Coup de pouce
Chez les Delafontaine, on fait la part belle à l’agriculture biologique

Toutes les trois semaines, nous partons à la découverte d’une exploitation de Suisse romande proposant ses produits en vente directe et présente sur notre plateforme de bonnes adresses.

Chez les Delafontaine, on fait la part belle à l’agriculture biologique

À Puidoux, dans le canton de Vaud, la famille Delafontaine fait office de pionnière. Il y a quarante ans, la ferme fut l’une des premières de la région à se lancer dans les vaches allaitantes et à se convertir à l’agriculture biologique. «Mon père a choisi de se passer complètement des produits phytosanitaires par conviction, après que deux d’entre eux ont été interdits par la Confédération», explique Yvan Delafontaine. L’agriculteur de 38 ans travaille depuis une quinzaine d’années sur le domaine familial et a repris le fermage en 2018.

L’exploitation compte 27 hectares, dont l’essentiel est consacré aux herbages pour le bétail. Entre 4 et 5 hectares sont réservés aux grandes cultures, et un demi est dédié au maraîchage. «J’ai démarré seul avec de toutes petites quantités de légumes pour la consommation familiale et la surface s’est agrandie au fil du temps. Nous avons commencé par vendre des paniers à nos amis et nos voisins, avant de nous décider, il y a six ans, à lancer le magasin en self-service.»

 

Céréales moulues sur place

Sa compagne, Fabienne Crot, œuvre à ses côtés depuis plusieurs années. À 40 ans et après une première carrière dans le graphisme, elle s’est reconvertie dans le maraîchage et la boulangerie. «J’y trouve bien plus de sens que dans mon activité précédente. Certes, c’est beaucoup de travail, mais être capable de produire de quoi nourrir les gens procure une satisfaction incroyable», s’enthousiasme-t-elle. Avec une employée, elle façonne chaque semaine 200 kilos de pain avec l’épeautre, l’amidonnier et les blés anciens issus du domaine. La farine est transformée sur place grâce à deux moulins installés dans l’ancienne grange de la ferme et sert aussi à la confection de pâtes maison. Le couple cultive également des champignons shiitake dans sa cave. Le tout est vendu sur les rayons du magasin, à côté des nombreux légumes provenant de la parcelle de maraîchage.

 

Du fumier et des feuilles mortes

Pour compléter l’offre, Yvan Delafontaine et Fabienne Crot s’approvisionnent auprès de producteurs bios des environs. On trouve notamment des œufs, de la viande et du fromage, différentes huiles, des graines de tournesol ou de lin et même du café torréfié dans la région. Car le maraîchage exige beaucoup de temps et d’investissement. «Nous préparons la terre avec un tracteur, mais tous les autres travaux sont réalisés à la main. Nous essayons d’intervenir le moins possible et n’utilisons aucun produit, pas même ceux autorisés par les labels biologiques», renchérit Yvan Delafontaine. Les seuls intrants qu’ils utilisent sont le fumier de leurs vaches, un peu de bois broyé et des feuilles mortes récupérées chez un voisin. Et leurs deux cannes en liberté constituent leurs uniques armes pour lutter contre les limaces. Une philosophie à laquelle tient le paysan, convaincu de l’importance de laisser faire la nature: «Il en va de la survie des sols et donc, de la pérennité de notre agriculture.»

+ d’infos Chemin de Montchervet 5, 1070 Puidoux. Le magasin en self-service est ouvert tous les jours de 7 h à 22 h.

Retrouvez les producteurs de votre région sur notre plateforme des bonnes adresses.

Texte(s): Aurélie Jaquet
Photo(s): Mathieu Rod

Les atouts de l’agroforesterie

Yvan Delafontaine a récemment développé un projet d’agroforesterie sur son domaine. «J’ai commencé avec les grandes cultures, en plantant quelques lignes d’arbres fruitiers dans mes champs, et je poursuis aujourd’hui cette démarche sur ma parcelle de maraîchage avec des variétés hautes tiges et basses tiges.» Cassis, groseilliers, pommiers et figuiers ont ainsi pris place entre les lignes de choux, de pommes de terre et de salades. Ce mode d’exploitation offre l’avantage non seulement d’optimiser la surface cultivée et d’élargir la production, mais aussi d’apporter une matière organique précieuse aux sols, grâce notamment aux feuilles mortes l’automne. Cette approche permet également à l’eau de mieux s’infiltrer dans le terrain et d’attirer des insectes, favorisant ainsi la pollinisation des plantations et la biodiversité.