Sur le terrain avec les chiens de défense et de sauvetage
Sur la base militaire de Wangen an der Aare (BE), de jeunes soldats effectuent des exercices sous l’œil attentif de leurs chefs de section respectifs. Discipline et respect des ordres sont de rigueur. Mais ils ne sont pas les seuls à accomplir leur service militaire. Des recrues pour le moins singulières s’appliquent également à remplir les exigences qu’on attend d’elles. «Chaque année, de nouveaux chiens intègrent l’armée, explique l’adjudant Stefan Brotschi, responsable de leur formation. Nous les spécialisons soit pour la défense, soit pour le sauvetage.» Cette section remporte un franc succès: une centaine de jeunes soldats postulent comme conducteurs de chien à chaque école de recrues, alors que seules quinze à vingt places sont disponibles.
Pour l’heure, l’un des heureux élus entraîne son partenaire canin à retrouver une personne disparue dans des décombres. Se déplaçant avec agilité dans les ruines d’un bâtiment effondré, le chien capte attentivement les odeurs, avant de signaler sa découverte en aboyant avec force. Ayant parfaitement réussi l’exercice, il est alors récompensé par son nouveau maître. Voilà seulement quatre semaines en effet que les soldats ont reçu leur chien de service, qui a été au préalable formé par l’armée. «Je suis chargé de constituer les tandems, précise Stefan Brotschi. Je me fais d’abord une idée de la personnalité de la recrue, puis l’interroge sur ses souhaits et son mode de vie. Une trentaine de critères rentrent en ligne de compte pour choisir quel animal sera attribué à quelle recrue.»
Présents sur tous les fronts
Si l’utilité de chiens entraînés à rechercher des personnes disparues lors de catastrophes naturelles ne fait pas de doute, l’intérêt de chiens de défense dans les rangs de l’armée est tout aussi important. «Ces derniers peuvent entrer en action dans des situations très variées, même sur un territoire qui n’est pas en guerre, souligne l’adjudant. Ils jouent notamment un rôle dans la surveillance et la protection d’infrastructures sensibles et stratégiques, comme des installations électriques ou des conduites d’eau potable, qui pourraient être sabotées.»
Chaque année, de nombreux chiens militaires sont ainsi présents au Forum économique mondial de Davos, afin entre autres missions de sécuriser l’héliport. Si leur simple effet dissuasif réduit le besoin en effectifs, ils sont cependant formés à mordre sur commande au besoin. «Plus que jamais, le chien a un rôle important à jouer pour la protection d’un pays, s’enthousiasme l’adjudant Stefan Brotschi. Je ne connais d’ailleurs aucune armée au monde qui n’en ait pas dans ses rangs.»
Effectifs en chiffres
200 tandems environ, composés d’un conducteur de chien et de son animal.
40 d’entre eux environ appartiennent à la police militaire.
Trois quarts formés pour la défense, un quart pour le sauvetage.
60% de bergers belges, 35% de bergers allemands, 5% d’autres races.
95% des chiens formés par l’armée, puis revendus aux recrues.
2000 francs, leur prix d’achat par les recrues.
2 ans, l’âge moyen des chiens acquis par les soldats.
25% de conducteurs romands et 25% de femmes.
1995, la première année d’école de recrues avec des chiens
Formés par l’armée
Toutes les races de travail de taille moyenne peuvent être incorporées, mais les bergers belges et allemands ont les faveurs de l’armée. «Ils ne doivent pas avoir un tempérament agressif ni craintif, être courageux et en bonne santé.» Si le soldat peut faire son école de recrues avec son propre chien, pour autant que celui-ci ait passé avec succès un test de sélection, la majorité des chiens sont cependant achetés par l’armée. «Nous acquérons à l’étranger une partie d’entre eux, relève l’adjudant. Âgés de 18 mois, ils sont alors déjà partiellement dressés. L’armée complète ensuite leur formation pendant trois semaines à six mois, avant qu’ils soient remis aux recrues.» Pour favoriser la filière suisse, un programme visant à se fournir auprès d’éleveurs du pays a été mis en place depuis quelques années. Un tiers des chiens sont désormais acquis par cette voie. Placés dans des familles d’accueil, les chiots y reçoivent une éducation de base, avant de rejoindre l’armée.
Pour les conducteurs et leurs chiens qui terminent l’entraînement du jour, la formation ne fait que commencer. «Un chien de service doit être entraîné régulièrement pour maintenir ses acquis, indique l’adjudant. Les soldats sont donc responsables de renforcer leurs compétences dans le civil, notamment en continuer à se perfectionner auprès de REDOG, la société suisse pour chiens de recherche et de sauvetage, une organisation partenaire.» Certains tandems formés à l’armée ont ainsi été engagés comme civils lors du séisme qui a eu lieu en Albanie en novembre dernier, afin de rechercher des victimes sous les décombres.
Des débouchés dans le civil
Lors de son école de recrues, chaque conducteur de chien effectue pendant un mois une formation militaire de base. Il reçoit ensuite un chien apte au service, avec lequel il suit durant douze semaines une instruction technique qui comporte de l’obéissance, comme la marche au pied ou le rappel, ainsi qu’un entraînement spécifique. Dès ce moment, l’animal l’accompagnera aussi bien à l’armée que dans le civil. Tous les cours de répétition s’accomplissent ensuite avec le chien de service. Ceux de sauvetage et de défense ne représentent pas une unité en tant que telle, mais sont intégrés dans l’infanterie ou la police militaire. Une fois leur formation militaire terminée, les conducteurs de chiens sont très recherchés pour travailler auprès d’entreprises de sécurité privées.
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