Unir deux arbres pour n'en faire qu'un

Le greffage est une opération de multiplication végétative qui consiste à assembler deux plantes différentes – un greffon et un porte-greffe – afin qu’elles fusionnent et ne forment plus qu’un seul organisme. Cette technique repose sur une condition essentielle: la compatibilité biologique des deux sujets, généralement de la même espèce ou d’espèces très proches (comme un poirier greffé sur un cognassier).

L’objectif principal est de reproduire fidèlement une variété fruitière sans passer par la graine. En effet, la reproduction sexuée modifie les caractéristiques d’une plante: les semis ne donnent que très rarement des fruits identiques à ceux du pied mère. Le greffage permet de conserver les propriétés variétales d’un arbre (forme, goût, précocité…) et de les associer aux qualités d’un porte-greffe choisi avec soin.

Socle résistant

Ce dernier joue un rôle capital: il détermine la vigueur de l’arbre, son développement (haute tige, demi-tige, basse tige), sa tolérance à certaines conditions de sol (humidité, calcaire, sécheresse), et sa résistance à des maladies ou ravageurs présents dans le sol. Bien choisi, le porte-greffe augmente les chances de réussite.

Le greffon, quant à lui, est un rameau prélevé sur la variété que l’on souhaite multiplier. On le sélectionne sur un arbre sain, de préférence sur du bois d’un an, d’un diamètre équivalent à un crayon gris (environ 5 mm), et d’une longueur de 20 à 30 cm. La récolte s’effectue en période de repos végétatif: décembre à janvier pour les fruitiers à noyaux, janvier à février pour ceux à pépins. Les greffons sont ensuite mis en jauge, c’est-à-dire conservés en sable humide à l’abri du gel, ou stockés dans le bac à légumes du réfrigérateur jusqu’au greffage.

Un greffon, plusieurs techniques

Il existe plusieurs méthodes de greffe, à adapter selon la période et le diamètre des sujets: greffe en fente, à l’anglaise, en couronne, en incrustation ou encore en écusson. La majorité se pratique au printemps, sauf l’écussonnage qui se réalise en été, lorsque la sève circule bien sous l’écorce.

Quelle que soit la méthode, le succès dépend de la précision du geste: les cambiums – fines couches situées juste sous l’écorce, responsables de la croissance – doivent entrer en contact le plus intimement possible. La coupe doit être nette, franche, réalisée avec un couteau à greffer propre et bien affûté.

Bien surveiller

Le greffon, orienté afin que le bourgeon terminal regarde vers l’extérieur, peut être raccourci à trois yeux. La zone d’union est ensuite ligaturée avec du raphia, puis protégée par un mastic à greffer naturel, appliqué soigneusement sur toute la plaie pour éviter le dessèchement.

Observer, préparer, attendre le bon moment et travailler proprement sont les clés d’un greffage réussi. Et quand les premières feuilles apparaissent sur le greffon, quelques semaines plus tard, c’est que la greffe a pris.