Mal-aimés, les cloportes s'avèrent pourtant d'utiles ouvriers des sols
Au jardin, les cloportes se cachent dans les composts, sous les plantes ombragées ou les pots de fleurs, où ils trouvent refuge pendant la journée pour échapper aux rayons du soleil et profiter de l’humidité indispensable à leur survie. D’autres ont pour habitat les milieux forestiers, les grottes ou les prairies. La Suisse abrite une cinquantaine d’espèces de cloportes différentes, appartenant à plusieurs familles.
«Mais dans nos jardins, on en observe cinq principales, dont la taille peut varier d’un millimètre à deux centimètres. La plus connue est certainement Porcellio scaber, qu’on aperçoit souvent sous les pots de fleurs et qui fuient sitôt qu’on les dérange», explique Pascal Stucki, biologiste chez Aquabug, sciences naturelles et environnement, à Neuchâtel.
Ancêtres marins
Contrairement à la croyance populaire, les cloportes ne sont pas des insectes, mais des isopodes, un ordre appartenant aux crustacés. Ils n’ont toutefois pas conquis le sol via les eaux douces, comme l’ont fait les escargots, mais sont sortis de l’eau salée il y a plusieurs centaines de millions d’années et ont peuplé la terre via les plages.
«Leur évolution a été spectaculaire, puisqu’on retrouve même une espèce vivant dans des terriers au cœur du désert tunisien», raconte Pascal Stucki.
Leur ennemi: le soleil
Les cloportes ont conservé certaines caractéristiques de leurs ancêtres marins. Outre leurs sept paires de pattes propres aux isopodes, certaines espèces possèdent encore des branchies sur le ventre. Elles ont donc besoin qu’un film d’eau recouvre la face intérieure de leur corps, car même si elles sont terrestres, elles captent l’oxygène dans l’eau.
«Porcellio scaber possède quant à elle des trachées et «respire» donc de l’air. Mais cette espèce craint la lumière et se dessèche rapidement au soleil, poursuit le biologiste. De manière générale, ces animaux sont moins performants que les insectes pour garder l’eau dans leur corps.»
Excellents composteurs
Les cloportes ne s’attaquent pas aux plantes potagères ou ornementales, mais sont détritivores, ce qui signifie que ces isopodes se nourrissent de matière organique morte et en décomposition. «Ils découpent la matière végétale présente à la surface, l’avalent, la digèrent, puis la ressortent sous forme d’excréments qu’ils réingèrent plusieurs fois. En somme, leur tube digestif fonctionne un peu comme un inséminateur de bactéries qui continuent de travailler une fois les crottes libérées sur le sol.
Ce processus accélère fortement la décomposition de la matière organique et met des éléments nutritifs à disposition des plantes. Ces animaux ne sont donc aucunement nuisibles mais, au contraire, jouent un rôle essentiel dans la formation et la santé des sols, au même titre que les vers de terre, dont ils assurent une fonction complémentaire», insiste le spécialiste.
Au-delà de ce rôle essentiel, les cloportes constituent également une source de nourriture importante pour un grand nombre de prédateurs, comme les carabes (des coléoptères terrestres), les millepattes, les araignées et les musaraignes. Des recherches ont même permis de retrouver des restes de carapace de ces isopodes dans des pelotes de réjection de la chouette chevêche.
Des rôles bien définis
La reproduction des cloportes s’effectue, quant à elle, par accouplement. Les individus mâles disposent de quatre tiges rassemblées formant leur appareil copulateur et les femelles possèdent deux ouvertures génitales sur le ventre. Lors de la reproduction, le mâle introduit son sperme dans chacune de ces ouvertures en se contorsionnant sur le dos de la femelle.
Cette dernière portera ensuite ses œufs à l’intérieur d’une poche située sur son ventre dans laquelle ils se développeront et donneront naissance quelques semaines plus tard à des larves ressemblant déjà à des cloportes miniatures.
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