Un patron de zoo passionné de politique et de contact humain

Directeur du zoo des Marécottes et président du conseil de Salvan (VS), l’enfant de la vallée du Trient a récemment transformé les lieux pour bâtir un hôtel au milieu des animaux. Au cœur de son choix: le développement de sa région.
8 mars 2025 Milena Michoud
© Cédric Raccio

S’il fallait illustrer la personnalité de Florian Piasenta en un lieu, les Marécottes feraient parfaitement l’affaire. À la fois zoo alpin, restaurant de station, piscine estivale et – depuis le 5 juillet dernier – hôtel au milieu des animaux, l’endroit ne fait pas de compromis.

À l’image de son directeur? À le voir jeter des coups d’œil à son smartphone, y répondre lorsque ses collègues l’informent d’un contrôle d’hygiène en cours, noter à haute voix au long de notre visite les améliorations qu’il veut apporter à ses lieux, tout en tenant le fil de la conversation, on comprend que l’homme excelle dans le fonctionnement multitâche.

Une signature inattendue

Au moment de s’attabler, il propose le tutoiement et un café. Qu’il commence à tirer lui-même, avant de se faire relayer par sa responsable de salle. «J’ai été serveur ici trois étés pendant mes études», note-t-il avec un sourire. Son diplôme de l’école hôtelière de Genève en poche, il travaille ensuite plusieurs années aux États-Unis, aux Émirats arabes unis, puis en tant que responsable marketing au Groupe mutuel à Martigny.

Pour la reprise du zoo, il faut remonter à 2015. Alors vice-président de la commune de Salvan, il est chargé par le président de l’époque de faire le lien entre la venderesse et les futurs acheteurs. Le jour de la signature approchant, il reçoit un appel: «C’étaient les acheteurs. Ils me disaient qu’ils n’allaient pas signer, mais qu’ils pensaient que c’était un bon endroit pour moi.»

Trois semaines plus tard, le rachat est acté: la direction est d’abord familiale puisque son père et son frère rejoignent l’aventure. Mais depuis une année, le paternel parti à l’étranger et son frère ayant choisi une autre voie, il fait cavalier seul. «Un sacré challenge, avoue-t-il volontiers. Le bâtiment est là, les animaux aussi. Mais désormais seul patron à bord, j’ai dû m’armer des bonnes personnes aux postes clés.»

Son univers

Un lieu

«Le lac de Salanfe (VS).  Mon chalet se trouve à une heure de marche. C’est là-bas que je vais pour me ressourcer.»

Une spécialité

«La croûte au fromage «3 étages», en particulier celle de l’auberge de Salanfe: elle empile fromage, jambon et œuf.»

Un objet

«Mes skis de randonnée. Je fais régulièrement les itinéraires de la Chaulée, au départ des Marécottes.»

Une lecture

«Les journaux, surtout Le Nouvelliste. C’est mon rendez-vous avec l’actualité politique: je le lis tous les matins.»

L’humain devant

L’heureux propriétaire de 130 loups, lynx, daims et autres ours est avant tout un homme de liens. «J’avoue avoir davantage d’affinités avec les gens qu’avec les animaux», confesse le directeur au moment de la visite des chambres donnant sur les enclos. Reconnaissant, il en profite pour valoriser le travail des cinq aides-soigneurs qui se consacrent chaque jour aux bêtes. Et n’oublie pas les nombreuses personnes à la cuisine, au ménage ou à la gestion.

Pour s’assurer du bon fonctionnement de son écosystème, celui qui administre deux restaurants et trois boulangeries entre Salvan, Fully et Martigny tente de «faire chaque jour le tour» de ses bistrots. Salutations et poignées de main représentent son quotidien.

Et le Salvanin ne se repose jamais sur ses lauriers: «L’idée de créer un hôtel dans le zoo était dans les tuyaux depuis sept ans.» Pour un montant total de près de 8 millions, dont 300’000 francs de soutien à fonds perdu issus de l’Aide suisse à la montagne, c’est désormais chose faite.

Politique chevillée au corps

Le récent directeur d’hôtel est aussi un amoureux de politique. Conseiller communal depuis douze ans et président de Salvan depuis huit ans, Florian Piasenta connaît «ses» chiffres, soit ceux de la commune, sur le bout des doigts. Il siège sous les couleurs du PLR – il a présidé la section valaisanne pendant quatre ans. «La commune a toujours eu des présidents du centre, sauf deux radicaux: mon père et moi», s’amuse-t-il.

Depuis petit, j’ai eu deux rêves: être hôtelier-restaurateur et président de la commune de Salvan.

En administrateur de nombreuses sociétés pour le compte de Salvan, l’homme avoue volontiers que sa routine n’en est pas une. «Hier matin, j’assistais à une conférence des présidents de communes, et j’ai traité avec le triage forestier. J’ai ensuite passé un moment au restaurant, avant d’aller, le soir, à une réunion de Martigny Région pour le tourisme, énumère-t-il joyeusement. Aujourd’hui, un rendez-vous avec la presse, demain je m’occuperai du carnet de fête de la fanfare… Ça change tous les jours, c’est très varié!»

Amateur de débats

Il suffit de quelques instants passés avec Florian Piasenta pour comprendre que ce qui l’anime, c’est de faire prospérer son coin de pays. Bien sûr, la personnalité publique qu’il est ne fait pas toujours l’unanimité: «Mes diverses casquettes font parfois jaser, certains me reprochent d’avoir acheté toute la vallée.» L’enfant de Salvan aime imaginer qu’avec cette nouvelle offre hôtelière, il permettra plutôt de développer l’activité hivernale de la commune. «Moi je n’ai qu’une envie: que ça fonctionne!»

«Libéral dans l’âme», le quarantenaire aime le débat d’idées et ne rechigne jamais à converser. Mais lance tout de même, sur le ton de la blague, qu’il lui arrive de regretter que tout le monde sache où le trouver: «Les gens viennent parfois au bistrot me parler de politique ou me dire qu’ils ont un problème avec la taille de leur haie.»

«Depuis petit, j’ai toujours eu deux rêves: être hôtelier-restaurateur et être président de la commune de Salvan», avait-il indiqué au début de la discussion. Nul doute que maintenant que ces deux sont remplis, l’homme – qui s’apprête à se marier cette année – trouvera d’autres objectifs à se fixer.

+ d’infos zoo-alpin.ch

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