Les secrets hivers des bois du Risoud
Le Risoud, c’est un de ces lieux qu’on connaît sans vraiment le connaître, immense forêt à cheval entre Suisse et France qui s’étire sans fin comme si elle voulait embrasser le lac de Joux. Laurent Willenegger, lui, a voulu le comprendre de l’intérieur, s’y perdre comme dans les bois d’un conte de fées.
Il lui consacrera cinq ans, aiguillonné par le goût du défi: «La forêt du Risoud est tout sauf sauvage, note le Vaudois. Exploitée pour son bois, elle est aussi très dense. Y voir un animal sauvage, ça se mérite.»
Peindre l’absence
Pas question de dresser un portrait exhaustif du lieu. L’artiste choisit de se limiter à une petite combe, «pas la plus belle, pas la plus vilaine». Là il ouvre l’œil, tend l’oreille, laisse les flocons recouvrir ses épaules, troubler l’eau dans laquelle il trempe son pinceau. Il saisit l’ombre de l’écureuil, l’étoile qui s’allume entre les épicéas, la trace du loup, la branche lourde de neige où on tente de déceler une forme animale, il peint l’absence plus que la présence, dans un journal de bord tenant autant de Hainard que de Thoreau.
Et puis en cinq ans, il peint une forêt qui évolue, imperceptiblement changée par le retour du loup, frappée par un changement climatique qui pèse sur les hivers. Avant de nous emmener dans sa combe secrète.
+ D’infos «Au creux du Risoud», vernissage et dédicace le 21 décembre de 14h à 17h à la Galerie L’Essor, Le Sentier. Détails et commande: laurentwillenegger.ch
C’est pendant la pandémie de Covid que Laurent Willenegger entame son projet dans le Risoud. Il s’y rend en toute saison, captant de son pinceau les mille nuances des saisons.
Aquarelliste chevronné, l’artiste a expérimenté de nouvelles techniques au fil des cinq ans passés dans une combe isolée en pleine forêt. Il y observe le moindre détail, comme ce bouvreuil perché sur un épicéa.
La faune sauvage du Risoud est difficile à observer. Mais la patience de Laurent Willenegger lui aura permis de croiser le regard d’or d’une chouette chevêchette.
Du cœur de la forêt, coup d’œil privilégié sur une étoile filante durant l’un des bivouacs réalisés sur place par le Vaudois.
Au gré des presque 600 pages de cet imposant volume, le trait de l’artiste évolue. Les cadrages évoquent parfois une estampe japonaise, à l’instar de cet envol d’une mésange noire sur un sapin.
Fugace rencontre hivernale avec le minuscule roitelet.
