Reportage
L’adoption d’animaux seniors se révèle être une expérience enrichissante

Retrouver une famille d’accueil à des chiens et des chats âgés est loin d’être évident. Spécialisée dans l’accueil de ces animaux, l’association fribourgeoise L’Oasis des vétérans œuvre pour leur assurer une fin de vie digne.

L’adoption d’animaux seniors se révèle être une expérience enrichissante

Une entrée en EMS, un décès, un déménagement, un divorce ou des difficultés financières: les circonstances qui peuvent obliger un propriétaire à se séparer de son animal sont nombreuses. Cependant, lorsque celui-ci a déjà atteint un certain âge, il est parfois difficile de lui trouver une nouvelle famille d’accueil. La majorité des nouveaux propriétaires craquent plus facilement pour un chiot à la mine attendrissante que pour un chien senior, dont on ne connaît pas forcément le passé. À Vaulruz (FR), L’Oasis des vétérans œuvre depuis 2004 pour que les chiens accèdent malgré tout à une retraite digne, en les replaçant auprès d’adoptants qui souhaitent leur donner une seconde chance.

À les voir gambader allègrement dans la cour du refuge, on ne se doute pas forcément qu’ils ont déjà tous plusieurs années d’existence derrière eux. La question de l’avenir des animaux d’âge mûr que les maîtres ne peuvent plus garder est d’autant plus problématique que leur espérance de vie a augmenté ces dernières décennies. On doit notamment ce changement aux progrès de la médecine vétérinaire, à une alimentation plus pointue et aux soucis des propriétaires d’apporter les meilleurs soins possibles à leur compagnon.

Un lien unique
Mais qui dit animaux âgés ne dit en aucun cas engagement au rabais! «La relation qu’on développe avec eux est certes plus courte dans la durée, mais beaucoup plus intense qu’avec un jeune animal, souligne Marina Tami, présidente de l’association. Peut-être est-ce dû à la conscience du temps limité qu’on pourra partager ensemble? Nous avons des personnes qui reviennent systématiquement adopter un nouveau compagnon chez nous.» Opter pour un chien d’un certain âge permet en outre de recueillir un animal déjà éduqué: certaines personnes n’ont en effet pas forcément du temps et de l’énergie à dépenser pour l’éducation d’un chien ou d’un chat.

S’étant consacrée à ses débuts uniquement aux chiens, L’Oasis des vétérans accueille désormais des chats depuis 2015. L’an dernier, une centaine de canidés et une trentaine de félins ont ainsi trouvé un nouveau foyer. Si le nombre d’animaux recueillis est relativement stable, la structure a vu ces dernières années une nouvelle tendance se dessiner. «Il y a une nette inversion au niveau du type de races qu’on reçoit, relève Marina Tami. Auparavant, nous prenions en charge principalement des chiens de petite taille, qui convenaient particulièrement à notre clientèle. Ces derniers temps, on nous contacte très régulièrement pour replacer de grands chiens. Ces derniers trouvent plus difficilement un nouveau foyer. Nous n’arrivons plus à satisfaire toutes les demandes d’adoptants pour de petites races.» Avec les possibilités offertes désormais par les réseaux sociaux notamment, on peut supposer que la majorité des propriétaires de chihuahuas, bichons maltais et yorkshires, entre autres, se chargent eux-mêmes de replacer directement leur compagnon, sans passer par une structure du type refuge ou association.

Prendre en compte son vécu
Choisir d’offrir une seconde chance à ces animaux âgés, plutôt que de débuter une nouvelle histoire avec un jeune animal, n’a rien d’anodin. Ceux-ci ont en effet tout un vécu derrière eux. Sans compter que, plus l’âge avance, plus le risque est grand que l’animal soit atteint dans sa santé, engendrant soucis multiples et frais vétérinaires pour le nouveau propriétaire. «Nous avons beaucoup de demandes d’adoption qui proviennent de personnes d’un certain âge, indique Marina Tami. Elles souhaitent acquérir un animal, mais craignent de ne pas pouvoir l’assumer jusqu’à la fin de son existence, si elles venaient à décéder. Un chat peut en effet vivre une vingtaine d’années.» Ces derniers temps, l’association a tout de même constaté une recrudescence des demandes de personnes plus jeunes.

Si le geste relève en premier du coup de cœur, le bien-être de l’animal ne doit pas être oublié. Un chien senior qui a déjà certaines habitudes aura en effet plus de difficultés à s’adapter à un mode de vie radicalement différent. «Pour L’Oasis des vétérans, il est important que la famille d’adoption puisse offrir à chaque animal un cadre et un rythme de vie qui correspondent à ceux auxquels il était habitué», reconnaît Marina Tami.

+ D’infos www.oasis-des-veterans.org

Texte(s): Véronique Curchod
Photo(s): François Wavre/Lundi13

Une espérance de vie variable

On considère qu’un chat devient un senior vers l’âge de 10 ans. Pour le chien, cette étape se situe vers 5 ans pour les grandes races et 8 ans pour les petites. Plus il est petit, plus longue est son espérance de vie: un chien de moins de 10 kg peut escompter vivre jusqu’à 12 à 15 ans, un chien moyen de 10 à 25 kg jusqu’à 10 à 12 ans et un grand chien de 25 à 45 kg jusqu’à 8 à 10 ans. Le chat a quant à lui une longévité de 15 à 20 ans. Il s’agit naturellement de moyennes, les disparités individuelles étant nombreuses en fonction du cadre de vie, de l’alimentation et de la génétique, notamment.

«Recueillir un chien âgé est devenu une évidence pour nous»

«Mon mari et moi venons d’adopter Sam, un chien croisé border collie de 12 ans, explique Geneviève Greiner-Schmidli, de Saint-Cergue (VD). Même s’il a des soucis de santé – il sera prochainement opéré des ligaments du genou –, il a le droit de passer ses dernières années de vie dans un foyer aimant. On ne sait quasi rien de son passé, excepté que son propriétaire a dû s’en séparer lors de son entrée en EMS, mais on s’adapte. Sam est notre quatrième adoption en provenance de L’Oasis des vétérans. Et certainement pas le dernier! Déjà éduqués et sociabilisés, ces chiens sont particulièrement adaptés à notre rythme de vie, plutôt calme. Même s’il est dur de savoir que ces animaux vont partager peu d’années avec nous, l’intensité de la relation est si forte qu’elle compense sa durée réduite.»