Le jardin du futur sera-t-il synthropique?

Initiée sous les tropiques, cette forme de culture densifie par les coupes, dans une dynamique où diversité et fertilité se renforcent mutuellement.
11 octobre 2025 Charline Daujat
© Sigfredo Haro
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La synthropie est un mot encore peu connu chez nous, mais qui ouvre une nouvelle manière d’aborder le jardin. À l’inverse de l’entropie, qui décrit le passage du complexe vers le désordre, la synthropie va du simple vers le complexe, dans le sens de l’organisation et de la vie.

Appliquée au jardin, elle se traduit par une compréhension fine des processus naturels et par l’idée que, si l’on accompagne ces dynamiques, l’abondance finit toujours par se manifester.

Expérimentations en zone tropicale

Ce concept a été initié au Brésil par Ernest Götsch il y a quarante ans et s’est largement développé dans les zones tropicales et subtropicales depuis. Là-bas, les résultats sont spectaculaires: en imitant la forêt et ses successions végétales, les parcelles deviennent luxuriantes et productives, tout en recréant des sols riches et vivants.

Dans nos climats plus tempérés, il s’agit d’adapter ces principes, en tenant compte de la saisonnalité et des espèces locales, mais l’esprit reste le même: aller dans le sens du vivant plutôt que de le contraindre.

Densifier les cultures

Concrètement, la synthropie repose sur une densification volontaire des cultures. Le jardin ressemble parfois à une petite jungle, où tout semble trop serré, mais ce n’est pas un hasard: plus on plante, plus on taille, plus on génère de la biomasse, et moins on a besoin d’arroser. Chaque coupe, appelée «perturbation», ne vise pas à éliminer, mais à nourrir.

Les résidus, déposés au sol, stimulent la vie du sol, retiennent l’humidité et nourrissent les plantes. Contrairement à une simple couche de paille, cette couverture est vivante, composée de plantes en place qui continuent d’occuper l’espace et de photosynthétiser, apportant sans cesse de l’énergie et de la matière.

Pas simple à mettre en oeuvre

Le concept d’association des plantes est lui aussi central. On cherche à installer différentes strates végétales, comme dans la nature: certaines espèces profitent de l’ombre, d’autres du plein soleil, certaines se développent vite et préparent le terrain, d’autres s’installent sur la durée.

Pour favoriser cet équilibre, on met en place des «interlignes» de biomasse: des plantes riches en azote, comme la consoude, côtoient des espèces plus carbonées, comme le saule en fin de saison. Chaque intervention est planifiée en fonction des pluies ou d’un arrosage, car l’eau est indispensable après une perturbation pour relancer la croissance. Après ces coupes, les plantes réagissent par une poussée de croissance spectaculaire: c’est ce qui s’appelle le «saut du chat».

La mise en œuvre de la synthropie n’est pas simple. Elle demande une réflexion complexe, «scénarisée»: choisir les bonnes plantes, les installer au bon endroit et au bon moment, savoir quand stimuler ou perturber pour que la succession se déroule harmonieusement. Même si nous ne pratiquons pas (encore?) cette approche, elle inspire déjà de nombreux jardiniers.

Les conseils de Charline Daujat

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Graines de tomates

Récupérez la pulpe et les graines d’une variété de tomate dans un petit récipient et laissez fermenter trois à quatre jours: une moisissure blanche va se former à la surface, signe que la fine enveloppe gélatineuse entourant les graines, vectrice de maladies, s’est décomposée. Rincez ensuite les graines à l’eau claire dans une passoire, puis laissez-les bien sécher sur une assiette avant de les stocker dans un sachet.

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Fleurs de CBD

Ces plantes ont besoin de beaucoup de lumière et d’un arrosage régulier, sans excès, pour bien former leurs têtes. La récolte se fait quand la majorité des pistils brunissent et que les trichomes prennent une teinte laiteuse: c’est à ce stade que la teneur en cannabinoïdes est optimale. Les fleurs doivent ensuite être séchées lentement dans un endroit aéré et à l’abri de la lumière pour conserver leurs arômes et leurs propriétés.

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Courges dans le compost

Il n’est pas rare de voir surgir de vigoureux plants de courge dans un tas de compost. Ils proviennent souvent des graines jetées à l’automne précédent avec les restes de préparation. Bien nourris par le compost, ces plants se développent à merveille. Impossible toutefois de savoir à l’avance de quelle variété il s’agit: la plupart du temps, ce sont des croisements spontanés. Qu’importe, les fruits obtenus restent comestibles.

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