neuchâtel, La Brévine

Petit pèlerinage à pied dans l’arc jurassien

Tracé au Moyen-Âge par des religieux, l’itinéraire de la Vy aux Moines entre La Brévine et Môtiers (NE) permet de profiter des charmes du massif du Jura, entre pâturages et forêts féeriques.

Au-dessus du brouillard neuchâtelois, le soleil réchauffe l’atmosphère de ce coin de pays connu comme la Sibérie suisse. Balade historique célèbre dans la région, la Vy aux Moines est balisée entre la commune française de Montbenoît et Môtiers (NE). Des panneaux indicatifs témoignent de la présence des bénédictins au Moyen Âge déjà. Les premières communautés religieuses parcourant le Jura se sont installées dans les vallées alentour, d’où la création de cette voie d’échange empruntée également par des marchands de sel et des contrebandiers. C’est à La Brévine que nous commençons notre itinéraire en direction du lac des Taillères, encore gelé à cette période de l’année. Après une petite grimpée à travers un bois tapissé de mousses, la vue sur le Jura et les Alpes se révèle magnifique depuis «La Citadelle», point culminant de la randonnée. Seulement quelques fermes et troupeaux de vaches peuplent le paysage. Au milieu d’une clairière verdoyante, une bâtisse blanche baptisée Monlési contraste avec les alpages rustiques. La descente sur Môtiers s’effectue ensuite dans une forêt plus sombre où «le tilleul des catholiques», vieux de 500 ans, s’impose solennellement. Le retour en plaine s’achèvera par une halte au séchoir à absinthe de Boveresse.

étapes

Les chants du lac gelé
Une légende raconte qu’un soir du XVe siècle,
les habitants d’Estaillères ont été réveillés par un effroyable bruit. La forêt s’était transformée
en une étendue d’eau, qui serait à l’origine du lac des Taillères. Faites une pause sur un banc, et vous serez bercé par le chant des bulles d’air se déplaçant sous la glace. Mais ne prenez pas le risque de vous y aventurer: même si la surface est encore gelée, elle est devenue fragile.
Arrivée à «La Citadelle»
Aussi appelé le «Signal des Français», c’est le point le plus haut de la balade: 1212 m d’altitude. Situé au milieu d’un pâturage accueillant des vaches ainsi que des chevaux, il offre une vue sur
le massif du Jura ainsi que les Alpes fribourgeoises lorsque le ciel est dégagé. En contrebas, à la lisière de la forêt, se trouvent les restes d’une ferme appartenant au prieuré Saint-Pierre, et connue dans les écrits comme «La Citadelle».
Ce nom fut repris pour baptiser le lieu.
La retraite de Rousseau
Une halte historique s’impose pour admirer l’extérieur de la chaumière Monlési. En haut d’une petite clairière, ce bâtiment blanc, orné de volets striés de bleu, contraste avec le paysage forestier. Il a été édifié en 1755 par le lieutenant neuchâtelois Abraham de Pury en l’honneur de la reine Louise de Prusse. Lieu de séjour de l’écrivain Jean-Jacques Rousseau entre 1762 et 1765, la bâtisse, détruite par les flammes en 1798, a été reconstruite à l’identique.
Vieux de cinq siècles
Dernier témoin vivant de la Vy aux Moines, ce tilleul est âgé de plus d’un demi-millénaire. Ses imposantes racines attestent de son ancienneté. À l’époque, les religieux avaient installé une statue de Notre-Dame à l’intérieur du tronc pour se recueillir. À la Réforme, la Vierge fut détruite, mais l’arbre vénérable épargné par les bûcherons. Dominant aujourd’hui majestueusement la forêt de Boveresse, il accueille de nouveau une statuette de la sainte Vierge.
Mythique fée verte

Tradition oblige, l’arrivée au Val-de-Travers est marquée par l’omniprésence de la fée verte. Le séchoir à absinthe de Boveresse est ouvert uniquement les dimanches d’été, faute de chauffage. Cette bâtisse en bois est le symbole du bourg, cultivant depuis des siècles cette plante emblématique de la région. Un détour par la maison-musée de l’absinthe à Môtiers permet de découvrir l’histoire et les légendes autour du breuvage local qui peut être dégusté sur place.

Texte(s): Mathilde Jaccard
Photo(s): Mathilde Jaccard

infos pratiques

Y aller

En transports publics: de Neuchâtel, car postal 380 direction Le Locle, arrêt
«La Chaux-du-Milieu village», puis car postal 381 direction «La Brévine poste, terminus».

Le parcours

Itinéraire de 15 km pour 4 h 10 de marche de niveau moyen (+400 m/-700 m). Bonnes chaussures conseillées. Carte de l’OFT au 1:25000 no1163 Travers.

Se restaurer

À La Brévine: Hôtel-de-Ville, village 179. Ouvert tous les jours. Tél. 032 938 20 00.

À Môtiers: Les Six-Communes, rue Centrale 1. Fermé lundi et mardi.
Tél. 032 861 20 00.

Se renseigner

www.j3l.ch