Une ancienne maison villageoise 
se mue en chic cocon thermique

Chaque mois, nous vous faisons découvrir un habitat exemplaire sur le plan écologique. 
À Chamoson (VS), une bâtisse séculaire alliant pierre et bois produit quatre fois plus d'énergie qu'elle n'en consomme.
4 février 2025 Lila Erard
L'ancienne grange laisse place à un vaste salon avec baie vitrée, valorisant la charpente d'époque et la vue sur les montagnes. Les murs en pierre ont retrouvé leur éclat d'antan.
© Jean-Yves Glassey
L'ancienne grange laisse place à un vaste salon avec baie vitrée, valorisant la charpente d'époque et la vue sur les montagnes. Les murs en pierre ont retrouvé leur éclat d'antan.
© Jean-Yves Glassey
L'ancienne grange laisse place à un vaste salon avec baie vitrée, valorisant la charpente d'époque et la vue sur les montagnes. Les murs en pierre ont retrouvé leur éclat d'antan.
© Jean-Yves Glassey
L'ancienne grange laisse place à un vaste salon avec baie vitrée, valorisant la charpente d'époque et la vue sur les montagnes. Les murs en pierre ont retrouvé leur éclat d'antan.
© Jean-Yves Glassey
L'ancienne grange laisse place à un vaste salon avec baie vitrée, valorisant la charpente d'époque et la vue sur les montagnes. Les murs en pierre ont retrouvé leur éclat d'antan.
© Jean-Yves Glassey

Crépis gris, volets verts et balcon en bois: côté rue, cette maison villageoise typiquement valaisanne ne se distingue en rien des habitations voisines, à Chamoson. C’est en pénétrant par le jardin, à l’arrière, que la magie opère. Les planches de l’ancienne grange ont été démontées et posées sur une partie du toit. À la place, une baie vitrée à colombages inspirée de certaines fermes du pays a été installé, côtoyant la charpente d’époque.

«Quand nous avons visité cette maison, ça a été un coup de cœur. Mais il fallait de l’imagination, car il y avait un sacré cheni! racontent les propriétaires Friederike et Pierre Ilschner-Roduit, qui ont effectué eux-mêmes une partie des travaux.

Valoriser le patrimoine local

Les précédents habitants avaient fait de nombreux ajouts, comme des murs en plâtre, des faux plafonds et divers carrelages. Nous en avons démonté une partie pour retrouver les volumes d’origine.» Pour les épauler, ils ont fait appel à l’architecte Léonard Bender, spécialisé dans ce type de transformation. «L’idée était de revenir à l’essence même du bâtiment, sans le dénaturer. Il est important de valoriser ce patrimoine régional, afin qu’il ne soit pas détruit par des promoteurs pour construire un immeuble.»

À l’intérieur, les nombreux espaces rappellent le riche passé de cette bâtisse aux multiples affectations, qui a révélé son lot de surprises. «Nous avons découvert de magnifiques murs en vieilles pierres, qui ont été mis en valeur et mariés avec des éléments en bois, comme le plancher et le mobilier», raconte le couple, en pénétrant dans la cuisine aux hauts plafonds.

Pièce maîtresse de la villa, le salon orienté nord donne sur le jardin et le Haut-de-Cry enneigé, sans aucun vis-à-vis malgré la proximité des voisins. «Nous sommes souvent à l’ombre, mais c’est appréciable durant les canicules, qui sont de plus en plus fréquentes.» À l’étage, la chambre des trois enfants et la salle de bains prolongent cette fusion entre modernité et tradition, avec un maximum de matériaux locaux. «Le carrelage est en pierres de la vallée d’Aoste (I). Pour les escaliers du bas, elles proviennent de la carrière d’Ovronnaz.»

L'architecte

Léonard Bender a fondé le bureau atLB Sàrl il y a vingt-cinq ans, à Martigny (VS). Pionnier de la durabilité, il a réalisé la première transformation Minergie A-eco du pays et s’est spécialisé dans les constructions passives, réhabilitations et transformations. Son credo: démolir peu et favoriser des habitations flexibles, avec un minimum d’intervention. En somme, penser les projets «avec une brouette plutôt qu’une pelle mécanique».

Une collecte de données

Discrets, des panneaux solaires photovoltaïques anthracites recouvrent l’entièreté de la toiture, alimentant le système électrique et la pompe à chaleur. «Pour ce faire, il a fallu refaire la tuyauterie et l’isolation. Cela me tenait particulièrement à cœur», narre Pierre Roduit, dont le métier de professeur et responsable de l’Institut énergie et environnement à la HES-SO Valais-Wallis, à Sion, est à la hauteur de la tâche.

Aujourd’hui, la bâtisse «à énergie positive» – lauréate du Prix solaire Suisse en 2022 –, produit quatre fois plus qu’elle ne consomme. «En été, c’est beaucoup plus. Il n’y a qu’en hiver, lorsque la neige recouvre le toit, que nous avons besoin de l’électricité du réseau. Le reste du temps, nous la revendons», se félicite le spécialiste, qui estime que l’excédent solaire pourrait permettre à quatorze véhicules électriques de parcourir chacun 10 000 km sans émettre de CO2.

Grâce à des capteurs placés dans le bâtiment, il récupère ces différentes données pour former ses étudiants. Et de transmettre un message: «Si on a réussi à avoir une superproduction d’énergie locale sur un vieux bâtiment, il est possible de le faire facilement sur du neuf et de réduire notre dépendance au pétrole», affirme-t-il. «Une maison n’a pas qu’une seule vie. Elle nous a précédés et nous survivra. C’est ça qui est beau», conclut son épouse.

En chiffres

1940, la façade de la bâtisse est typique de ces années. Des éléments intérieurs datent des XVIIIe et XXe siècles.

9 mois de démolition et 1 an de reconstruction.

2020, année d’emménagement.

220 m2 habitables et un appartement en location au rez-de-chaussée

123 panneaux photovoltaïques sur le toit, produisant 30 kWh pic.

80% de réduction des besoins énergétiques du bâtiment suite à la rénovation.

+ d’infos www.atlb.ch

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