Terroir
La famille Rollier a choisi de miser sur les plantons bios et artisanaux

Deux fois par mois, nous partons à la découverte d’une exploitation agricole de Suisse romande proposant ses produits en vente directe et présente sur notre plateforme de bonnes adresses.

La famille Rollier a choisi de miser sur les plantons bios et artisanaux

Le soleil frappe déjà fort en cette matinée de juin sur Boudevilliers (NE). À l’abri de deux tunnels, des plantons par centaines poussent dans une chaleur quasi tropicale. Courgettes, tomates, salades, poivrons, aubergines, laitues: le choix est vaste et les clients se pressent, venus de loin à la ronde, pour acquérir ici les futurs légumes à planter dans leurs potagers. «Tout est produit de manière artisanale et en agriculture biologique», explique Marie-Claude Rollier, à l’œuvre aux côtés de son fils Lionel, 36 ans. Titulaire d’un master universitaire en étude des sols et d’un CFC de paysagiste, c’est lui qui reprendra prochainement l’affaire familiale. L’exploitation est divisée en deux activités: une partie dévolue au paysagisme, assurée par Lionel et Luc, l’époux de Marie-Claude Rollier, et une autre consacrée à la production de plantons de légumes et d’aromatiques. «Nous cultivons aussi quelques fleurs compagnes, comme les tagètes, les capucines ou les cosmos, connus pour attirer les pollinisateurs», précise la Neuchâteloise.

Horticultrice de formation, elle a lancé cette activité au printemps 1983, sur leur ancienne exploitation de Valangin, à deux pas de là. «À l’époque, nous avions pu reprendre l’installation horticole qui était déjà en place sur le domaine.» Parallèlement, Marie-Claude Rollier suit au début des années 2000 une formation sur les plantes médicinales. «Cela m’a convaincue de passer en agriculture biologique, même si nous traitions déjà très peu en conventionnel.» Chez les Rollier, les plantons poussent à leur rythme, sans aucune stimulation. «En laissant leur temps aux plantes, on les rend naturellement plus résistantes. Il est également important de les vendre au bon moment. Souvent les cultures échouent parce qu’elles sont réalisées trop tôt. Le basilic, par exemple, ne devrait pas être planté au potager avant le mois de juin.»

 

Fonctionner en circuit fermé

La production des Rollier démarre en mars, avec les semis sous serre. «Nous utilisons les graines de Sativa et Zollinger, deux entreprises suisses labellisées bio. Je réalise aussi quelques récoltes de graines de tomates moi-même. Certains clients m’apportent des variétés qu’ils apprécient.» Le boom de la production intervient entre avril et juin, avec le repiquage, puis la vente des plantons. Juillet est plus calme. Il reste alors les dernières séries de salades, dont celles d’hiver, telles que chicorées, scaroles, pains de sucre. L’essentiel de la production est écoulé sur le domaine et auprès d’une coopérative régionale.

«Notre atout, par rapport aux jardineries et commerces, est de proposer des plantons à l’unité. Beaucoup de clients ne veulent pas d’une barquette de six ou huit plantons de même variété. Nous produisons aussi notre propre compost, avec les déchets végétaux de notre activité de paysagiste et récupérons les pots pour l’année suivante. Même nos étiquettes en bois gravées sont réutilisables. Nous essayons de fonctionner de manière durable et en circuit fermé.»

Texte(s): Aurélie Jacquet
Photo(s): Guillaume Perret/Lundi13

Précieux soutien aux producteurs

L’entreprise de la famille Rollier est membre de la jeune association PDR (Projet de développement régional). Il s’agit d’une entité qui rassemble pour l’heure une dizaine d’agriculteurs du Val-de-Ruz (NE) désireux de développer de nouvelles activités. «L’idée est de créer une place de marché commune permettant aux producteurs locaux de regrouper leurs marchandises et de les distribuer de manière optimale», explique Lionel Rollier. Les adhérents bénéficient également d’une subvention de la Confédération et du Canton soutenant leurs projets. Cette aide financière permettra à la famille Rollier de construire prochainement une nouvelle serre sur son site de Boudevilliers. Elle souhaite aussi y installer un séchoir afin d’élargir sa gamme de produits en cultivant des plantes médicinales.