Collaboration et créativité animent les domaines helvétiques

La petite taille des exploitations viticoles suisses a limité l’institutionnalisation de l’œnotourisme. Des initiatives durables sur les plans économique et écologique tentent d’inscrire le pays sur la route des vins.
17 novembre 2024 Horace Perret
À Puidoux (VD), le centre Lavaux Vinorama fait découvrir les crus de la région.
© Charly Cavin/DR
La Maison des Vins de La Côte.
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Domaine-hôtel de la Colline de Daval.
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Lavaux Vinorama 
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Humus & Wine
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De nombreux pays producteurs de vin se sont engagés dans l’œnotourisme depuis plusieurs décennies. On connaît les routes des vins dans la Napa Valley en Californie, dans les régions viticoles de France ou d’Espagne, ou au Portugal, le long du Douro, où l’on peut déguster du porto et séjourner dans des «quintas», ces exploitations traditionnelles qui ont souvent fait le pari de l’architecture contemporaine.

En Suisse, l’œnotourisme s’est longtemps limité aux traditionnelles caves ouvertes et fêtes des vendanges, mais l’offre ne cesse de se diversifier depuis quelques années. Il est ainsi possible de déguster les meilleurs crus romands après un concert de rock, un tour en touk-touk ou une balade en trottinette électrique dans les vignobles. Diverses manières de créer du lien avec les amateurs de nectars locaux pour résister à la concurrence étrangère.

Durabilité et authenticité

«L’œnotourisme n’est pas neuf, il vient de l’envie de favoriser un tourisme doux et de répondre à une demande de retour à la nature et à des valeurs plus ancrées, en lien avec le terroir et l’agriculture», explique Vincent Bornet, enseignant à la Haute École de gestion de Sierre, chargé notamment d’un cours sur l’œnotourisme et l’agrotourisme. Avec la notion de durabilité, les gens ont envie de découvrir ce qui se cache derrière les bouteilles qu’ils consomment, de voir les coulisses et de rencontrer les producteurs.

L’œnotourisme répond parfaitement à cette tendance. «Il est durable par essence, car il promeut un tourisme doux qui permet de faire découvrir les produits locaux et d’encourager les circuits courts», se réjouit Yann Stucki, organisateur du Best of Wine Tourism, un prix qui récompense chaque année les meilleurs projets œnotouristiques suisses.

Benoît Caloz, responsable de l’activité œnotouristique au domaine de la Colline de Daval, à Sierre (VS), abonde dans le même sens: «Quand on a des visites sur le domaine, on voit que les gens sont sensibles à la démarche environnementale, mais c’est surtout l’authenticité qui compte. Ils veulent repartir avec des histoires sur les produits.»

Un atout économique

Les régions touristiques ont compris l’intérêt à mettre en avant le terroir qui devient très souvent leur ambassadeur. «Mais si le produit est une chose, les valeurs et la passion des producteurs en sont une autre. C’est devenu un centre d’intérêt pour la clientèle, ce que l’œnotourisme a bien compris», analyse Vincent Bornet.

Ainsi, sous ce terme large d’œnotourisme, les vignerons peuvent décliner des activités selon leurs affinités pour mettre l’accent sur la culture, le patrimoine historique ou la nature. Pour des domaines souvent familiaux et de tailles réduites comparativement aux pays voisins, c’est souvent par la collaboration entre viticulteurs que des initiatives naissent.

Sur le long terme

Le développement d’infrastructures communes – par exemple, Lavaux Vinorama, la Maison des Vins de La Côte, ou encore Les Celliers de Sion – joue également un rôle essentiel dans cet écosystème. À défaut de pouvoir accueillir la clientèle au domaine et proposer ses vins en vente directe, le producteur peut renvoyer les consommateurs vers ces structures qui s’en chargent.

«Du point de vue touristique, cela permet d’assurer un accès permanent à l’offre, un élément clé si l’on veut faire rentrer notre région sur la carte des destinations œnotouristiques internationales, relève Yann Stucki.

«Si l’on peut se réjouir de l’essor de l’œnotourisme, il faut garder à l’esprit que nous avons entamé un travail de fond sur du long terme; nous mesurerons toute la plus-value dans une bonne décennie», conclut l’expert.

Quatre lieux où le vin devient une expérience

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La Maison des Vins de La Côte

Située au cœur du vignoble, la Maison des Vins de La Côte vient d’ouvrir ses portes à Mont-sur-Rolle (VD). Elle accueille plus de 80 domaines viticoles et propose 200 crus différents, provenant uniquement de la région. L’institution propose entre autres des balades dans les vignobles de Mont-sur-Rolle avec des œnoguides certifiés – des sorties qui se terminent par une dégustation. L’objectif est de faire découvrir les crus du terroir de La Côte auprès du public local et étranger. «La Maison ambitionne de devenir un haut lieu touristique et s’appuie, dans ce but, sur une vue panoramique sur le Léman ainsi que sur son tout nouvel écrin, un bâtiment alliant architecture moderne et tradition viticole», explique Nathalie Ravet, qui officie en tant que «maîtresse de maison».

+ d’infos www.maisonsdesvins.ch

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Domaine-hôtel de la Colline de Daval

La Colline de Daval, à Sierre (VS), est un domaine familial, vieux de cinq générations, qui propose des expériences œnotouristiques autour du vin, son produit phare, qu’elle fait découvrir à côté d’autres denrées (asperges, abricots, pommes, poires) cultivées et transformés sur le domaine. Les activités vont de la dégustation en passant par toutes sortes d’événements auxquels se mêlent animations et spectacles. L’offre est complétée par un bar à vins, un magasin en vente directe et un hébergement dans un castel. «L’œnotourisme permet de renseigner et de sensibiliser les gens sur ce que l’on fait au domaine, ce qui s’avère très utile, particulièrement auprès des citadins qui connaissent souvent mal le fonctionnement de l’agriculture», explique Benoît Caloz, responsable de l’activité œnotouristique.

+ d’infos www.collinededaval.ch

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Lavaux Vinorama

Situé à Puidoux (VD), Lavaux Vinorama est le centre de découverte des vins et du vignoble en terrasses de Lavaux, vignoble inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. Son credo: promouvoir les valeurs de ce vignoble en proposant des expériences culturelles et sensorielles autour de la vigne et du vin. On peut ainsi découvrir ce terroir grâce à des «wine tours», des balades «culturelles et sensorielles», mais aussi des virées en touk-touk ou à vélo électrique, avec à la clé une dégustation. Le Vinorama représente 140 producteurs et compte 305 références de vins. Selon Monica Tomba, la gérante du lieu, «la collaboration est très cordiale avec les vignerons, le Vinorama se chargeant de faire découvrir aux nombreux touristes et visiteurs de la région le charme et la qualité des vins de Lavaux, un service très apprécié par les producteurs de vin».

+ d’infos www.lavaux-vinorama.ch

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Humus & Wine

Humus & Wine est né d’une collaboration entre le label de musique indépendant Humus Records et la Brasserie de Montbenon, à Lausanne. L’idée est de faire découvrir les vins de la région au public des concerts de rock en «mixant» ces deux activités. «On organise cela depuis quatre ans, avec une dizaine de dates par année», dit Renaud Meichtry, l’un des porteurs du projet. Les événements sont nomades, ils se déroulent chez les vignerons ou dans des lieux plus ou moins liés au monde viticole. «Dans l’œnotourisme classique, on a en général le vin et une animation à côté pour que les gens boivent. Nous avons tenté l’inverse: faire boire du vin aux gens qui vont aux concerts, et ça marche, poursuit Renaud Meichtry. Car même si les concerts ne sont pas complets à 100%, la dégustation – qui est payante et se déroule avant le concert – est, elle, toujours pleine.»

+ d’infos www.humusandwine.ch

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