Dans le Vieux-Pays, le soutien aux reines valaisannes prend du muscle
Robe brune, noire ou aux reflets roux, muscles saillants, toupet désordonné ou coupé en brosse, le cou serti de leur plus belle cloche: les 640 lutteuses qui participent à la quatrième saison du concept «Ma Reine de l’été» font un tabac.
Les parrainages ont été ouverts début mai et, à l’image de Poupette et Bandit, plus de 440 participantes ont déjà fait mouche. «Chaque année, nous augmentons le nombre de reines disponibles et elles trouvent quasi toutes preneur. Cette saison, elles représentent 10% du cheptel valaisan», se réjouit Samuel Balet, qui gère EdelAlp.
Une hérens pour 275 francs
Le projet, qui a commencé en 2021 avec une centaine de bêtes sur un seul alpage, propose à tout un chacun d’adopter symboliquement une vache d’Hérens le temps d’un été pour un montant de 275 francs. Sur cette somme, 110 francs servent à soutenir financièrement les éleveurs et alpages (par exemple en réglant une partie de la facture de la mise en estive), les marraines et parrains reçoivent un fromage d’une valeur de 100 francs pour soutenir la production de l’alpage et les 65 francs restants sont destinés à couvrir les frais liés au concept de parrainage.
En 2024, après une année test et deux saisons, plus de 200 000 francs ont pu être récoltés et versés aux alpages participants, glisse Samuel Balet, qui a cofondé EdelAlp avec d’autres étudiants durant son bachelor à la Business Team Academy de la HES-SO Valais-Wallis.
À la découverte d’un monde
En contrepartie de leur soutien, parrains et marraines sont invités à rendre visite à leur filleule, directement dans son royaume. «Leur venue sur l’alpage permet de leur faire découvrir notre monde, de mettre en lumière le travail paysan, et de créer des moments d’échanges précieux qui n’auraient pas lieu autrement», estime Claude Bonvin, responsable de l’organisation de l’alpage de Tracuit, situé sur les hauteurs de Vercorin.
Également fier propriétaire de Victoire, Terrible, Bambino et Fricasse, toutes mises en parrainage, le passionné ajoute: «Et puis les vaches d’Hérens sont vraiment différentes des autres. Il ne leur manque que la parole». Le moins que l’on puisse dire, c’est que la formule plait. Selon le cofondateur Samuel Balet, 60% des parrains et marraines réitèrent leur soutien d’année en année et agissent en ambassadeurs dans leur cercle de proches.
Parrains de tous horizons
C’est le cas de Jean-Claude Besse, Vaudois de 83 ans, qui s’est choisi deux filleules: Canaille, qu’il aperçoit de la fenêtre de son chalet aux Mayens de Bruson, et Chips. Toutes deux passent l’été sur l’alpage de Mille dans le val de Bagnes, où le retraité, Bagnard de cœur, n’hésite pas à leur rendre visite et à discuter avec les vachers qui s’en occupent. «À chaque fois que je vais en Valais, je vois le travail intense que les propriétaires fournissent pour s’occuper de cette magnifique race. Ce qu’ils font est extraordinaire et je suis heureux de pouvoir les soutenir», s’enthousiasme-t-il.
Persuadé de l’importance de son geste, il en a parlé à son fils qui parraine lui aussi deux belles et qui, à son tour, a fait passer le mot. Au total, près de la moitié des parrains et marraines habitent hors du canton du Valais. Il y en a même quelques-uns qui viennent de France, d’Allemagne, ou encore d’Angleterre, précise Samuel Balet. Selon ses données, plus les gens habitent loin, plus ils sont enclins à participer à l’un des événements qui leur sont destinés durant l’été.
De plus en plus d’alpages intéressés
Le bouche-à-oreille fonctionne aussi du côté des alpages, dont le nombre intéressé à participer ne cesse d’augmenter. «En 2025, nous en avons inclus un septième, celui de Novelett à Évolène, mais d’autres seraient partants. La marge de progression existe», note Samuel Balet.
Aujourd’hui, ce qui manque à l’ex-étudiant, c’est du temps. «Depuis cette saison, je gère seul la plateforme et la communication qui en découle. Je dois réfléchir à la manière dont je veux la développer à côté de mon activité principale». En attendant la cinquième saison de ce projet, Pamplemousse, Bijou et Olive espèrent encore trouver une bonne âme pour les parrainer cet été.
+ D’infos edelalp.ch/parraine-ta-reine
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