Menaçants ou fugaces, les nuages fascinent depuis la nuit des temps

Les nuages ne laissent personne indifférent. Certains y voient des présages ou des animaux, 
tandis que les météorologues les étudient sous toutes les coutures.
23 février 2025 Daniel Aubort
Il existe dix genres de nuages comprenant vingt-neuf espèces, auxquels s'ajoutent des variétés et des nuages spéciaux associant parfois deux genres (ici un altocumulus). Le stratus est le plus fréquemment observé, le cumulonimbus le plus rare.
© Daniel Aubort

De nature compacte, effilochée ou menaçante, les nuages prennent une multitude d’apparences. Les regarder défiler s’avère un magnifique spectacle, mais qui interroge: que nous amènent-ils? Du beau temps ou des tempêtes? De quoi donc sont constitués ces grands voyageurs porteurs de noms latins à l’exemple des plantes et des animaux.

Dean Gill, météorologue à Météosuisse, en explique la composition: «Les nuages se forment par condensation de la vapeur d’eau, qui nous est invisible mais qui nous entoure de toute part. Ils sont donc composés à 99% de gouttelettes d’eau ou de glace en suspension, mais s’y trouvent parfois aussi du sable et des poussières, comme des substances polluantes.»

Nappe ou fins filaments

Les nuages sont classés en dix genres, eux-mêmes subdivisés en espèces et variétés. Par exemple dans le genre stratus, le nuage ayant l’apparence d’une nappe grise prend le nom d’espèce de nébulosus. Les cirrus se présentent sous forme de fins filaments et les cumulus, sont des nuages denses aux contours bien définis.

Observateur au début des années 2000 pour le site météo de l’aéroport de Genève, activité qui a cessé en 2024 avec les nouvelles technologies, Dean Gill devait déterminer visuellement ces nuages. «Les mesures et estimations étaient répétées toutes les demi-heures afin de transmettre l’évolution de la météo.

Des informations transcrites sous forme de codes et symboles. Actuellement des appareils ont été conçus pour obtenir des données de composition et d’altitude des nuages tels le spectromètre, le laser, le radar polarimétrique et le ceilomètre.»

Trois niveaux distincts

La répartition des nuages s’étage sur plusieurs kilomètres. «À haute altitude, soit à plus de 5 km du sol, on trouve notamment les cirrus; à moyenne altitude, entre 2 à 5 km, les altocumulus alors qu’à basse altitude, de 0 à 2 km se situent les stratus.

À noter que les cumulonimbus porteurs d’orages peuvent s’étendre sur ces trois différents niveaux.» Ces derniers sont particulièrement attractifs pour Dean Gill qui est aussi chasseur d’orages. Les quelques nuages cités plus haut sont aisément visibles, car situés dans la troposphère qui est la couche la plus basse de notre atmosphère.

Questions qui décoiffent

«Il en existe toutefois d’autres qui apparaissent en faible lumière. C’est le cas en hiver des nuages dits nacrés, situés à 30 km dans la stratosphère, ainsi que les nuages polaires noctulescents durant l’été, éloignés de 80 km dans la mésosphère.»

À quelle vitesse les nuages se déplacent-ils et, autre question à première vue saugrenue, quel peut bien être leur poids alors qu’ils nous apparaissent comme des symboles de légèreté? «Les stratus bougent à peine, d’autres nuages atteignent une vitesse d’une soixantaine de kilomètres par heure, alors qu’un cirrus pris dans le jet-stream à 10 km d’altitude se déplace à plus de 200 km par heure, répond le spécialiste.

Quant à leur poids, il dépend bien sûr de la quantité d’eau ou de glace qu’ils contiennent. En Autriche, un cumulonimbus chargé d’eau et générateur d’orages avait une extension verticale sur 17 km et était donc d’un poids phénoménal.» Ces icebergs volants, comme les nomment certains météorologues, pourraient atteindre les 500 000 tonnes et même davantage. Sidérant, et pourtant ils flottent!

Curieux météores

Dans l’esprit commun, le mot météore est associé aux étoiles filantes. «Dans le domaine météorologique, les météores sont des phénomènes observés dans le ciel autres que les nuages.»

Ils sont classifiés sous quatre catégories. «Les hydrométéores, soit pour exemple, des particules de pluie ou de neige en suspension ou qui tombent; les lithométéores, nuages comprenant du sable et des poussières; les photométéores, soit les halos et les arcs-en-ciel; et les électrométéores qui désignent la foudre et les aurores boréales», détaille encore Dean Gill. Fascinant.

+ d’infos Chasseur d’orages, Dean Gill, 
Éditions Salamandre.

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