L'alouette lulu, petit chantre de la nostalgie dans les paysages cultivés

Elle égaye la campagne de son chant mélodieux. La méconnue et rare Lullula arborea bénéficie
dans ses derniers bastions jurassiens et valaisans de mesures de conservation ciblées.
29 octobre 2024 Chloé Pang
L'alouette lulu est reconnaissable à son plumage chamois strié et à ses sourcils blancs, notamment.
© Marcel Burkhardt

Alouette, gentille alouette… Ces petits passereaux bruns font partie intégrante du folklore suisse. Mais de quelle alouette parle-t-on? À l’échelle mondiale, le terme désigne plus de 70 espèces de la famille 
des alaudidés. Deux d’entre elles nichent dans notre pays: l’alouette des champs et l’alouette lulu. Si les deux cousines partagent leur statut «vulnérable» sur la 
liste rouge des oiseaux nicheurs, l’alouette lulu s’avère bien plus rare: seuls 250 à 300 couples nichent en terres helvétiques, selon l’atlas 2013-2016. On la trouve surtout dans la chaîne jurassienne et sur les coteaux du Haut-Valais et du Valais central, où elle affectionne les milieux ensoleillés, semi-ouverts et abritant des structures variées.

Sublime chant éponyme

Physiquement, l’alouette lulu présente une livrée modeste, tout en nuances de brun. Son plumage est chamois strié et ses sourcils blancs se rejoignent sur la nuque. Elle est de taille légèrement inférieure à l’alouette des champs – une quinzaine de centimètres pour une trentaine de grammes – et sa queue est dépourvue de blanc sur les côtés.

Elle possède également une crête érectile. Comme les autres membres de sa famille, c’est surtout vocalement que l’alouette lulu émerveille. Son sifflement mélodieux «diludiludilu» et «lululululu» qui lui a donné son nom compte parmi les plus belles manifestations du printemps.

Une embellie bienvenue

Insectivores, la plupart des alouettes nous quittent dès la fin septembre pour rejoindre leurs quartiers d’hiver dans l’ouest de la France, dans la péninsule ibérique et sur la côte nord de la Méditerranée.

L’espèce a connu des difficultés en Suisse au XXe siècle: elle a dans un premier temps fait les frais de l’intensification de l’agriculture et de l’urbanisation, qui ont provoqué la perte de ses habitats. Comme elle niche au sol, les fauches précoces lui sont fatales quand elles sont effectuées pendant sa reproduction.

Aujourd’hui, l’intensification agricole menace ses 
derniers bastions de moyenne montagne, tandis que le développement de l’énergie éolienne sur les crêtes jurassiennes représente une pression supplémentaire. Cependant, les mesures dont elle bénéficie contribuent à une belle augmentation de ses effectifs ces dernières années. L’espèce semble également profiter du réchauffement planétaire, car elle niche très tôt dans l’année – dès la fin du mois de mars.

Vignobles appréciés

Environ la moitié de la population helvétique d’alouettes lulus vit en Valais. Les vignobles y représentent un habitat important: la chaleur et la sécheresse conviennent parfaitement à l’espèce. Des recherches de la Station ornithologique suisse ont montré qu’elle apprécie que le sol soit partiellement enherbé entre les rangs de vigne, car elle y trouve une offre en insectes riche et facilement accessible.

Il faut y favoriser une végétation clairsemée, et réduire l’utilisation d’herbicide. Pour créer de nouveaux habitats, l’antenne valaisanne de la Station ornithologique contribue à transformer de petits vignobles abandonnés en prairies sèches riches en espèces, qui constituent un habitat idéal pour l’alouette lulu.

L’enjeu des pâturages

Dans l’arc jurassien, l’entretien toujours plus mécanisé des pâturages entraîne une perte de la qualité générale de l’habitat de l’alouette lulu. Pour lui venir en aide, une exploitation extensive doit y être maintenue.

En outre, le taux de boisement optimal pour Lullula arborea doit être maintenu dans les pâturages boisés en combinant des interventions sylvicoles ciblées, la plantation de nouveaux arbres, et une pâture adaptée. La Station ornithologique, en coopération avec des partenaires locaux, propose des mesures d’amélioration et de conservation des habitats basés sur les résultats des études menées sur les exigences de l’alouette lulu et de sa répartition dans l’arc jurassien.

Il est alors possible de conseiller les agriculteurs, agricultrices et gardes forestiers, ainsi que d’appliquer des mesures ciblées de maintien de l’exploitation extensive des habitats.

+ d’infos Dans le cadre d’un partenariat, Terre&Nature a proposé à la Station ornithologique suisse, qui fête ses 100 ans cette année,
de mettre en avant une série d’oiseaux indigènes.

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