Le réduit national, fragile dernier refuge du tarier des prés
C’est l’histoire d’un habitant du Plateau qui a trouvé refuge en altitude. Jusque dans les années 1950, le tarier des prés était un nicheur répandu dans toute la Suisse. Aujourd’hui, on le trouve surtout entre 1600 m et 2000 m d’altitude.
Ce petit passereau aurait-il eu envie de prendre de la hauteur? En fait, il y a surtout été obligé par son pire ennemi: la fauche hâtive des prairies, qui le contraint à une vaine course contre la montre pour élever ses petits.
La grande faucheuse
Son nom le révèle: le tarier des prés est caractéristique des prairies diversifiées et riches en insectes – autrement dit, multicolores et contrastées, à l’image de son magnifique plumage brun, orange et blanc. Il niche à même le sol, dans un nid de tiges et de mousses construit par la femelle, lorsque la végétation offre un couvert suffisant pour s’abriter des prédateurs.
Malheureusement, son adversaire principal est la fauche fréquente et précoce des prairies, qui détruit nids, œufs et parfois même la femelle couvant au sol. Un tel rythme de fauche s’est imposé dans l’agriculture intensive qui a suivi la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Réfugié montagnard
Le tarier des prés a ainsi progressivement disparu du Plateau. Il ne se rencontre plus que dans le Jura et dans l’espace alpin, à des altitudes élevées, car l’exploitation des prairies y est plus extensive. Comme l’espace disponible diminue lorsqu’on monte en altitude, l’effet sur les effectifs de l’espèce s’en ressent: la population suisse de tariers des prés a diminué de moitié ces vingt dernières années. L’espèce fait partie des cinquante considérées comme prioritaires pour la conservation.
La Station ornithologique vient en aide au tarier des prés depuis 2001 et a pu déterminer quelles mesures étaient le plus à même de sauvegarder l’espèce en Suisse. Maintenir la qualité de l’habitat des populations subsistantes en altitude, en laissant par exemple les herbages occupés sur pied jusqu’à la mi-juillet minimum, reste la priorité.
Lui offrir des zones refuge
Si la fauche concentre l’essentiel des efforts de conservation, les problèmes rencontrés par le tarier des prés englobent d’autres aspects. Insectivore migrateur, il fait également face au déclin généralisé des insectes et aux dangers qui accompagnent la migration.
Il bénéficie des efforts internationaux coordonnés visant à offrir aux migrateurs menacés des zones d’hivernage optimales en Afrique et des sites d’escales de qualité, leur garantissant nourriture et repos sur la route migratoire. Les projets encourageant une agriculture respectueuse de la biodiversité, qui concilient besoins de l’avifaune et contraintes des agriculteurs et agricultrices, viennent également en aide au tarier des prés.
Prairies fleuries riment avec «happy»
Lors de randonnées en montagne, c’est l’occasion idéale de chercher les tariers des prés à proximité de belles prairies fleuries d’altitude. Dans un premier temps, on tendra l’oreille: des claquements et des sifflements matinaux auront vite fait de trahir la présence du beau tarier. On sera attentif aux vols courts au-dessus des buissons, ainsi qu’aux piquets et structures sur lesquels aime se tenir le tarier des prés.
Une fois localisée, l’espèce est facilement identifiable à sa poitrine orange et son sourcil blanc. Le mâle a le dessus brun foncé, alors que la femelle est plus terne. En Suisse romande, il est possible de le voir dans le Pays d’En-Haut, dans le Jura et Jura vaudois, et en Valais. À vos jumelles!
+ d’infos Dans le cadre d’un partenariat, Terre&Nature a proposé à la Station ornithologique suisse, qui fête ses 100 ans cette année, de mettre en avant une série d’oiseaux indigènes.
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