Les abandons de poules et de coqs se multiplient
Des poules abandonnées, parce qu’elles ne pondent plus. Des coqs dont on cherche à se débarrasser, car leur chant dérange le voisinage. Le formidable engouement de ces derniers temps pour les gallinacés et la production maison d’œufs a son revers. «Tous les jours, je reçois des demandes pour prendre en charge un ou plusieurs coqs, s’inquiète Wendy Pichard, du refuge la Bouche qui rit, à Saxon (VS). Ces appels proviennent majoritairement de particuliers, qui ont fait couver des œufs pendant le confinement. Si les poussins sont mignons, une fois arrivés à l’âge adulte, les coqs commencent à se battre entre eux ou à chanter aux aurores.
Et là, les gens sont dépassés.» La Société vaudoise de protection des animaux est quant à elle plutôt contactée pour des poules qui ne pondent plus. «L’an dernier, nous en avons recueilli une vingtaine», témoigne Stéphane Crausaz, gérant de l’association. Si ce problème reste marginal en regard du nombre de chiens et chats dont les propriétaires se séparent chaque année, il met néanmoins en lumière un phénomène récent et en augmentation. Ce qui devrait inciter les personnes qui souhaitent acquérir de la volaille à bien se renseigner avant de se lancer dans l’aventure, relève le Vaudois. «Certains propriétaires s’en séparent aussi par lassitude. Ils trouvent en effet que les efforts consentis pour s’occuper quotidiennement de ces animaux sont trop importants en comparaison avec le rendement.»
Des adoptions dérisoires
Si les abandons ne concernent qu’un nombre limité d’animaux, ceux-ci posent néanmoins problème aux refuges. Il est en effet très difficile de replacer ces coqs et poules, quasiment personne n’en veut. «De plus, lorsque nous recevons des gallinacés de particuliers, on nous amène souvent un petit groupe, qui prend rapidement de la place au refuge, sans espoir de le désengorger», déplore Stéphane Crausaz. Certaines SPA, comme celle de La Côte, ne les acceptent d’ailleurs plus. Dans d’autres, comme à Sainte-Catherine (Lausanne), la volaille finit dans la majorité des cas sa vie dans les enclos de la SPA. Le Refuge de la Bouche qui rit, spécialisé dans les animaux de rente, tire néanmoins un constat plus réjouissant: depuis sa création en 2014, quelque 160 sujets ont trouvé un nouveau propriétaire. Un contrat d’adoption est signé, afin de décourager les éventuels amateurs de transformer ces gallinacés en poules au pot.
Attention à l’état sanitaire
L’abandon n’est pas toujours volontaire, mais parfois rendu obligatoire par les services vétérinaires cantonaux. À Saxon, le refuge a ainsi accueilli des dizaines de poules à la suite de plusieurs séquestres ordonnés par les autorités pour cause de négligence. «Nous sommes fréquemment confrontés à des personnes qui installent quelques poules sans s’informer suffisamment sur les bases légales de détention en termes de protection des animaux, constate Claire Zen-Ruffinen, adjointe du vétérinaire cantonal valaisan.
Souvent, les maisonnettes ne sont pas conformes, il manque des structures comme des perchoirs et des nids ou la surface à disposition est insuffisante. Si, dans certains cas, nous nous contentons d’informer les propriétaires, l’état sanitaire des animaux ou l’hygiène des locaux sont parfois tellement lacunaires que nous devons séquestrer les animaux.» Il vaut donc la peine de se documenter correctement en amont, que cela soit pour savoir si le règlement communal autorise la construction d’un poulailler ou pour connaître les soins de base à apporter.
Des oeufs limités dans le temps
Un œuf par jour, quasi 365 jours par année, pondu dans son jardin: voilà de quoi faire rêver tous les amateurs d’omelettes, œufs durs ou pâtisseries, qui souhaitent produire eux-mêmes une part de leur alimentation. Oui, mais…. La poule pond seulement régulièrement de l’âge de 6 mois jusqu’à 2 ans environ. Ensuite, la production est plus aléatoire, en fonction de la race, de l’état de santé et des conditions de détention, jusqu’à s’arrêter entièrement. Or cet animal vit en moyenne une dizaine d’années.
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