La plus petite de nos hirondelles manque de nids douillets

Les sites de nidification se raréfiant, l'hirondelle de rivage a besoin de l'homme pour maintenir ses populations. L'association BirdLife Suisse se mobilise pour remédier à cette situation.
22 juin 2025 Daniel Aubort
© Adobe Stock

L’hirondelle de rivage (Riparia riparia) est la plus fluette de nos hirundinidés indigènes. La Suisse compte trois autres espèces nicheuses de cette grande famille qui regroupe 88 espèces au plan mondial: l’hirondelle de fenêtre, celle des rochers et la rustique. François Turrian, ornithologue et directeur romand de l’association BirdLife, aime particulièrement l’hirondelle de rivage.

«Sa taille menue – elle ne pèse que 12 g – et sa vie en colonie en font un oiseau attachant, témoigne celui-ci. Elle se reconnaît à son plumage brun sur le dessus, blanc dessous avec un petit collier. L’hirondelle de rivage est présente chez nous d’avril à septembre.» Cet oiseau d’une douzaine de centimètres de long pour une envergure de 25 à 30 cm possède une queue peu échancrée. L’espèce est holarctique, soit présente dans tout l’hémisphère nord.

Solutions palliatives

Remédier à un manque est une opportunité que l’être humain se doit de saisir quand il s’agit de sauvegarder la biodiversité. C’est le cas pour l’hirondelle de rivage. «BirdLife Suisse met tout en œuvre avec des mesures innovantes de conservation pour assurer un avenir à cet oiseau fascinant. Le maintien des colonies existantes dans les gravières est une priorité», explique François Turrian.

«Là où ce n’est pas possible, des remblais de sable spécifiques permettent de remédier à la situation: il s’agit de parois artificielles constituées d’un mélange de sable spécial qui offre aux oiseaux des conditions optimales pour creuser leurs galeries de nidification. Le sable ne doit être ni trop meuble, sinon les galeries s’effondrent, ni trop compact, les hirondelles étant alors dans l’incapacité de creuser.»

Des berges aux gravières

Par ses mœurs d’oiseau inféodé aux rivières et plans d’eau, l’hirondelle de rivage ne fréquente pas les villes, au contraire de ses congénères rustique et de fenêtre. Dès lors, son existence chez nous est bien souvent ignorée. «L’espèce habite les grandes vallées fluviales du Plateau suisse, au-dessous de 800 m», précise l’ornithologue.

Par le passé, elle nichait dans les berges naturelles des grands cours d’eau, «malheureusement en grande partie disparues. Mais elle s’est adaptée aux sablières et gravières pour autant qu’elle puisse y trouver des filons de sable et que sa reproduction ne soit pas perturbée par l’exploitation.» Avec un régime alimentaire à base d’insectes, l’hirondelle de rivage capture ses proies d’un vol rapide, et zigzaguant à faible hauteur au-dessus de l’eau et de la végétation aquatique.

Renaturations essentielles

Bien qu’il existe déjà de nombreux exemples positifs de collaboration entre BirdLife, les graviéristes et les services cantonaux de protection de la nature, d’autres décisions nécessitent d’être prises, selon François Turrian. «L’objectif principal est que l’hirondelle de rivage puisse de nouveau nicher dans des paysages fluviaux revitalisés et proches de l’état naturel.»

Et continuer: «Si la loi sur la protection des eaux de 2011 offre une base importante à cet effet, il n’y a que peu de projets qui créent ces conditions jusqu’à présent. La Confédération et les Cantons doivent agir. Seules des renaturations de grande envergure permettront de rendre à l’hirondelle de rivage son habitat d’origine.» Cette condition essentielle devrait par ailleurs améliorer ses ressources alimentaires composées de petits insectes.

Nidification problématique

Lorsque vient la ponte, c’est d’abord avec leur bec, puis avec leurs courtes pattes, que les hirondelles de rivage creusent des galeries d’un mètre de profondeur dans des parois terreuses. Ce travail de forage prend plusieurs jours et constitue un véritable exploit. Grégaire, l’espèce forme alors des colonies dans ces espaces abritant plusieurs dizaines de couples et réoccupés chaque année.

Pour cela, des falaises, hautes de plus de 3 m, leur sont absolument nécessaires. Or ce genre de milieu naturel a quasiment disparu du pays. «Le constat est alarmant. L’espèce figure d’ailleurs dans la catégorie «en danger» sur la liste rouge, souligne le directeur romand de BirdLife. La canalisation des cours d’eau et la fermeture des gravières sont responsables de cette carence en sites favorables à l’espèce. Mais à cela s’ajoute le manque d’insectes.»

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