Taxes américaines: huit produits suisses touchés de plein fouet
L’annonce avait sidéré les marchés internationaux. En août dernier, le président Donald Trump annonçait une forte augmentation des tarifs douaniers pour des dizaines de pays, afin de «restructurer le commerce mondial au bénéfice des travailleurs américains». Avec 39%, la Suisse était l’un des pays européens le plus durement touchés. La taxe se montait, elle, à 15% pour l’Union européenne.
Les États-Unis étant le premier marché d’exportation pour la Suisse, l’impact sur notre économie est considérable et les conséquences se font déjà sentir. En mai, après une première hausse, les exportations vers les États-Unis avaient déjà chuté de 41,7%, soit de 2,4 milliards de francs.
En août, les ventes avaient encore dégringolé de 31,2% par rapport au mois précédent, selon l’Office fédéral des douanes et de la sécurité des frontières. Si les produits pharmaceutiques et chimiques, ainsi que les montres, sont particulièrement concernés, les denrées comptabilisées comme «agricoles», selon le Secrétariat d’État à l’économie, sont aussi un marché important.
Le café: 878,85 millions de dollars*
Bien qu’aucun caféier ne pousse sur le sol suisse, notre pays est un géant mondial du commerce du café transformé. Nous figurons même sur le podium des pays qui en exportent le plus au monde, notamment grâce à Nespresso, la filiale de Nestlé, qui produit des capsules, décaféinées ou non, dans ses usines à Orbe (VD), Avenches (VD) et Romont (FR), grandement appréciées des consommateurs américains. Parallèlement, nos deux principaux fournisseurs de grains de café vert – non torréfiés – étaient le Brésil et la Colombie en 2024.
* moyenne sur 2020-2024
Les boissons sucrées: 441,50 millions de dollars
D’après le site des données publiques du commerce des États-Unis USA Trade Online, la Suisse y exporte une grande quantité de «boissons sucrées», dont la quasi-totalité est comptabilisée sous «Energy drinks». Cette catégorie renvoie notamment à la boisson énergisante Red Bull. Si le siège de l’entreprise est en Autriche, le mélange et le remplissage des canettes ont lieu en partie à Widnau, dans le canton de Saint-Gall. En plus d’utiliser l’eau de source des Alpes, la multinationale achèterait environ 25% du sucre suisse de betteraves du pays, selon des informations de la SRF publiées en 2020, qui n’ont pas été validées par la firme.
Les préparations alimentaires et extraits végétaux: 98,99 millions de dollars
Une quantité importante de produits transformés par nos industries est envoyée outre-Atlantique, tels que des préparations alimentaires à base de gélatine, contenant du sucre de canne ou de betterave, ainsi que des produits laitiers. La fondue prête à l’emploi est notamment concernée, informe la Fédération des industries alimentaires suisses. Concernant les extraits végétaux, on retrouve entre autres des pectines, du mucilage et du carraghénane, soit diverses substances utilisées notamment dans l’industrie agroalimentaire et pharmaceutique pour leurs propriétés stabilisantes, hydratantes ou gélifiantes.
Le fromage: 116,73 millions de dollars
Environ 12% des exportations de fromage suisse partent pour les États-Unis, selon la fiduciaire TSM Treuhand, garante de la statistique laitière helvétique. Parmi les pâtes les plus appréciées, on retrouve en majorité le gruyère, mais aussi le Switzerland Swiss. Méconnu sous nos latitudes, ce fromage industriel à gros trous, sans croûte, a été imaginé en 1997 par un fromager bernois pour la clientèle américaine, en raison de son goût peu prononcé. Malgré le succès de ces produits, la filière est inquiète en raison d’une «situation de désavantage concurrentiel flagrant» entre les droits de douane imposés à la Suisse et aux autres pays européens producteurs de fromage, déclare l’organisation Switzerland Cheese Marketing.
Les produits du tabac: 4,73 millions de dollars
Les cigares, le tabac brut et les cigarettes ont longtemps été exportés outre-Atlantique, mais les quantités ont grandement baissé en 2024. Cette diminution est à l’image des difficultés du secteur tabacole en Suisse. Cette année-là, seulement 112 exploitations cultivaient du burley et du virginie dans le pays, notamment dans la Broye, soit moitié moins qu’en 2010.
Le chocolat: 94,56 millions de dollars
Si les fèves de cacao sont importées principalement d’Afrique de l’Ouest, la Suisse s’est imposée comme un acteur incontournable du chocolat. En 2024, environ 70% de sa production a été exportée, à hauteur de 7% aux États-Unis. Sont concernés les tablettes, les barres et les petits formats, comme les pralinés, ainsi que la poudre de cacao, précise la faîtière ChocoSuisse. Si les marques Lindt&Sprüngli et Toblerone y sont populaires, certaines entreprises helvètes produisent pour des distributeurs américains sans utiliser leur propre nom, tout en étant vendue avec la mention «Swiss made».
Les confiserieset produits de boulangerie: 69,34 millions de dollars
Le chewing-gum a beau avoir été inventé aux États-Unis, ce pays s’en procure bel et bien à l’étranger, dont en Suisse. L’unique usine du pays se trouve à Buchs, en Argovie, et appartient à l’entreprise Delica, du groupe Migros. Près de douze millions de gommes à mâcher sans sucre y sont produites chaque année, dont 85% sont envoyées en Europe et en Amérique du Nord, d’après le média Watson. Mentionnons aussi l’export de pâtes de fruits, nougat, massepain, caramels, biscuits, pain d’épices et gaufres, sans oublier… les hosties.
Le vin: 4,57 millions de dollars
Une vingtaine de vignerons suisses, comme Jean-René Germanier, à Vétroz (VS), ou Raymond Paccot du domaine La Colombe, à Féchy (VD), vendent une partie de leur production aux États-Unis. On retrouve les cépages les plus classiques comme le chasselas et le pinot noir, mais aussi des spécialités telles que la petite arvine ou le cornalin. Il s’agit du troisième marché d’exportation du pays dans ce secteur, après l’Allemagne et la France.

