Échassier miniature, le vanneau huppé est un joyau à préserver
Demandez à celles et ceux qui l’ont déjà observé: la locution «unique en son genre» saisit l’apparence du vanneau huppé avec exactitude. Admirez plutôt: une fine huppe recourbée, qui s’agite comiquement lorsque l’oiseau se meut, un plumage irisé vert et violet contrastant avec son ventre blanc et ses ailes rondes noir et blanc si caractéristiques en vol. On ne peut pas le louper! Et il ne s’agit là que de son physique. Vanellus vanellus est également un acrobate habile. Pour séduire la femelle, le mâle fait des piqués hauts d’une quinzaine de mètres, assortis de tonneaux à pleine vitesse, avant de remonter et de recommencer son spectacle. Il accompagne sa performance de sa voix de synthétiseur, comme si sa huppe-antenne lui servait de récepteur radio en recherche de fréquence. On distingue en outre le mâle de la femelle à son plumage plus contrasté et à sa huppe plus développée.
Feinte et camouflage
Le vanneau huppé est une espèce nidifuge: une fois éclos, les petits sont couverts de duvet et aptes à quitter le nid et à se nourrir seuls, sous conduite de leurs parents. Les poussins possèdent déjà de longues pattes qui contrastent avec la taille de leur corps. Comme ils sont particulièrement vulnérables aux prédateurs dans la période qui suit leur éclosion, leur duvet est orné de motifs leur permettant de se fondre dans leur environnement. Ce camouflage est leur seule protection sur laquelle reposent toutes leurs chances de survie. Ils seront aptes à voler dès qu’ils atteindront l’âge d’un mois. Les parents vanneaux ont une stratégie bien à eux pour défendre leur progéniture des prédateurs: ils tentent d’attirer l’attention de ces derniers en simulant une blessure en traînant leurs ailes au sol. Cela laisse du temps aux petits pour se tapir au sol, faisant usage de leur camouflage parfait.
Friand d’insectes
De la famille des pluviers et des gravelots, le vanneau huppé appartient au groupe de petits échassiers appelés limicoles. Étymologiquement, le terme vient du latin limus qui signifie limon ou boue, donnant un indice sur la nourriture de prédilection de ces oiseaux. Le vanneau huppé ne fait pas exception et chasse principalement des insectes et des vers, qu’il trouve dans les terrains plats et découverts au sol humide. À l’origine, il était inféodé aux sites marécageux, mais cet habitat a été graduellement supprimé par l’extension des cultures et l’assèchement des zones humides, entraînant un effondrement de la population suisse dans les années1930. Il trouve aujourd’hui dans les champs labourés et semés un habitat de substitution, mais il ne doit son salut qu’aux mesures de conservation à son intention dans notre pays.
Coup de pouce vital
Pour que les quelque 200 couples nicheurs aient un avenir en Suisse, le vanneau huppé jouit en effet de mesures spécifiques visant à accroître son taux de reproduction. L’objectif est que le nombre de jeunes à l’envol par couple et par an permette le maintien des effectifs. Il s’agit donc de protéger les couvées de la destruction par la fauche ou par la prédation, par exemple en ajustant le calendrier de l’exploitation agricole à celui de la reproduction du vanneau huppé ou en clôturant les surfaces de nidification pour en interdire l’accès aux renards. La Station ornithologique suisse s’engage également en faveur de la remise en eau des surfaces, permettant ainsi de restaurer l’habitat d’origine du vanneau huppé. Ces mesures ont fait leurs preuves: dans la plaine de Wauwil (LU), où la Station ornithologique accompagne les vanneaux depuis 2005, la protection des couvées contre l’exploitation agricole, la création de champs en jachère et la pose de clôtures autour des surfaces de reproduction ont permis de passer le seuil de 0,8juvénile par couple nécessaire au maintien de la colonie. Cette expérience de Wauwil et les mesures développées pourront être répliquées dans d’autres régions, assurant ainsi l’avenir du vanneau huppé en Suisse.
+ d’infos Dans le cadre d’un partenariat, Terre&Nature a proposé à la Station ornithologique suisse, qui fête ses 100 ans cette année, de mettre en avant une série d’oiseaux indigènes.
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