Coup de pouce
Les Chezeaux cultivent des céréales anciennes en toute autonomie

Deux fois par mois, nous partons à la découverte d’une exploitation agricole de Suisse romande proposant ses produits en vente directe et présente sur notre plateforme de bonnes adresses.

Les Chezeaux cultivent des céréales anciennes en toute autonomie

Quand Cédric Chezeaux était enfant, la ferme de sa famille, à Juriens (VD), était spécialisée dans la production laitière, l’élevage bovin et le fourrage, comme la plupart des exploitations du village. Lorsqu’il a repris le domaine en 2005 avec son épouse Christine, le Vaudois a décidé d’emprunter une tout autre voie, en se tournant vers la culture de céréales anciennes et l’élevage de chèvres. Son idéal: une agriculture biologique, vivrière et autonome, replaçant l’humain au cœur des échanges. «En tant que jeune parent, je souhaitais adopter un mode de production plus proche du vivant», se rappelle-t-il. En 2013, il a complètement arrêté la production de lait, afin de se diversifier et limiter les intermédiaires. Une décision pleine de sens qui avait fait l’objet d’un documentaire intitulé Révolution silencieuse, de la réalisatrice Lila Ribi, en 2016. «Aujourd’hui, nous travaillons selon les principes de la biodynamie, avec très peu d’intrants. Nous sommes redevenus les acteurs de notre métier», sourit le paysan en nous ouvrant les portes de son domaine, baptisé la ferme Arc-en-Ciel.

Agriculture libérée
Sur l’exploitation vaudoise, 25 hectares de céréales modernes et anciennes sont cultivés. D’ici la fin du mois, la caméline, le lin, les lentilles, l’épeautre, l’engrain et différents types de blés pourront être récoltés. «Toutefois, certaines cultures, comme les blés anciens, sont pour l’instant couchées au sol à cause des récentes pluies. On espère que la météo des prochaines semaines sera plus clémente.» Quant au sarrasin, il a été semé au mois de juin et arrivera à maturité en octobre. Une fois moissonnées, les céréales seront moulues sur place grâce à un moulin à meule de pierre permettant de conserver le germe, soit la partie noble du grain.

Des farines authentiques
Les farines de la famille Chezeaux sont vendues dans le magasin en vente directe, qui est tenu par Christine, ainsi qu’à des boulangers de la région. «Il y a un intérêt grandissant de la part des professionnels de ce secteur et des clients. C’est une bonne nouvelle!», se réjouissent ces parents de six enfants. Une cinquantaine de chèvres sont aussi élevées sur le domaine. Leur lait, transformé sur place, est utilisé pour confectionner des tommes bios. Douze cochons sont également nourris grâce aux sous-produits de la fromagerie et de la meunerie. Enfin, des vaches permettent de valoriser le fourrage. Viande fraîche et produits de charcuterie sont proposés aux clients. «Pour la conservation, nous avons banni le sel nitrité, mauvais pour la santé. Nous préférons utiliser du sel marin et des épices», précise Cédric.

En attendant de pouvoir commencer les moissons, le paysan et son fils Samuel préparent les machines qui serviront à réceptionner, trier et sécher les graines. En parallèle, des visites à la ferme sont organisées. «Il est important de montrer qu’une autre forme d’agriculture est possible, afin de laisser une terre vivante et saine aux prochaines générations.»

+ D’infos Rue du Merelez 1, Juriens. Le magasin est ouvert le mercredi de 16 h à 18 h et le samedi de 9 h 30 à 11 h 30, www.fermearcenciel.ch

Texte(s): Lila Erard
Photo(s): Thierry Porchet

Dans la région

Vins locaux

Domaine de la maison rose
À la tête du domaine depuis 2003, Nicolas Bovet propose treize vins, dont ses deux spécialités que sont Le Chant des tonneliers (assemblage gamaret-gamay barrique) et Le Chant du vigneron (assemblage pinot blanc-chardonnay). L’exploitation est passée en biologique en début d’année. Les techniques de l’agroforesterie y sont également utilisées, afin de protéger la biodiversité.

+ D’infos Route d’Orbe 24, 1321 Arnex-sur-Orbe (VD), tél. 079 516 83 20, www.domaine-de-la-maison-rose.ch


Epicerie du terroir

Chez Mimi
Mélanie Jaquinet, alias Mimi, accueille habitants et promeneurs dans son magasin-bistrot. Pop-corn de Cuarnens (VD), rillettes de courgettes au chèvre, lentilles, confitures, viandes et ketchup maison y sont en vente. Chaque midi, un menu est aussi à la carte, en collaboration avec l’entreprise Traiteur Local, qui est installée dans le même bâtiment.

+ D’infos Route de la Tine 1, 1313 Ferreyres (VD). Réservation au tél. 021 866 10 77, www.chezmimi.ch


Viande vaudoise

Du bœuf de Mauraz (VD)

La famille Rochat pratique la vente directe depuis plus de 25 ans. Elle propose de la viande de bœuf limousin certifiée Bio suisse, sur réservation. La marchandise est débitée en parts de 12 à 26 kg. Chaque commande est accompagnée d’une fiche qui détaille le parcours de l’animal durant son élevage. Sur place, une visite de la ferme est proposée.

+ d’infos Ruelle du Crêt 2, 1148 Mauraz (VD), tél. 021 864 55 05, www.boeuf-saveur.ch

La caméline, une alliée de taille

Cultivées ensemble, certaines plantes peuvent se rendre de grands services. C’est le cas des duos caméline-lin et caméline-lentilles, qu’a semés sur la même parcelle Cédric Chezeaux. On parle alors de cultures associées. «Ces espèces se complètent, car elles n’ont pas besoin des mêmes nutriments et puisent leurs ressources dans des strates différentes du sol. De plus, elles se soutiennent physiquement. Par exemple, la lentille s’agrippe à la caméline pour se développer», explique l’agriculteur. En plus de partager son espace avec d’autres végétaux, Camelina sativa est efficace contre les mauvaises herbes, ce qui permet de maintenir un sol propre. La culture de ces variétés est toutefois délicate, précise le Vaudois. «Une préfauche est nécessaire avant de passer la moissonneuse-batteuse, afin de garantir une bonne qualité des grains.» Une fois récoltés, ces derniers seront soigneusement triés à l’aide d’un tamis.