Originaire du plateau de Diesse, Christian Tschanz est issu de deux familles paysannes. Après avoir fait un détour universitaire et suivi des études de médecine vétérinaire, il décide de revenir à ses racines dès l’obtention de son diplôme, en 2012. «Je savais au fond de moi que j’allais être agriculteur bien avant d’être étudiant, car mes parents m’ont transmis cette passion», dit-il. Depuis 2016, il gère une exploitation avec sa femme Evelyne, au pays où la bise souffle constamment sur les roches d’une terre fertile et peu profonde.

En comptant l’herbage pour la pâture de ses vingt-deux vaches simmental qui lui fournissent du lait destiné à la production de tête-de-moine AOP, le fermier exploite 40 hectares. «Labourer, semer, récolter la paille, j’ai grandi avec ces activités, qui m’ont laissé des souvenirs magnifiques», ajoute Christian Tschanz. Le couple a décidé de mettre en place des cultures un peu marginales et une bonne partie de ses produits porte les couleurs de la marque Grand Chasseral. «On a eu la volonté de nous diriger vers des spécialités qu’on ne trouve généralement pas en grande surface», explique-t-il.

Lin, patates et dinde
C’est le cas de l’amidonnier et de l’épeautre, cultivés sur 2,5 hectares. Très robustes, ces graminées au rendement plutôt faible s’avèrent toujours plus recherchées, en complément ou en remplacement du blé pour la panification. «Chaque céréale a ses particularités. L’épeautre, par exemple, doit être décortiqué avant d’être moulu. Pour ce faire, il me faut aller jusqu’au moulin de Vicques (JU), à deux heures et quart en tracteur. Il s’agit de ma sortie de l’année!»

L’exploitant fait aussi pousser du lin, sur 50 ares. Cette plante herbacée n’appartient à aucune autre famille cultivée, ce qui lui permet d’occuper une place avantageuse dans la rotation des végétaux, puisqu’elle ne peut transmettre de maladie. «À la floraison, c’est un régal: partout où le regard se pose, il admire une mer bleue», s’émerveille Christian Tschanz, content de voir augmenter la biodiversité grâce à ces plantations. Très polyvalent, cet oléagineux, dont on fait de l’huile riche en oméga 3, sert par ailleurs d’aliment pour les bovins.

Souvent, le couple plante également du maïs, qui pousse bien malgré l’altitude (1100 m). Cette année, Christian et Evelyne essayent le blé. Et pour le côté social, rien de tel que la pomme de terre! Au domaine, on en cultive essentiellement trois variétés: la désirée, l’agria et la bleue de Saint-Gall. Après la plantation qui commence dès le terme du mois de mai, il faut attendre la fin de l’été pour voir plusieurs générations s’activer autour d’une vieille arracheuse, lors du ramassage qui nécessite un tri manuel. «Chaque automne, on se réjouit de passer des moments de convivialité entre amis ou en famille.»

Outre l’huile de lin, les pommes de terre et les farines d’épeautre ou d’amidonnier, le couple propose depuis 2020 de la viande de dinde à la vente dès le mois d’octobre. Une fierté. «Même en grande surface, la viande de dinde ne provient pas de Suisse», avance l’agriculteur. On peut trouver leurs produits dans une dizaine d’épiceries de village entre le vallon de Saint-Imier et la vallée de Tavannes, ainsi que dans plusieurs Landi de la région.

+ d’infos La Bise sur les roches, Clermont 139, 2616 La Cibourg, www.labisesurlesroches.ch

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