À Versegères (VS), il y a des maisons en bois à tous les coins de rue. Mais celle dont il est question ici a une particularité. L’épicéa qui la compose provient de la forêt de la Barmasse, à seulement 5,2 kilomètres de là. «Regardez, on l’aperçoit depuis la fenêtre du salon», lance Kilian Machoud, propriétaire des lieux et cofondateur de la société valaisanne Auprès de mon arbre – qui comprend une charpenterie, une entreprise forestière et une scierie (lire l’encadré ci-contre) –, grâce à laquelle cette première habitation a pu être réalisée. Le concept: proposer des constructions en bois local afin de profiter des ressources naturelles du canton et de maintenir des emplois dans la région, ainsi qu’un savoir-faire. «Actuellement, environ 80% du bois utilisé dans un bâtiment provient de l’étranger, pour des questions de coût. Nous voulons inverser cette tendance, dans le but de garantir davantage de traçabilité et de circuits courts», expose le trentenaire, qui a emménagé il y a un mois avec sa compagne.

Une technologie de pointe
Moderne et épurée, la villa est bâtie sur plusieurs niveaux, avec une mezzanine qui surplombe la pièce à vivre. Le salon, vaste et lumineux, offre une vue imprenable sur La Ruinette, chère aux Bagnards. Si un radier en béton a été coulé au début du chantier, l’ensemble de la structure est constituée de bois massif, résultant d’un procédé technologique rare dans le pays. Pour ce faire, des arbres ont tout d’abord été coupés par le bûcheron en fonction du calendrier lunaire, puis emportés en scierie afin d’y être transformés en planches. «Nos clients peuvent demander une essence d’une région en particulier, si les autorisations communales le permettent, précise le spécialiste. Nous leur proposons également de venir assister à ces différentes étapes.» Le tout est livré à l’atelier de charpenterie de Vollèges (VS), qui s’est équipé de machines CNC – à commande numérique –, et d’une table de montage de 53 mètres de long, fonctionnant en partie à l’énergie solaire. «Nous sommes seulement six entreprises en Suisse à posséder ce dispositif venu d’Appenzell», se félicite-t-il.

Succès croissant
Pour les parois, six couches de planches sont superposées et maintenues grâce à des chevilles en bois, formant des panneaux 100% naturels sans colle ni vis, produits chimiques ou isolants. «De plus, il y a peu de déchets, car les planches les moins belles sont tout de même utilisées au cœur de la structure», souligne Kilian Machoud. Grâce à un travail de planification important, les ouvertures, notamment pour les portes et les fenêtres, sont découpées sur place. «Les différents éléments sont prêts à l’emploi et peuvent être assemblés en un temps record sur le terrain, un peu comme des Lego!»

Une fois à l’intérieur, le confort thermique est optimal. «Le bois massif diminue le rythme cardiaque et favorise le bien-être. De plus, on perd cinq fois moins de chaleur que dans une maison classique et il y a une meilleure régulation de l’humidité», informe le menuisier, qui a construit le mobilier lors de son temps libre, des escaliers à la cuisine. «Je suis fatigué, mais ravi», confie-t-il. Et le prix? «Entre 3 et 10% plus cher qu’un bâtiment en bois importé, ce qui n’est pas énorme, car les frais en peinture et maçonnerie sont notamment limités.»

Avec déjà sept villas réalisées cette année, la société Auprès de mon arbre a de beaux jours devant elle et vise des projets de plus grande ampleur, comme des immeubles. «En Suisse, la forêt ne cesse de grandir et nous exploitons moins de la moitié de sa croissance annuelle. Il faut profiter de ce matériau sain et durable que la nature nous offre.»

Le concepteur

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