Très sollicités durant le confinement, chats et chiens accusent le coup
Vous avez l’impression que votre chat vous regarde de travers? Il quitte la pièce dès que vous arrivez alors que votre chien ne vous lâche pas d’une semelle? Le télétravail et le semi-confinement, imposés aux humains comme aux animaux de compagnie, ont parfois modifié le comportement et la santé de nos compagnons à quatre pattes. Depuis des semaines, Médor et Minette sont devenus en effet nos collègues de travail. Eux qui avaient l’habitude de voir leur maître quelques heures par jour se retrouvent soudain à devoir partager leur territoire la journée entière.
Si les chiens semblent adorer avoir de la compagnie – et pouvoir sortir en promenade à leur guise –, il en va autrement pour les chats. Routiniers de nature, ce changement d’habitude n’est pas sans conséquence pour eux, constate la vétérinaire Ann Parvis, qui gère le cabinet des Jordils, à Yverdon-les-Bains (VD). «Ce printemps, nous avons constaté une augmentation des cystites hémorragiques de stress, relève-t-elle. Elles sont probablement dues au fait que les familles étaient confinées avec les enfants et que les chats se retrouvaient alors très sollicités.» C’est d’autant plus vrai dans les petits appartements, où le félin ne dispose d’aucune pièce où s’isoler, alors qu’ordinairement il passe jusqu’à 16 heures par jour à dormir pour être en forme.
Scruté à la loupe
Heureusement, ce n’est pas le cas pour tous les animaux de compagnie. «La plupart de nos petits patients sont bien heureux d’avoir leur propriétaire toute la journée avec eux. Cette proximité permet aussi une meilleure observation d’éventuels symptômes ou comportement particulier», observe Ismaelle Bottinelli, responsable des cabinets Vetmidi de Saint-Prex (VD) et Étoy (VD). «Les maîtres détectent de petites masses ou des verrues jamais vues auparavant, confirme Laura Meunier de Vétavenir, à Nyon (VD). Ils sont beaucoup plus attentifs à leur animal et profitent d’avoir du temps pour les examiner de très près.»
Effet collatéral de cette colocation prolongée, les cabinets vétérinaires croulent sous les demandes de renseignements de clients n’ayant jamais autant ausculté le comportement et l’appétit de leur protégé. Ils renoncent en revanche souvent à se déplacer lorsqu’ils jugent les soins non essentiels à la santé de leur compagnon. «On a noté par exemple une baisse des vaccinations, de la réalisation de bilans senior et de la coupe des griffes lors de cette deuxième vague Covid», poursuit Ismaelle Bottinelli.
Cohabitation sans tension
Avec un chien
«Si votre chien devient hypercollant, il faut agir», prévient Ariane Maillard Verhagen. Réapprenez-lui à rester seul dans une pièce et à aller à sa place en lui donnant ensuite un jouet à mâchouiller pour l’occuper. Pour le distraire, vous pouvez organiser des parties de cache-cache ou des jeux de piste, en dissimulant des friandises dans des tasses retournées par exemple, puis laisser la truffe de Médor travailler, rappelle l’association Quatre pattes.
Avec un chat
Offrez-lui du temps seul dans une pièce. Vous pouvez aussi travailler son agilité en créant un parcours en hauteur ou l’inciter à bouger en fabriquant une canne à pêche l’aide d’un bâton et d’un fil sur lequel vous fixerez un volant à faire tournoyer dans l’air.
Avec un lapin
Il a peut-être aussi envie de s’amuser. Créez un parcours d’obstacles à sa hauteur avec de petites boîtes sur lesquelles vous disposerez des friandises. En tirant un morceau de pomme attaché à une ficelle, vous l’encouragerez aussi à se dégourdir les pattes.
+ D’infos
www.quatre-pattes.ch
Contrecoup a posteriori
Si les chats semblent se réjouir du retour au bureau de leur propriétaire, il en va autrement des chiens. Beaucoup plus sociables et câlins que ces derniers, certains montrent des signes d’anxiété dite de déritualisation, voire de séparation. «Ce sentiment se traduit par une perte d’autonomie, des aboiements répétitifs, la destruction du mobilier et même un retour de la malpropreté, détaille Ariane Maillard Verhagen, vétérinaire comportementaliste au Lignon (GE). Il touche particulièrement les chiots de 1 à 2 ans en phase d’apprentissage.»
Ce qui provoque une explosion des demandes de conseils, des chiens ne supportant plus d’être seuls à la maison comme auparavant. La comportementaliste craint d’ailleurs d’importantes répercussions ces prochains mois, ayant pris connaissance, par le biais de confrères français, qu’une hausse des morsures a été enregistrée dans l’Hexagone au printemps. «Le nombre de chiots inscrits dans mon école d’éducation a dernièrement doublé. Cela n’est pas uniquement dû à la fermeture d’autres structures, constate la praticienne genevoise. De nombreuses personnes en ont acheté un pour combattre la solitude, mais elles sont novices en la matière. Elles ne se rendent pas compte que la sociabilisation d’un chien prend du temps et surtout que leur nouveau compagnon vivra quinze ans.»
Un déconfinement en douceur
Pour éviter les mauvaises surprises après les vacances de Noël, Ariane Maillard Verhagen conseille de réinstaurer un rythme de vie normalisé sans tarder (voir l’encadré ci-contre). Quitte à forcer la séparation. Cela pour le bien des chiots même si ces derniers se révèlent être un soutien moral important durant cette pandémie. Une étude anglaise récente révèle en effet que, pour 90% des personnes sondées, leur animal a été un précieux compagnon pendant le confinement, 96% estimant même qu’il les a aidées à rester en forme moralement et physiquement. Aux propriétaires qui reprennent le chemin du bureau ou de l’atelier de leur rendre la pareille en les préparant à retrouver leur vie d’avant la Covid.
Un antistress de bonne compagnie
De nombreux propriétaires estiment mieux vivre le semi-confinement grâce à la présence de leur animal. Les balades avec son chien permettent de garder la forme et le moral alors que le ronronnement des félins se révèle être un bon antistress. «Il apaise et agit un peu comme un médicament», explique le vétérinaire toulousain Jean-Yves Gauchet, père de la «ronron thérapie». Selon ce dernier, le ronronnement du chat émet des vibrations sonores calmantes et bienfaisantes en cas de stress ou d’anxiété, un peu comme le fait la musique.
Envie de partager cet article ?