Et si vos yuccas et lauriers passaient l’hiver en pension?
Un olivier en pot mesurant un peu plus d’un mètre de haut trône fièrement au milieu du jardin d’Anne-Catherine Bulliard. «Je l’ai reçu pour mes 60 ans, c’est mon chouchou! Malheureusement, je n’ai pas assez de place pour le mettre à l’intérieur. À 790 mètres d’altitude, les hivers sont parfois rudes et il ne tiendrait pas le coup», raconte cette habitante de Vuisternens-en-Ogoz (FR). Pour le protéger, elle le met chaque année en pension dans une jardinerie de Belfaux (FR). D’ici quelques jours, il sera acheminé en camionnette jusque dans une serre, où il passera la saison au chaud. «C’est très pratique, surtout qu’il ne rentre pas dans ma voiture. Et je suis sûre de le retrouver en forme au mois de mai!»
L’hivernage de plantes est un service dispensé par de nombreux garden centres en Suisse romande, comme celui de Noville (VD), qui le propose depuis plus de vingt ans. Ce mois d’octobre, des dizaines de plantes méditerranéennes, agrumes, yuccas et cactus ont déjà rejoint leurs quartiers d’hiver: un local de 2000 mètres carrés réservé à cette activité. «Au cœur de la saison, on en a plus d’un millier. Des clients nous confient aussi leurs plantes grasses et certaines fleurs comme le solanum. Il y a beaucoup d’habitués», explique Nicolas Brönnimann, directeur.
Plantes méditerranéennes
Pour s’épanouir pleinement, les végétaux profitent d’une température comprise entre cinq et sept degrés et bénéficient d’un soin tout particulier. Dans les magasins Schilliger, situés à Matran (FR), Gland (VD) et Plan-les-Ouates (GE), l’arrosage, la taille et le rempotage – au besoin – sont assurés par une équipe de professionnels. «Nous faisons également un contrôle sanitaire dès l’arrivée pour prévenir tout risque de transmission de parasites, comme la cochenille. Parfois, des clients nous amènent une trentaine de plantes, ce qui nécessite une bonne organisation, relève Michel Cretin, responsable de la production horticole. En revanche, nous leur précisons bien qu’il s’agit d’un service d’entretien et non de remise en forme.» Un point que relève également la jardinerie Andréfleurs, à Assens (VD), qui offre cette prestation depuis cinq ans. «Nous nous réservons le droit de refuser une plante infectée ou malade», souligne Elian Martin, responsable de la pépinière. À noter que les plantes tropicales telles que l’hibiscus, le bougainvillier ou le bananier ne sont généralement pas admises, car elles ont besoin d’une température plus élevée pour se développer.
Mais à qui s’adresse ce «plante-sitting»? Principalement à des détenteurs de plantes en pot fragiles qui n’ont pas de serre ni la place pour les hiverner à l’intérieur. «De plus, il n’est pas toujours évident de trouver le lieu adéquat, observe Nicolas Brönnimann. La température dans une maison est trop élevée pour la plupart des végétaux. Si on les laisse près d’une fenêtre, l’alternance entre des températures chaudes et froides peut les faire périr. Les pièces sombres telles que la cave ne sont pas non plus adaptées, car les plantes ont besoin de lumière.»
Succès grandissant
Sans compter que l’hiver n’est pas la saison la plus évidente pour s’occuper des arbustes et autres végétaux en pot. Un arrosage trop abondant gorge le sol d’eau et peut causer l’apparition de moisissures au niveau des racines. Une humidification légère et contrôlée est donc préférable. «En nous confiant leurs plantes, les clients s’assurent de les maintenir en bonne santé et de ne pas avoir à les racheter chaque année, ce qui coûte vite cher, note Nicolas Brönnimann, qui constate un succès grandissant de ce service. Avec le réchauffement climatique, les plantes méditerranéennes sont de plus en plus appréciées sous nos latitudes, car elles s’y plaisent à la belle saison. En hiver, les gens prennent souvent moins le temps de s’en occuper. Cela répond à un réel besoin.»
Si les personnes intéressées peuvent se rendre directement en magasin avec leurs petites protégées, les jardineries proposent aussi de venir chercher les spécimens les plus lourds ou encombrants chez les particuliers, moyennant des frais supplémentaires. Les prix à la saison varient en fonction des mètres carrés au sol et de la taille de l’arbuste, suivant les garden centres. En moyenne, il faut compter entre 50 et 100 francs la saison, pour un pot d’environ 30 à 50 centimètres. Pour Frédéric Burnier, responsable des pépinières Burnier à La Croix-sur-Lutry (VD), cette prestation permet d’assurer un chiffre d’affaires en hiver, mais surtout de maintenir un lien avec les clients. «Il s’agit souvent de plantes symboliques, comme des cadeaux de mariage, qui ont une grande valeur affective. Il est important d’être à la hauteur de la confiance qu’on nous accorde.»
Protéger vos plantes en plein air
Si certaines plantes fragiles doivent être mises sous serre, d’autres n’ont besoin que d’un petit coup de pouce pour survivre à l’hiver en plein air. Voici quatre moyens de les protéger:
- La paille: elle protège les racines des risques de gel, en prévenant leur déchaussement. Dès le mois de novembre, une couche de cinq à sept centimètres de paillis sur les plates-bandes permet aussi de ralentir la croissance de certaines mauvaises herbes.
- Le voile d’hivernage: ce tissu léger et isolant permet de protéger du froid les arbustes, en maintenant sous le voile 2 à 3 degrés de plus que la température ambiante. Certains modèles fabriqués en laine de mouton sont particulièrement efficaces. En revanche, cette protection ne sera pas suffisante pour les agrumes, les bougainvilliers ou les hibiscus.
- Les écorces de pin: particulièrement résistantes et se décomposant très lentement, elles permettent d’éviter l’érosion et le compactage des sols, tout en limitant l’évaporation de l’eau. En revanche, elles acidifient légèrement la terre et sont donc à réserver pour des plantes acidophiles comme la bruyère, les rhododendrons ou les azalées.
- Les branches de sapin: elles constituent une très bonne couverture hivernale en évitant que les massifs de plantes vivaces, bulbes et plantes à fleurs ne soient étouffés par la neige. Cette matière organique permet aussi une meilleure régénération de la terre.
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