Malgré le froid et l'humidité, les poireaux genevois gardent la ligne

À Hermance (GE), près de la frontière française, les Potagers de Gaia cultivent 2 hectares de légumes. De la graine à la commercialisation en circuit court, l'équipe s'intéresse à tous les aspects de la production.
7 février 2025 Margaux Mauran 
Les Potagers de Gaia produisent de nombreux légumes, dont les poireaux. L'équipe privilégie les variétés non-hybrides, locales et anciennes, comme l'explique Hugo Dufour, cogérant du domaine maraîcher.
© Nicolas Righetti/Lundi 13
Les Potagers de Gaia produisent de nombreux légumes, dont les poireaux. L'équipe privilégie les variétés non-hybrides, locales et anciennes, comme l'explique Hugo Dufour, cogérant du domaine maraîcher.
© Nicolas Righetti/Lundi 13
Les Potagers de Gaia produisent de nombreux légumes, dont les poireaux. L'équipe privilégie les variétés non-hybrides, locales et anciennes, comme l'explique Hugo Dufour, cogérant du domaine maraîcher.
© Nicolas Righetti/Lundi 13
Les Potagers de Gaia produisent de nombreux légumes, dont les poireaux. L'équipe privilégie les variétés non-hybrides, locales et anciennes, comme l'explique Hugo Dufour, cogérant du domaine maraîcher.
© Nicolas Righetti/Lundi 13

Le massif des Voirons, relief bien visible depuis Hermance, s’est paré de neige fraîche ce matin. Ce n’est pas le cas du terrain sur lequel poussent les poireaux des Potagers de Gaia, franchement détrempé.

Ces légumes d’hiver supportent cependant le froid, l’humidité et le gel. Ils se conserveront donc encore en pleine de terre quelques semaines selon les besoins des clients. Et si le poireau ne fait pas partie des légumes des plus originaux, la manière dont l’équipe des Potagers de Gaia envisage cette production attise la curiosité.

Le souci de la traçabilité

Déterminée à utiliser des semences locales, l’équipe des Potagers de Gaia commande une partie de ses plantons à l’association genevoise Les Artichauts, qui obtient elle-même les graines auprès de l’association Semences de pays. «Nous achetons de nombreuses variétés non-hybrides, anciennes et locales, à l’image des tomates, détaille Hugo Dufour, cogérant du domaine maraîcher. Pour les poireaux, nous plantons majoritairement des variétés productives achetées à une entreprise classique afin d’être sûrs d’avoir assez de légumes en hiver. Mais nous plantons toujours au moins une ligne de variétés locales issues de ces structures associatives, comme les poireaux Dubouchet, originaires de la région.»

Afin de préparer le sol en avril, les maraîchères et maraîchers étalent du fumier sur la parcelle, en le mélangeant à la terre. Puis, lorsque le temps de la plantation arrive, un tracteur et une machine à planter les poireaux sont empruntés à un voisin. Pour l’entretien de la culture, l’équipe œuvre avec deux chevaux. «Nous désherbons la plantation grâce à une machine à laquelle on attelle les animaux, raconte Hugo Dufour. Réaliser l’ensemble des tâches de la ferme avec des équidés ne serait pas rentable, mais nous cherchons à travailler avec eux lorsque cela est le plus pertinent. Cela permet aussi de faire perdurer ce savoir-faire.»

Dans ce cadre, l’équipe peut compter sur le soutien de l’association française Hippotèse qui s’intéresse au cheval de travail en réalisant des recherches et en concevant de nouveaux outils. L’équipe des Potagers de Gaia contribue d’ailleurs au développement de porte-outils: en outre, cette démarche lui permet de faire un pas vers davantage d’autonomie en matière d’outillage et de se départir des énergies fossiles.

Le producteur

Les Potagers de Gaia et le domaine viticole des Dix Vins sont les deux entités d’une seule exploitation. Côté maraîchage, les Potagers de Gaia cultivent 2 hectares de légumes. Deux tiers de cette production sont vendus via un abonnement et un tiers par le biais du libre-service. Quelques partenaires professionnels 
des environs s’approvisionnent aussi 
sur commande. Actuellement, une équipe de six personnes font vivre le projet. Différents publics sont par ailleurs accueillis à la ferme: des stagiaires («Woofeurs») viennent régulièrement et des classes commencent à être reçues pendant le temps scolaire. La structure prend d’ores et déjà les nouvelles inscriptions pour la saison à venir.

Deux types de prix

Encore en terre, les derniers poireaux seront vendus à des crèches ou des restaurateurs des environs. La plupart des lignes arrachées ont garni les derniers paniers de 2024. En effet, les Potagers de Gaia ont été créés en vue de proposer des paniers de légumes sur abonnement, d’avril à décembre. L’entreprise fait ainsi partie de la FRACP (lire l’encadré) et défend par conviction ce type de commercialisation.

«Nous avons actuellement 150 abonnés, relève Hugo Dufour. Cela nous permet d’entretenir un lien avec les consommateurs et nous incite à diversifier notre production afin de proposer des paniers attractifs.» De plus, les Potagers de Gaia fonctionnent avec deux tarifs pour un même abonnement: le prix «bas» et le prix «engagé». Cela permet à l’entreprise de sensibiliser la clientèle à la question du coût des aliments. En effet, le prix «engagé» permet à l’équipe d’envisager plus sereinement la saison, sur le plan de la main-d’œuvre notamment.

Bienfaits des poules

Par ailleurs, si l’exploitation n’a pas de label particulier, elle n’en est pas moins très engagée en faveur de la préservation des sols, de la biodiversité et de la santé des humains.

«Se faire labelliser a un coût que nous ne souhaitons pas forcément prendre en charge, explique Hugo Dufour. Aussi plusieurs labels, de notre point de vue, ne sont pas assez restrictifs sur certains plans, comme le transport des denrées. Nous affirmons donc que nous sommes une structure écologique et éthique qui affine son mode de production grâce aux apports de nos pairs et d’associations en lien avec l’agriculture durable.»

Tout près de là, dans un tunnel, une vingtaine de poules finissent de manger les restes de cultures qui ont été arrachées. Au passage, elles fertilisent la terre, pour le plus grand bonheur de l’équipe.

Association pour les paniers régionaux

Créée en 2008, la Fédération romande d’agriculture contractuelle de proximité (FRACP) tisse des liens entre les structures régionales qui proposent des abonnements à des paniers de légumes. En outre, elle promeut le modèle contractuel auprès du grand public et des autorités politiques. En effet, si celui-ci demande un fort engagement de la part des consommateurs et des producteurs, il est néanmoins l’un des plus à même de faire vivre une agriculture locale soumise aux aléas climatiques, économiques et politiques. Après une année de pause, l’association s’est réunie à la fin de l’automne pour donner un nouvel élan au réseau.

Envie de partager cet article ?

Achetez local sur notre boutique

À lire aussi

Accédez à nos contenus 100% faits maison

La sélection de la rédaction

Restez informés grâce à nos newsletters

Icône Boutique Icône Connexion