Et si, pour faire mousser le marché, les brasseurs s'unissaient?

Les temps sont durs pour de nombreuses microbrasseries. En 2021, la Suisse en comptait 1278, un record faisant d’elle le pays ayant la densité de brasseries la plus élevée au monde. Mais leur nombre est depuis en net recul: une centaine d’établissements ont fermé leurs robinets ces deux dernières années, d’autres luttent pour leur survie.

Pour éviter que les fûts ne se vident davantage encore, les fondateurs de la brasserie BlackPig à Courroux (JU) ont eu une idée originale, créer une entreprise – Jura Craft Drink – afin de réunir d’autres artisans, de bières mais aussi de sodas, sous une seule et même bannière.

Plus forts à plusieurs

Pas pour uniformiser les goûts, mais dans le but que les petites marques se renforcent face aux géants du secteur en mutualisant leurs ressources. «Dans le Jura, il y a actuellement dix-sept brasseries en activité, détaille Benjamin Bost, directeur de BlackPig et de Jura Craft Drinks. Si on arrive à optimiser le processus, on pourra tous être gagnants. Acheter par exemple du malt ou du houblon à un plus fort tonnage nous permettrait de réduire nos factures de l’ordre de 30%.»

Aujourd’hui, les artisans se battent contre des gros groupes qui vendent des canettes de 5 dl à un franc et concluent des contrats avec des établissements, au grand dam des brasseurs locaux. «On n’arrivera jamais à ce tarif, ce n’est pas le but qu’on vise, ajoute-t-il. Mais en achetant mieux, en ayant les mêmes cartons, les mêmes bouteilles, les mêmes capsules par exemple, on arrivera clairement à diminuer notre coût de fabrication.»

Pour l’heure, la démarche a séduit quelques artisans, à l’image de Jurassic Soda à Moutier. «On travaille actuellement tous à flux tendu, pour faire survivre nos entreprises. Je ne connais pas un brasseur qui prend deux semaines de vacances, conclut Benjamin Bost. On s’organisant et en pouvant compter sur des collègues pour nous remplacer, on pourra mieux respirer. Mais ça prendra du temps.»