La Neuchâteloise Pauline Seiterle a fait de son rêve d’enfant son métier. Dimanche, pour la première fois, elle animera la mythique émission horticole de la RTS. À cette occasion Monsieur Jardinier change de nom.

Une émission faite pour elle
Elle commence par vagabonder à travers plusieurs radios de l’Arc jurassien, telles que Canal 3, RTN, RJB et RFJ; elle anime des émissions culturelles, culinaires, musicales ou traitant de questions sociales. Son parcours la mène alors à la RTS, avec qui elle collabore depuis 2013. Aujourd’hui, la journaliste se sent pleinement satisfaite de son métier. «J’ai l’impression d’être absolument là où je dois être. Même mes défauts sont exploités utilement. Rien ne m’est fermé, et ça, ça n’a pas de prix.» Quant à la crainte enfantine de la répétition du quotidien, elle est désormais bien loin.
Pour la jeune animatrice, qui est récemment devenue maman d’une deuxième petite fille, il y a des questions que l’on porte en soi et qui surgissent en force entre trente et quarante ans. «Notre influence sur l’environnement, la place de l’homme dans la nature, les rouages du système dans lequel on vit, l’impact général de nos choix alimentaires… Toutes ces problématiques s’imposent alors.»
Elle est loin de se cantonner à la théorie. Au contraire, la mise en pratique de ces sujets lui tient à cœur depuis longtemps. À l’université déjà, elle ne dérogeait pas sur la proximité des produits qu’elle achetait. Aujourd’hui, elle privilégie de manière encore plus systématique les boutiques en vrac et les circuits courts. Et bien sûr, elle jardine. Un mode de vie qui fait écho aux thèmes qu’elle traitera dans son émission dominicale. «Elle était faite pour moi. Ou plutôt, j’étais faite pour elle!» s’exclame-t-elle. Sereine, Pauline Seiterle a foi en ce projet, qu’elle souhaite aborder avec douceur, sans pression ni prise de tête. «En réalité, l’essentiel de l’émission repose sur l’équipe: ce sont eux les véritables acteurs. Nous allons évoluer ensemble, à notre rythme.»
Hors des sentiers battus
En plus de faire le lien entre les participants de cette émission horticole qui répond aux questions du public depuis plus de quarante ans, Pauline Seiterle entend créer une ouverture sur le milieu académique et les initiatives qui mélangent des savoir-faire traditionnels aux connaissances récentes sur l’agriculture et la biologie des sols. Et également mettre en lumière ceux qui l’inspirent. «Ce sont des sujets qui sont joyeux, c’est passionnant. Quand il y a de la passion, il y a de l’amour. Et avec de l’amour, on fait beaucoup de choses», s’enflamme-t-elle.
L’animatrice y parlera aussi de cuisine, qu’elle voudrait vivante, savoureuse, gastronomique, dans l’air du temps. Il lui importe de sortir des sentiers battus pour valoriser les produits des récoltes, de casser les habitudes pour rappeler l’essentiel de manière pointue et détaillée. «La cuisine, c’est aussi scientifique, et je souhaite le prouver.»
Le goût de l’action
Le direct s’avère un exercice de voltige particulier. De la pure radio, comme la trentenaire aime à dire. «C’est vertigineux. Il y a beaucoup d’imprévus, de l’humain, du vivant et de la poésie dans la place laissée à tout ce qui n’a pas été conceptualisé ou raisonné.» Trois heures par semaine pour saisir les occasions au vol quand elles se présentent, gérer à la fois les invités, les jardiniers, les échanges de mails, les coups de téléphone, les vétérinaires, les chroniqueurs et les techniciens. «On est partout, et on ne s’en rend plus vraiment compte. Ça devient organique, ce genre de faculté!»
Aux premières lueurs du jour, durant quelques heures, le dimanche matin, elle n’existera plus que pour ses auditeurs. Ça, c’est le goût du métier.
+ d’infos www.rts.ch/monsieurjardinier
Son univers
Un livre
Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes: «Découvert à l’université, ce texte de Jean-Jacques Rousseau m’a profondément marquée.»
Un film
Solutions locales pour un désordre global, de Coline Serreau. «Mon éveil à l’agriculture moderne s’est fait en partie grâce à ce chef-d’œuvre.»
Une plante
L’ortie: «C’est ma madeleine de Proust.»