Le milan royal a modifié ses habitudes durant le Covid
«Avant les confinements, les milans royaux recherchaient surtout la proximité des routes pour se nourrir lorsque l’approvisionnement naturel en nourriture faisait défaut ailleurs, afin d’y manger les cadavres d’animaux accidentés», a expliqué à Keystone-ATS Benedetta Catitti, auteure d’une étude récemment publiée par la Station ornithologique suisse à Sempach (LU) et parue dans la revue Biology Letters.
Mais pendant le semi-confinement, vu le peu d’animaux écrasés, ils ont évité les zones proches des routes pour rechercher davantage les endroits où ils pouvaient trouver de la nourriture fournie par les humains. Une fois les confinements terminés, les rapaces ont à nouveau ajusté leur comportement et recommencé à privilégier la proximité des routes, tout en restant très attentifs aux zones où ils trouvaient de la nourriture humaine.
Faculté fascinante
«C’est un exemple fascinant de la façon dont les animaux peuvent adapter leur comportement de manière flexible pour survivre», a expliqué Benedetta Catitti. Cette faculté d’adaptation pourrait être selon elle un facteur essentiel de la pérennité des milans royaux en Suisse.
Cette espèce a pu se répandre considérablement en Suisse au cours des dernières décennies. «Il est généralement important de comprendre comment nous, les humains, intervenons dans l’écologie des animaux et comment ceux-ci réagissent à nos comportements, même de manière très subtile et souvent imperceptible», poursuit la chercheuse.
Suivis par trackers GPS
Pour étudier le comportement de l’oiseau, les chercheurs ont équipé de jeunes milans royaux, juste avant qu’ils ne quittent le nid, de détecteurs GPS. «Ces trackers sont comme une sorte de sac à dos que nous pouvons poser sur les oiseaux», relève Benedetta Catitti.
Ils sont également équipés d’un petit panneau solaire pour l’alimentation en électricité. Jamais la trace des rapaces n’est perdue. Pas moins de 199 spécimens ont été observés.
Les données recueillies sont également utilisées pour de nombreuses autres études. Les chercheurs ont par exemple découvert que les milans royaux tendaient à demeurer en Suisse durant l’hiver à mesure qu’ils vieillissaient, plutôt que de s’envoler vers le Sud.
