Quand la Terre fait rougir la «Lune de sang»

Source de fascination et de mythes, l'éclipse totale de Lune est un phénomène astral d'une singulière beauté. Un spectacle à admirer dans la nuit du 7 septembre, si la météo le veut bien.
7 septembre 2025 Daniel Aubort
© Daniel Aubort

Lorsqu’elle est basse sur l’horizon, la Lune prend une teinte orangée que nous connaissons bien. Cette apparence cuivrée devrait être particulièrement visible lors de la prochaine éclipse totale du 7 septembre. «La Lune ne possède pas de lumière propre, elle reflète celle du Soleil, explique Jean-Michel Hirschi, président de la Fondation de l’Observatoire astronomique du Mont-Soleil de Saint-Imier (BE).

En temps normal, elle est éclairée directement, mais lors d’une éclipse de Lune, la Terre s’intercale entre le Soleil et la Lune. On pourrait s’attendre à ce que cette dernière devienne totalement noire, puisqu’elle est plongée dans l’ombre de la Terre. Pourtant, elle prend cette fameuse teinte rougeâtre, parfois orangée, car l’atmosphère terrestre agit comme un filtre qui laisse surtout passer les tons rouges.»

Des observations différentes

Les conditions provoquées par un tel phénomène permettent des découvertes. «Les éclipses lunaires sont bien plus qu’un simple spectacle! Elles ouvrent la porte à des observations intéressantes, renchérit le spécialiste. Le relief lunaire est mis en valeur pendant les phases partielles: l’ombre de la Terre progresse sur le disque lunaire et met en évidence montagnes, cratères et mers lunaires.

On voit littéralement l’ombre «mordre» les reliefs. Par ailleurs, n’étant plus éclairée, la lune refroidit rapidement lors de l’éclipse or, grâce à des sondes, ces variations permettent de mieux comprendre la nature de son sol. L’éclat de la lune, qui chute d’un facteur 10 000 environ, permet aussi d’observer des objets du ciel profond – Voie lactée, nébuleuses, galaxies – avec une netteté inhabituelle pour une nuit de pleine lune.»

Quarante minutes de bonheur

Les circonstances des éclipses peuvent être chronométrées… à la seconde près. Comment cela va-t-il se dérouler en ce dimanche de septembre? «Chronologiquement, la phase d’éclipse proprement dite démarre à 18h26 et 47 secondes; l’éclipse totale commence à 19h30 et 22 secondes, pour se prolonger jusqu’à 20h11 et 48 secondes; l’éclipse se termine à 20h53», détaille le scientifique.

Voilà qui nous laisse plus de quarante minutes pour profiter pleinement d’une lune sanguine totalement cachée par la Terre. Temps qui se prolonge en réalité de près de quatre heures lorsque sont prises en compte les phases durant lesquelles la Lune entre puis ressort de la pénombre et de l’ombre de la Terre. Une éclipse de Lune peut s’observer de partout sur terre du moment qu’elle est au-dessus de la ligne d’horizon.

Née d’un impact géant

Compagne de nos nuits, la lune est source d’inspiration, de méditation. Que sait-on de sa naissance? «Les roches lunaires rapportées par les missions Apollo et Luna ont été datées par radiochronologie. Selon les résultats, elles ont entre 4,3 et 4,5 milliards d’années et la Lune est donc presque aussi vieille que la Terre elle-même. Il y a environ 4,5 milliards d’années, Théia, une planète de la taille de Mars, est entrée en collision avec la proto-Terre.

L’impact a projeté dans l’espace une énorme quantité de matériaux de Théia et du manteau terrestre. Ces débris se sont rassemblés par gravitation pour former un corps unique: la Lune», détaille Jean Michel Hirschi. La lune se situe en moyenne à 384 400 km de la Terre et elle se déplace à la vitesse de 3670 km/h sur son orbite.

Des cycles prévisibles

À la vue d’une éclipse totale de Lune, on en déduit naturellement que des alignements, des distances entre les astres doivent se trouver en coïncidence pour que le phénomène se produise. La périodicité des éclipses est-elle prédictible à long terme? «Oui, mais avec des nuances, précise Jean-Michel Hirschi. Grâce aux calculs astronomiques, on peut prédire toutes les éclipses des milliers d’années à l’avance et dater celles du passé.

Mais sur des échelles encore plus longues, soit des dizaines de milliers d’années, de petites perturbations gravitationnelles rendent les prévisions plus incertaines.» La Lune ne doit pas forcément se situer à son périgée – distance la plus réduite avec la Terre – pour qu’une éclipse totale se produise, mais une plus grande proximité a une influence sur sa taille apparente et la durée de l’éclipse.

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