Reportage
Les fruitiers doivent être taillés avec soin pour bien produire

Les arbres, qu’ils aient été fraîchement plantés ou soient déjà d’un certain âge, demandent un entretien régulier. Arboriculteur retraité, Roland Gonin dispense ses conseils pour réussir leur taille.

Les fruitiers doivent être taillés avec soin pour bien produire

Avec près de 700 arbres à entretenir, le travail ne manque pas pour ­Roland Gonin. À Essertines-sur-Yverdon (VD), cet arboriculteur retraité prend grand soin de son verger, qui regorgera à la belle saison de cerises, pommes, poires, prunes, pêches et même abricots. Pour l’heure, la taille occupe une bonne partie de ses journées. Essentielle, elle permet de favoriser la fructification et de s’assurer de belles récoltes, pour autant qu’un gel tardif ou de la grêle ne viennent pas mettre à mal les fruitiers. «Il est important d’intervenir pendant le repos végétatif, mais hors période de grands gels, souligne le Vaudois. Je taille de janvier jusqu’à la fin de l’hiver. Si on renonce à la taille, l’arbre produira de moins en moins de fruits, ou alors seulement des fruits de petit diamètre et de qualité inférieure.»

La pratique est essentielle
Certaines espèces, tels les cerisiers, font néanmoins exception et se taillent de préférence pendant ou juste après la récolte, en plein été. Cette opération suscite souvent beaucoup de questionnements et de réticence des particuliers qui hésitent à intervenir eux-mêmes. De nombreux cours sont cependant proposés en Suisse romande. Si se former est essentiel pour Roland Gonin, afin de ne pas faire de grossières erreurs, oser se lancer est tout aussi important à ses yeux. «La taille ne s’apprend pas dans les livres, il faut pratiquer pour se perfectionner, insiste l’arboriculteur. L’amateur qui souhaite prendre soin lui-même de ses fruitiers doit apprendre à observer ses arbres, avant d’empoigner son sécateur. Il est souvent trop pressé de couper ici ou là. Les réactions d’un pommier, par exemple, suite à la taille de l’année précédente, donnent beaucoup d’indications. De nombreux rejets verticaux montrent une erreur, qu’il va falloir corriger.» Tout l’art consiste à trouver le bon équilibre, car il faut tailler, mais pas trop, en gardant l’harmonie générale de l’arbre. Plus on coupe, plus il va pousser, mais pas forcément pour produire des fruits.

Favoriser la lumière
On distingue deux tailles principales, la taille de formation, sur les jeunes arbres, et la taille d’entretien, sur les fruitiers plus âgés. Qu’on ait des basses tiges, des mi-tiges ou des hautes tiges, le principe général reste le même. Seuls les arbres formés en espalier ou en palmette, par exemple, demandent un suivi un peu plus particulier. «La taille de formation vise à partir sur de bonnes bases pour avoir un arbre qui ait une structure favorable à la production fruitière, explique le professionnel. On accorde alors beaucoup d’importance aux charpentières, au nombre de trois ou quatre. Elles doivent être réparties de façon équilibrée et harmonieuse autour de l’axe principal de l’arbre.» Idéalement, celles-ci devraient avoir un angle de 45 degrés environ avec le tronc. Lors de la taille d’entretien, une fois l’arbre en production, on n’intervient plus sur la charpente de base.
On veille par contre à favoriser la pénétration de l’air et de la lumière jusqu’au cœur de la couronne. Les feuilles doivent en effet impérativement être caressées par le soleil pour pouvoir produire des sucres grâce à la photosynthèse. Et les fruits ont également besoin de lumière pour mûrir. Les branches indésirables qui rentrent vers l’intérieur et celles qui se superposent l’une à l’autre sont donc supprimées. On coupe également les gourmands verticaux et les branches mortes ou pas assez vigoureuses. Pour terminer, les rejets sur le tronc, ainsi que les drageonnages à partir de la racine, sont éliminés. «Je commence toujours depuis le haut en veillant à conserver une forme conique, explique Roland Gonin. Je m’assure aussi que les branches soient plus longues et plus épaisses en bas qu’en haut.» Lorsqu’un rameau doit être supprimé, il est important de le couper à la base, sous peine de favoriser des rejets contre-productifs l’année suivante. Les branches plongeant vers l’extérieur porteront les futurs fruits: il faudra cependant s’armer de patience, la mise à fruit prenant en moyenne entre deux et sept ans après la plantation, suivant la variété et le mode de culture.

Texte(s): Véronique Curchod
Photo(s): François Wavre

Des cours pour se former

La Société de pomologie vaudoise a pour objectif de transmettre des connaissances liées à la culture des arbres fruitiers. Durant la période hivernale, un cycle de plusieurs cours de taille permet d’acquérir des connaissances théoriques et pratiques pour prendre soin de son verger. Le prochain, qui a pour thématique la taille fruitière sur les jeunes et anciens mi-tiges, se déroulera le samedi 9 février à la Mauguettaz, près d’Yvonand (VD).
+ D’infos Renseignements et inscription: tél. 079 402 55 48 ou www.arboriculture-vaudoise.ch

Quatre notions à maîtriser

1. Observer la silhouette de l’arbre
Avant de se précipiter sur le sécateur et la scie, il est important de prendre le temps de regarder attentivement l’allure générale du fruitier. En prenant de la distance, il est plus aisé de déterminer où il convient de tailler ou non.


2. Savoir différencier les bourgeons
Certains bourgeons, dits à bois, participent à la croissance de l’arbre, alors que d’autres, les floraux, vont porter les fleurs et donner des fruits. Ces derniers sont plus ronds et gonflés que les premiers.


3. Utiliser correctement son sécateur
Lorsqu’on souhaite supprimer un rameau, on place la lame sur la partie de la branche à couper, dirigée vers l’extérieur, et on coupe en biseau. La lame doit être entretenue régulièrement par un affûtage et une désinfection à l’alcool.


4. Supprimer tous les gourmands
Les gourmands sont des branches indésirables qui poussent verticalement avec beaucoup de vigueur. Chez les fruitiers, ils sont un signe de déséquilibre entre la croissance et la fructification et doivent donc être supprimés.