10 novembre 2022

vaud, Pays-d’Enhaut

Balade en enjambant le col des Mosses

Les Alpes vaudoises offrent un cadre paisible pour une échappée parsemée de beautés à cueillir avec les yeux. Autre avantage, cette randonnée menant à La Lécherette ne présente guère de difficulté.

L’arrière-saison à la frontière du Pays-d’Enhaut, c’est le sifflement du vent sur les alpages déserts, les reflets mordorés et ondulants des hautes herbes pareilles à une toison, les contours délicats des montagnes aux couleurs pastel qui semblent peintes par un talentueux aquarelliste. Mais également la persistance de l’odeur de la sève attachée aux dernières chaleurs de novembre, l’impulsion que donne le sol gorgé d’eau à chaque pas et enfin, la lumière, encore, avant l’hiver…

Notre balade, une boucle sans grande difficulté, commence au col des Mosses. On s’engage alors directement à travers les pâturages afin de gagner le calme d’un couvert forestier. La suite du parcours nous réserve plusieurs centaines de mètres de montée, avant de finir par une longue ligne droite nous menant au refuge de Pra Cornet, au centre d’un vaste plateau herbeux. Après un ravitaillement bienvenu vient le moment de redescendre en direction de la route des Mosses, en empruntant un sentier sinueux flirtant avec des ruisseaux aux charmants gargouillis. Lorsque l’on arrive à La Lécherette, on s’enfonce dans les bois face à la caserne. Quelques fermes isolées jalonnent le chemin du retour.

étapes

Une liaison ancestrale

Tout commence au départ de l’immanquable parking des Mosses, sur la route du même nom, en face du bâtiment de l’espace nordique. Connue avant tout pour son domaine skiable, la localité abrite un vaste site marécageux d’importance nationale. Le col, à quelques minutes à pied, est emprunté depuis la préhistoire. Il restera la liaison principale entre le Pays-d’Enhaut et le reste du canton de Vaud jusqu’à la fin du XIXe siècle.

De rutilants grelots

Avec ses baies rouge écarlate en grappes, le sorbier des oiseleurs attire l’attention des promeneurs. Répandu
sur l’ensemble du territoire helvétique, essentiellement en zone montagnarde, cet arbre est ainsi nommé, car ses fruits sont prisés par les oiseaux, qui en raffolent! Comestibles, ils peuvent, une fois cuits, être utilisés comme diurétiques. En décoction, ils s’avèrent un remède naturel aux enrouements et aux extinctions de voix.

Halte à Pra Cornet

En sortant de la forêt, l’arrivée sur le plateau très ouvert de Pra Cornet offre une vue pratiquement panoramique sur les montagnes alentour, du Pic-Chaussy au Tarent. À partir de mi-novembre, la buvette vous régale de mets typiques et organise des soirées de contes et légendes. En attendant, on peut y admirer les impressionnantes provisions de bois pour l’hiver et profiter des terrasses ensoleillées en dégustant un pique-nique de mi-parcours.

Le calme avant l’hiver

Au terme d’une longue descente quelque peu glissante sur des pentes boueuses, on retrouve un sol dur en regagnant le chemin des Eraisis – celui-ci nous mène à la route des Mosses. Après être passé devant quelques résidences, une église, une chapelle et une remontée mécanique, nous voici à La Lécherette, un des principaux accès vers le lac de retenue de l’Hongrin. À cette période de l’année, le lieu est paisible, comme en dormance avant les premières neiges.

Vaste monde fongique

Qu’ils soient carmin, blanchâtres, en groupes serrés, seuls, cachés dans les hautes herbes ou escaladant le bord d’un tronc vermoulu, les champignons se rencontrent tout au long de notre randonnée. Et la diversité est au rendez-vous. Restez donc attentifs! Prudence tout de même: s’ils s’avèrent un régal pour les yeux, ces merveilles
sont à cueillir avec précaution. Pour davantage de sécurité, mieux vaut les photographier!

Texte(s): Camille Saladin

Photo(s): Camille Saladin