Pilier du folklore helvétique, le yodel a gagné sa place à l'Unesco

Jeudi dernier, cette tradition aux origines anciennes est entrée au patrimoine mondial de l'humanité. Pour les porteurs du projet, c'est un magnifique aboutissement.
12 décembre 2025 ATS/La rédaction
Près de 70 chœurs d'enfants et de jeunes de 5 à 18 ans pratiquent le yodel. Ces groupes répètent avec un encadrement spécialisé, se produisent à des concerts ou des fêtes ou participent à des camps de jeunes.
© Gody Studer
Des initiations au yodel sont proposées dans de nombreux endroits sous forme de cours de découverte ou d’offre de loisirs, comme ici le yodel en randonnée. Ces offres jouissent d'une grande popularité en particulier lorsqu’elles se déroulent en pleine nature.
© Klangwelt Toggenburg
Depuis 2018, il est possible d'étudier le yodel à la Haute école de musique de Lucerne dans le cadre du bachelor Music in Arts en musique populaire et également comme branche principale de master.
© jodel.ch

L’annonce faite jeudi dernier par le comité intergouvernemental de l’UNESCO pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, qui s’était réuni à New Delhi pour l’occasion, était attendue avec impatience.

Dans sa décision, l’UNESCO a souligné la qualité du dossier soumis – celui-ci avait été élaboré avec l’aide de spécialistes et de représentants d’organisations de yodel.

Choisi par des artistes contemporains

A titre de « chant emblématique de la Suisse », le yodel, qui englobe une grande diversité de formes d’expression, est profondément ancré dans la population. « Plus de 12’000 yodleuses et yodleurs sont membres de l’une des 711 groupes de l’association fédérale de la branche. »

L’OFC précise que la pratique se poursuit aussi en dehors des associations et chœurs traditionnels. Des artistes contemporains choisissent aussi ce chant, comme Erika Stucky, qui mélange le yodel au rock, au jazz ou autre musique contemporaine – elle a notamment collaboré avec les Young Gods. Dans un registre plus traditionnel, on peut citer Melanie Oesch, figure de proue du groupe « Oesch’s die Dritten », où la Bernoise chante avec des membres de sa famille.

Vivant au-delà de nos frontières

Interrogé par l’agence de presse Keystone-ATS, Hector Herzig, secrétaire central de l’association des yodleurs, qualifie cette inscription dans le registre de « magnifique signe de reconnaissance. » Selon lui, elle honore « l’attachement, la passion et l’identité culturelle que le yodel façonne depuis des générations en Suisse. »

Le yodel ne se limite pas à la Suisse. Présent également en Bavière et en Autriche, il a été diffusé au milieu du XIXe siècle par des groupes de chanteurs tyroliens, selon le dossier de candidature suisse. Le yodel se pratique aussi en Afrique centrale, en Europe du Nord et en Géorgie. Le chant polyphonique géorgien a déjà été inscrit en 2008 sur la Liste du patrimoine culturel immatériel.

De nombreuses théories à son origine

L’origine du yodel alpin fait l’objet de différentes hypothèses. Il existe environ sept théories sur l’origine du yodel, indique Nadja Räss, professeure et responsable du domaine de la musique populaire et du yodel à la Haute école de Lucerne, dans un entretien avec Keystone-ATS. Sa théorie préférée est ce qu’elle nomme « l’hypothèse de l’affect. » Selon elle, le yodel serait une expression des émotions.

La Liste du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO comprend déjà plusieurs traditions helvétiques, comme la Fête des Vignerons de Vevey en 2016, la Fête de Bâle en 2017, la gestion du risque d’avalanches en 2018 (avec l’Autriche), les processions de la Semaine sainte à Mendrisio en 2019, l’horlogerie et l’art mécanique en 2020 (avec la France) et la saison alpine en 2023.

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