neuchâtel, Môtiers

Balade dans le fief du philosophe et de la fée verte

Un bel itinéraire au départ de Môtiers (NE), dans le Val-de-Travers, nous emmène sur les traces de l’écrivain Jean-Jacques Rousseau, dans un paysage romanesque qui est aussi le berceau de l’absinthe.

Avec ses allures d’opulent boulevard, la Grande Rue de Môtiers dégage quelque chose d’anachronique dans le paysage campagnard alentour. Les vastes demeures en pierre sont largement espacées les unes des autres, toutes ornées d’un pavage de fins galets qui nous fait remonter le temps. À la Maison de l’absinthe, spiritueux local des plus fameux, succède celle, pétrie de charme, du Musée Jean-Jacques Rousseau. Puis aux portes du bourg, le décor change. Sous les ors de l’automne, le chemin forestier longe un ruisseau, dépasse une source qui sourd du sol sans bruit, avant de gravir une faible pente menant à une grotte et à une cascade. Rousseau retrouvait ici le contact quasi fusionnel avec la nature qui lui était cher. Sur le chemin parsemé de galets gravés de mots de l’écrivain, nous regagnons ensuite le village pour suivre le ruban de l’Areuse, qui coupe en deux de verdoyants pâturages. Les berges de la rivière sont colorées de buissons rougeoyants, et de grands peupliers partiellement déplumés. Immobiles sur leurs branches, des hérons surveillent d’un œil perçant les promeneurs. Le retour sur la bourgade invite à la flânerie le long de la Vieille Areuse, un bras encore sauvage de la rivière transformé en havre de tranquillité pour la faune.

étapes

À la source de l’absinthe

Reconnue depuis l’Antiquité pour ses vertus médicinales, l’absinthe devint pour la première fois un spiritueux à Couvet, en 1798. Mais sa réputation d’élixir de santé tourne au breuvage dangereux, car il contient des molécules qui rendraient fou. La boisson est interdite en 1910, des distilleries clandestines restant actives. En 2005, la production est à nouveau autorisée avec un taux réduit de thuyone. Plus d’infos: www.maison-absinthe.ch

Fontaines… rebelles

Les nombreuses fontaines aux larges bassins de Môtiers sont autant d’éléments utiles et décoratifs de la bourgade, mais incarnent aussi un aspect important de l’histoire de la région. Leur illumination, le 12 de chaque mois de septembre depuis 1814, témoigne ainsi de l’insoumission des habitants du canton de Neuchâtel, alors propriété du roi de Prusse, à l’interdiction qui leur était faite de fêter leur entrée dans la Confédération.

La grotte à Rousseau
À la sortie du bourg, une cascade cachée dans le massif boisé est un site qu’aimait particulièrement Jean-Jacques Rousseau lors de son séjour à Môtiers (1762-1765), avant qu’il trouve refuge sur l’île Saint-Pierre du lac de Bienne. Une suite de galets incrustés dans le sol s’égrène sur le chemin qui conduit à cette chute bordée d’une grotte. Sur chacun d’eux, quelques mots que l’on doit au philosophe et écrivain. Une plaque commémorative rappelle aussi son passage.
Haut lieu culturel
Sa population dépasse à peine les 800 habitants, mais Môtiers peut se targuer d’un patrimoine architectural et culturel hors du commun. La cité possède en effet un château – originellement appelé Vauxtravers, il date du XIVe siècle -, un prieuré, d’où le nom de Môtiers qui signifie monastère, un théâtre, mais aussi des musées. Jean-Jacques Rousseau y a le sien, ainsi que l’absinthe, la «fée verte» ayant son origine dans la vallée.
Le long de l’Areuse

Si l’essentiel des eaux de l’Areuse est canalisé à la hauteur de Môtiers, suivre ses berges plus sauvages en plein cœur du Val-de-Travers est un vrai plaisir, encore amplifié par les couleurs de l’automne. Entre Fleurier et Môtiers, il existe un bras nommé Vieille Areuse, dont le lit est toujours naturel. Cet environnement protégé est propice à une belle biodiversité. Les fameuses gorges de la rivière se trouvent à Noiraigue, à 10 km en aval.

Texte(s): Daniel Aubort
Photo(s): Daniel Aubort/Infographie Pascal Erard

infos pratiques

Y aller

En transports publics: rejoindre Neuchâtel par l’intercity, puis train régional direction Buttes pour Môtiers. Départ de la balade à la gare.

En voiture: rejoindre Môtiers via Yverdon, Sainte-Croix et le col des Étroits ou par Neuchâtel. Places de parc à côté de la gare de Môtiers.

Le parcours

Itinéraire facile et très plaisant de 7 kilomètres. Compter 2 heures de marche effectives pour un dénivelé de 150 mètres. Carte de l’OFT au 1:25000 No 1163 Travers.

Se restaurer

Les restaurants étant fermés en raison de la pandémie, prendre avec soi pique-nique et boissons.