Le «folklo-rock» de Sonalp n’a pas fini de faire trembler les montagnes
D’abord, on entend le rythme d’une batterie, plutôt surprenant dans ce coin de campagne enneigée, à deux pas de Rossinière (VD). Puis les notes d’un accordéon et la mélodie d’une basse font vibrer les parois d’une vieille grange anonyme, qui semble posée à l’angle d’un pâturage depuis toujours. Le vénérable édifice cache bien son secret: derrière les planches grisées par le vent, le soleil et la pluie répète l’un des groupes les plus connus de Suisse romande.
Sonalp m’a réconcilié avec une musique populaire souvent vue comme barbante par les jeunes, sourit-il. Nous ne renions pas ce patrimoine, au contraire. Je crois que nous participons à perpétuer une tradition.
Succès immédiat
Avec plus de 300 concerts à son actif et près de vingt ans d’existence, Sonalp a su se faire une place de choix dans le paysage musical helvétique. Son succès tient à un style inédit, empruntant aussi bien au folklore suisse qu’aux musiques du monde ou aux tendances actuelles. Une hybridation un peu folle où se marient le cor des Alpes et le didgeridoo, l’accordéon et le djembé, le yodel et la guitare électrique. Un sacrilège? Quoi qu’en pensent les esprits chagrins, la formule séduit dès les premiers concerts, en 1999. Les acolytes du Pays-d’Enhaut se retrouvent à écumer girons et festivals à un rythme effréné. «On a parfois donné un concert par semaine, se souvient Marc Reichenbach, chanteur et accordéoniste de Sonalp. C’était de la folie!» Quelques années et deux disques d’or plus tard, les choses se sont un peu calmées, certains des membres fondateurs – il en reste deux, Marc et John – ont laissé la place à de nouveaux musiciens, mais le succès du groupe vaudois ne faiblit pas.
«Un, deux… Un, deux, trois, quatre!» Ses baguettes à la main, Rémy, le batteur, donne le signal. Chacun se concentre et saisit son instrument, puis la musique emplit la grange dont les murs sont couverts de souvenirs, d’affiches de concerts et de pochettes d’albums. La voix de Marc module un yodel tandis qu’un grognement de didgeridoo sort du pavillon du cor des Alpes de Chris Haltiner. Pour les musiciens, l’exercice est périlleux: «J’ai appris le yodel traditionnel, confie Marc. Mais le chanter sur un rythme de batterie, ce n’est pas facile. Ce grand écart nous force tous à sortir de notre zone de confort.»
De bruyants ambassadeurs
La force du groupe vient du fait que chacun des musiciens apporte un peu de son univers avec lui: certains ont été bercés au folklore, d’autres viennent du rock, voire de la musique classique. C’est le cas du violoniste, Guillaume Wahli: «Sonalp m’a réconcilié avec une musique populaire souvent vue comme barbante par les jeunes, sourit-il. Nous ne renions pas ce patrimoine, au contraire. Je crois que nous participons à perpétuer une tradition.»Cette tradition dépoussiérée ne plaît pas seulement sous nos latitudes. Le groupe a ainsi été propulsé au rang de porte-parole d’une Suisse à l’aise avec son folklore. De Beyrouth à Hongkong, de Dublin à Bogotá, il exporte son yodel décomplexé aux quatre coins du monde.
Entre deux morceaux, une canette fraîche à la main, on évoque les voyages lointains, mais aussi les concerts plus proches, les anecdotes de backstage ou les péripéties sur les routes des tournées. Pour accoucher de leur quatrième album, les six musiciens ont beaucoup improvisé ensemble dans leur grange. Ils se sont aussi adjoint les services du chanteur français Miro, qui les a aidés à composer et à enregistrer Terre à terres. Dans la grange enfumée, la répétition se poursuit. L’enfant chamois, Là-haut, Adèle, les titres du nouvel album se succèdent. S’interrompent parfois, au gré d’un trou de mémoire. «Les vacances, ça ne me réussit pas, s’excuse Marc. On reprend!» Derrière les portes de vieux bois, la musique va résonner jusque tard dans la nuit.
Nouveau disque dans les bacs
Baptisé Terre à terres, le quatrième album de Sonalp est sorti le 5 janvier, huit ans après Moutor. Il fait la part belle à des sonorités pop et aux textes poétiques. Le titre en jeu de mots de ce disque, enregistré sous la houlette du chanteur français Miro, se veut un hommage aux multiples influences culturelles et musicales qui animent le groupe vaudois. Quant aux thèmes abordés dans les 11 titres de l’album, ils sont fidèles à la réputation de Sonalp: montagne, animaux et nature y sont à l’honneur.
+ d’infos
www.sonalp.com
Envie de partager cet article ?