«Les agriculteurs peuvent agir concrètement pour sauver les abeilles»

Quel est le constat à la base du projet?

Qu’il y a un déclin général des pollinisateurs en Suisse. De plus, les abeilles souffrent d’un manque de nourriture entre les mois de mai et juillet, après la fauche des prairies et la fin de la floraison des vergers et du colza. Cette période de disette contraint parfois les apiculteurs à les nourrir artificiellement avec des sirops. Dans ce contexte, l’agriculture est souvent pointée du doigt comme étant en partie responsable de la dégradation de la biodiversité, et plus spécifiquement de la mortalité des butineuses. Nous voulions prouver que ce milieu peut aussi avoir un impact positif dans leur survie.

Concrètement, quelles mesures ont été testées?

On peut citer la fauche retardée des prairies temporaires riches en trèfle, la plantation de sous-semis de légumineuses dans les céréales, l’installation de structures de nidification, comme des tas de bois ou de pierre, la mise à disposition d’emplacements pour des ruchers à l’année près des parcelles ou encore l’abandon de l’utilisation du conditionneur. Ce dispositif mécanique installé sur les faucheuses permet de fendre les tiges, ce qui accélère le séchage du fourrage, mais tue un grand nombre d’abeilles à chaque passage. Chacune de ces mesures, pour la première fois expérimentée à grande échelle dans le pays, donnait accès à une indemnisation, pour couvrir les éventuels risques financiers liés à ces changements de pratique.