Escapade sur les versants du Chasseron, où le Balcon du Jura déroule son magnifique panorama

Outre sa situation stratégique aux abords du col des Étroits, la petite ville de Sainte-Croix (VD) peut se targuer de se trouver au carrefour de nombreux itinéraires de loisirs, qu’il s’agisse de randonnée pédestre, de cyclotourisme ou de parcours à VTT, sans évoquer les sports d’hiver.

L’idée de gravir le Chasseron vient naturellement à l’esprit. La vue dont l’on bénéficie une fois le sommet atteint figure en effet assurément parmi les plus intéressantes qu’ait à offrir le Jura vaudois. Un simple aller-retour ne permettrait néanmoins pas de pleinement faire honneur aux autres curiosités. Aussi peut-on imaginer une boucle relativement longue, en explorant les flancs du sommet.

Appel des hauteurs

Au départ de la gare CFF, on céderait volontiers à la visite du MuMAPS, le musée de la mécanique d’art et du patrimoine de Sainte-Croix, où l’on apprend à mieux connaître les savoir-faire locaux ayant contribué à la réputation de la région. Mais l’appel des hauteurs est trop fort! Remontant les ruelles, on passe devant le temple protestant, puis très vite on laisse derrière soi les dernières habitations. En toile de fond, à l’ouest, les éoliennes du Mont-des-Cerfs dominent la petite bourgade.

Après avoir brièvement profité de l’ombrage d’une hêtraie, on poursuit à travers prés pour rejoindre la route d’alpage contournant le sommet du Cochet. À l’abri des arbres, quelques cardamines à sept folioles ne manquent pas de charmer les promeneurs.

En quelques minutes vont ensuite s’offrir aux marcheurs deux possibilités de se restaurer: la cabane-resto La Casba tout d’abord, dissimulée un peu à l’écart du chemin, mais que l’on aperçoit sans mal, et le chalet-restaurant Les Avattes. La vue en direction des Alpes charmera inévitablement qui fait halte ici.

Leçon de géographie

En poursuivant vers le nord, on aborde bientôt ce qui constitue sans mal l’un des points forts de la randonnée. Après quelques courts tronçons boisés, on débouche sur une magnifique crête panoramique. Quelques primevères, des parterres de gentianes, l’une ou l’autre cardamines, toute la flore locale s’allie pour tenter de distraire les randonneurs, mais rien n’y fait; le Plateau et les Alpes attirent le regard. Le nombre de sommets qui découpent l’horizon laisse pantois, tandis qu’en avant-plan, les vastes étendues agricoles et les grands lacs complètent une belle leçon de géographie helvétique. Parmi les points forts, le Mont-Blanc et sa masse écrasante, le Léman et le lac de Neuchâtel.

Armé d’une bonne paire de jumelles et par conditions météorologiques favorables, peut-être apercevra-t-on le jet d’eau de Genève? Plusieurs minutes durant, on chemine ainsi, épaté par l’ampleur du panorama. L’appellation «Balcon du Jura» ne saurait être remise en question!

Côté français, les reliefs jurassiens, couverts de forêts, s’effacent lentement. Sur son versant occidental, le chaînon que l’on remonte dresse une paroi calcaire qui gagne en ampleur à l’approche du sommet. De l’autre côté, des pentes couvertes de prairies s’abaissent en douceur et font le bonheur de quelques oiseaux au chant sonore et continu.

Richesses archéologiques

Parvenu au point culminant, on peut étancher sa soif de connaissance en matière de géographie alpine, puisqu’une table d’orientation porte un panorama à 360°, dessiné par Louis Jaccard-Lenoir en 1894. Accordeur de claviers de pièces à musique, ce passionné de montagne et d’alpinisme fut syndic de Sainte-Croix et livra alors un dessin de grande qualité, qui ravit aujourd’hui encore les randonneurs de passage.

Peu avant de rejoindre ce point de vue, on aura peut-être fait halte devant un panneau explicatif aux abords de l’hôtel du Chasseron. Un parcours didactique, constitué de cinq postes et démarrant au parking de Sous la Joux (1437 m, au sud du Chasseron), éclaire les curieux quant aux richesses archéologiques révélées entre 2004 et 2005 par l’Institut d’archéologie de l’Université de Lausanne. Les alentours du sommet du Chasseron auraient servi de sanctuaire durant le haut empire romain et un temple y aurait été bâti. Les passionnés pourront rallonger leur balade en effectuant une boucle d’une heure et demie.

Succulent retour

En poursuivant au long de la crête vers le nord-est, on aborde une première portion descendante, qui mène en quelques minutes au chalet des Roches Éboulées. Quelques gros blocs calcaires clairsemés dans les pâturages au-dessus de la bâtisse auront facilité le baptême des lieux. L’endroit s’avère idéal pour pique-niquer, si tel n’a pas été le cas auparavant. Les marmottes qui ont colonisé l’endroit ne manqueront pas de vanter ses charmes si la chance vous est donnée de leur faire la conversation…

Le retour vers Sainte-Croix démarre ensuite au long de La Dénériaz, en passant par les deux alpages du même nom. Il faut encore fournir quelques efforts pour remonter jusqu’au chalet-restaurant Mont-de-la-Mayaz, où une pause gourmande s’impose. Les quelques kilomètres destinés à boucler la boucle permettront alors de digérer toute à la fois les succulents desserts ainsi qu’une balade riche en découvertes.