucoup plu à mes clients.» Lui qui pensait en conserver une partie pour son propre usage a été surpris par l’engouement rencontré auprès des cidreries, des brasseries locales et des artisans de la région. «On le reconditionne en plus petite quantité avant de le mettre en vente, ajoute-t-il. C’est une goutte d’eau dans l’océan du sucre, souvent décrié. Cela permet surtout de valoriser le travail des producteurs de la matière première.»

+ D’infos www.sucre.ch