De la capitale du Nord vaudois, une succession de tableaux ruraux sous le regard des crêtes du Jura

Romains, comtes de Savoie, domination bernoise et bouleversements de la Révolution vaudoise: Yverdon-les-Bains porte les traces d’une histoire millénaire, avec une présence humaine attestée dès le néolithique. Des vestiges datant d’environ 4000 av. J.-C., voire plus anciens encore, en témoignent, notamment un alignement de menhirs situé aux abords de la ville.

Mentionnée pour la première fois en 1174, la ville du Nord vaudois est réputée pour son patrimoine thermal, sa forteresse romaine et son château médiéval du XIIIe siècle, devenu aujourd’hui le Musée d’Yverdon et région, où l’on peut admirer une vaste collection d’objets anciens régionaux ainsi que des embarcations gallo-romaines presque intactes nichées dans les caves voûtées de la forteresse.

Une montée et le panorama

Notre parcours commence là, dans cet écrin habité par différentes époques, que l’on peut également venir admirer après quelques heures passées à pédaler à la découverte des environs.

On enfourche notre vélo pour s’engager dans la rue de la Plaine, puis l’avenue des Bains, avant de prendre à gauche sur la route de Pomy et d’apercevoir, sur le chemin de Calamin, un petit panneau violet qui indique le début de la balade (624). Au départ de la boucle, la montée est courte, mais quelque peu exigeante.

Nous voilà en pleine campagne et une pente offre quelques minutes de répit, avant que l’on pédale de plus belle sur de longs chemins dont on peine à voir la fin. On arrive alors à Pomy, où le paysage s’ouvre véritablement sur l’horizon.

Des sentinelles chargées de fruits

Mis en avant par un panneau didactique, un verger haute tige, constitué d’arbres de variétés anciennes, participe au maintien du réseau écologique des environs. Les arbres encore jeunes y prennent leur temps pour pousser, à côté de bottes de paille rondes posées çà et là sur la prairie fauchée.

Aux quatre coins des espaces champêtres qui quadrillent le panorama, de vieux arbres fruitiers ressemblent à d’antiques sentinelles, chargées de cerises ou de pommes. Au rythme des coups de pédale, on observe le paysage.

Là, on admire un océan de blés dorés: le vent fait onduler les épis comme des vagues marines. Un peu plus loin, le guidon frôle des plantes aux longues gousses fines qui forment un tapis de picots; il s’agit de colza, méconnaissable sans ses fleurs jaunes caractéristiques. Des papillons se poursuivent dans des battements d’ailes frénétiques. Un renard trottine, au loin, avant d’apercevoir les passants et de s’enfuir vers des bosquets. Les kilomètres défilent sous les roues. En toile de fond s’érigent les crêtes jurassiennes – le Suchet et le Chasseron notamment – et la chaîne des Alpes, plus lointaine et vaporeuse.

Le chant de la forêt

Après Essertines-sur-Yverdon, où il faut rejoindre la circulation routière quelques instants, on profite temporairement de la forêt et de sa fraîcheur bienvenue. A contrario du silence rural, la zone boisée accueille le cycliste dans une véritable symphonie musicale, où merle noir, mésange charbonnière, pouillot véloce, troglodyte mignon et grive musicienne rivalisent de vocalises.

Le voyage se poursuit avec un agriculteur qui offre, malgré lui, un spectacle aux randonneurs. Occupé au travail de la terre dans laquelle il creuse des sillons, il est entouré de dizaines d’oiseaux – mouettes, cigognes et rapaces – qui ne s’envolent à son approche que pour mieux suivre l’engin. On s’arrache de la contemplation de ce tableau paysan pour continuer notre chemin.

Retour en douceur

À Vuarrens, on s’engage enfin dans la descente. On file alors, cheveux au vent, pour les derniers kilomètres de la balade. La route serpente jusqu’à Yverdon-les-Bains en passant par plusieurs localités. Villars-le-Terroir, Goumoëns-la-Ville, Penthéréaz, Corcelles: les villages traversés, aux innombrables jardins fleuris, s’éloignent vite de la vue dans la chaleur des champs, et bientôt seuls les clochers sont visibles au loin.

Partout, des fermes proposent une multitude de produits en libre-service. À Suchy, le lavoir villageois offre une pause ombragée, et, presqu’au terme de cette excursion estivale, on se surprend à s’allonger sur la pierre humide.

Une fois Épendes traversé, il faut enjamber le canal oriental et longer l’aérodrome d’Yverdon-les-Bains avant un retour en centre-ville, dans le charme intact des ruelles pavées et des maisons médiévales colorées. La place Pestalozzi fourmille d’une activité touristique; ses nombreux magasins invitent à la visite ou à la dégustation. C’est l’heure d’une halte bien méritée en terrasse – pour une glace ou un bon repas chaud. Et, pourquoi pas, d’une baignade dans le lac de Neuchâtel, suivie d’une sieste sur les plages de la ville.