De mi-mai à mi-juin, ils sont en pleine floraison – avancée ou encore timide selon le degré d’exposition des talus sur lesquels ils poussent. Et ils drainent des cohortes de promeneurs venus de partout pour s’en repaître les yeux. Spécialité des Préalpes surplombant la Riviera vaudoise, les narcisses méritent le détour! Ils seront le «fil blanc» de notre balade entre les Pléiades et les Avants – mais non le seul point d’intérêt.

La boucle de plus
C’est d’ailleurs pour multiplier les coups d’œil sur Narcissus radiiflorus et ses six étroits tépales blancs que nous avons choisi, au départ de la gare des Pléiades, de faire le tour par la crête en suivant la direction de la Châ, le long de la lisière, avant de rejoindre les Ténasses et l’itinéraire balisé nous menant sur les hauts du vallon de Villard. Une boucle que l’on peut zapper en optant pour la direction Prantin – mais ce serait se priver des plus beaux champs mouchetés de blanc de notre itinéraire, avec en arrière-plan un Moléson encore enneigé; ce serait aussi renoncer à un joli point de vue sur Châtel-Saint-Denis et la Veveyse, quelque 500 mètres en contrebas de la crête.
De cet endroit, nous atteignons le chalet de Prantin en suivant le balisage Tourisme pédestre… ou en coupant à travers champs sur une trace bien marquée. Histoire de s’enivrer de l’odeur entêtante de la fleur, voire de s’en faire un bouquet (en restant raisonnable, et sans quitter le chemin: en cueillir une, c’est souvent en écraser vingt). Le terrain devient spongieux, et nos semelles vont inévitablement faire plus ample connaissance avec la tourbe noire et collante de ce marais d’altitude. Une passerelle de planches remplace la trace, pour notre confort, et surtout parce que le piétinement est fatal à ce biotope devenu rare.
À la hauteur des Ténasses, toujours sur nos planches blanchies par le soleil, on s’engage dans le bois, à gauche, en suivant la direction Les Avants-Sonloup… ou en se fiant aux flèches indiquant C4 (le matricule de cette partie de notre itinéraire, détaillée sur le site id-rando.ch). Le décor est radicalement différent, son charme bien plus septentrional: un haut-marais classé réserve naturelle, ou prospèrent non plus les narcisses, mais le pin à crochet, la canneberge, la myrtille, la sphaigne d’eau ou encore les gros bouquets charnus de la sarracénie pourpre, qui se nourrit de petits insectes piégés dans ses cornets tentateurs. Le sous-bois s’assèche peu à peu, et le sentier nous amène au refuge de Pautex, dont on traverse la place de repos avant de continuer à descendre en direction du parking.

Revoilà les narcisses
De là, on attaque vingt minutes de montée assez raide sur le bitume. Pas très folichon, mais bien abrité! Peu avant la Bâtardière, on laisse le goudron derrière soi en tirant à droite sur un chemin forestier, qui se mue en sentier traversant une haute futaie très escarpée, avec deux ou trois jolis torrents à la clé. Une grosse demi-heure nous amène au pâturage du Lautaret, avec les Dents-du-Midi en point de mire.
On rejoint ensuite la route de Plan-de-Châtel, avant de bifurquer à droite en direction de Chamby et En Villard. L’itinéraire délaisse à nouveau la route pour traverser le vallon d’Orgevaux et rejoindre Cergniaule. Pour ceux qui ne cèdent pas à la tentation de son auberge et de sa terrasse, ne reste plus qu’à descendre à Sonloup et piquer sur la gare des Avants, par le funiculaire ou par le sentier. Cette dernière option offrant d’ultimes champs de narcisses… au prix d’un dernier raidillon à faire subir à nos genoux, qui n’ont certes pas démérité.